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Critiques de Emmanuelle Bessot (24)
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Celui-qui-doute

C'est à la rencontre entre savoir et croire, entre la tradition et la modernité, entre la science et l'insaisissable que nous invite ici Emmanuelle Bessot. Le livre pourrait presque se classer comme un essai tant les apports de connaissance sont riches, en anthropologie comme en sociologie des Indiens d'Amérique, en philosophie comme en paléoanthropologie.



Heureusement l'auteure n'abandonne pas en chemin son projet romanesque, car elle se base sur un personnage fort, rempli des doutes de sa double identité, au croisement des cultures européennes et amérindiennes qui se sont affronté à la création des Etats Unis d'Amérique. Même si on ne sait que peu de choses au départ de ce héros, le rite initiatique qu'il va vouloir retrouver nous permettra de redécouvrir avec lui son histoire. La double culture est très bien rendu par le passage entre des moments de poésie au sein d'une nature onirique et des moments plus terre à terre de connaissance pure. Les passages oniriques provoqués par la transe ont parfois failli être trop lourds et longs mais l'auteure a su s'arrêter juste au moment où l'esprit de son lecteur risquait de vagabonder lui aussi hors de l'histoire pour le ramener sur terre avec les enseignements scientifiques. On ne ressent que mieux par ce biais les sentiments de libération du corps vécus par le héros et ses retours au concret qui les suivent.



La fin est vraiment réussie également, avec des perspectives on l'espère pas trop utopiques d'une nouvelle vitalité pour cette culture amérindienne si riche et si essentielle à l'heure où une grande partie de la population mondiale est amenée par les catastrophes écologiques à questionner son rapport au vivant mais aussi à toute la Terre nourricière qu'elle n'a pas su préserver pour sa descendance.
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Dans les brumes d'Alésia

Hey



Chronique du jour...bonjour !



SP partenaire



En mode polar



Swipe pour ma chronique



Merci Alter Real pour ce SP



Une belle découverte.



Zia & Alice deux héroïnes atypiques pour résoudre une enquête en apparence simple mais qui s'annonce bien plus complexe et dangereuse. J'ai adoré ce duo improbable mais aussi touchant par leur handicap respectif. Pour moi, c'est le point fort de ce polar.



Une belle plume chez Emmanuelle Bessot avec beaucoup de fluidité mais j'ai trouvé dommage certaines longueurs & répétitions. J'ai compris que l'auteure souhaitait apporter de la matière aux héroïnes mais parfois cela m'a semblé long et sans réel ajout à l'histoire de départ. L'intrigue est bien ficelée surtout que le point final est assez inattendu. Au départ, je me suis montrée sceptique mais la chute reste cohérente avec toute l'enquête.



Mon verdict : un bon polar avec un suspense total jusqu'à la dernière ligne.
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L'ombre des tilleuls

Les Tilleuls, c'est une résidence paisible de 16 appartements dans la belle ville de Novi Sad sur le Danube en Serbie, mais les faits qui s'y déroulent sont loin d'évoquer une tisane pour dormir.

Le commandant de police Pavel et son équipe de zélés fonctionnaires vont avoir fort à faire pour démêler un écheveau de fils où s'entremêlent des histoires de fantômes, des souvenirs 20 années auparavant de l'intervention militaire des troupes de l'OTAN dès le 24mars 1999 lors de la guerre du Kosovo, des histoires de voisinage et de vengeance tardive aussi.

L'intrigue nous met tout de suite devant le cadavre d'une suicidée bien mystérieuse et de ses dernières volontés et menaces à venir. Puis des meurtres en série se succèdent , certains maquillés en suicides, resserrant le noeud final jusqu'à la découverte de l'assassin et de ses motivations réelles.

L'attention du lecteur et ses capacités de déduction sont fortement mobilisées et j'aurais souhaité une page récapitulative de tous les noms de personnes occupantes des appartements avec leur famille pour ne pas m'y perdre car cela donne avec tous les protagonistes une cinquantaine de noms et prénoms à garder en mémoire.

Belle occasion de nous souvenir d'une guerre trop tôt oubliée et restée dramatique et injuste pour les civils bombardés et terrifiés par leurs alliés.

La lecture est agréable, le ton cherche du côté d'Agatha Christie dans le quasi huis-clos d'un immeuble, ou de Conan Doyle pour les enquêteurs prompts à se taquiner avec leurs raisonnements partagés en forme de boutades.

Bon polar dense et complexe avec, si l'on retourne en arrière, des petits indices à ne pas louper.
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Celui-qui-doute

Alors que le héros se demande s'il doit suivre les traces de ses ancêtres Lakotas ou au contraire poursuivre son chemin auprès des citoyens américains parmi lesquels il a grandit, ses questions le conduisent à réfléchir sur les origines de l'Homme. Mais l'auteur va plus loin et mène une véritable enquête sociologique et anthropologique au travers d'un héros en quête d'identité. En effet, outre l'évolution des primates, Emmanuelle Bessot met en avant l'impact de l'Homme sur la Terre et les autres espèces, n'hésitant pas à comparer le mode de vie des chimpanzés au notre dans le fonctionnement des relations sociales et dans l'adaptation au milieu...



L'écriture est de qualité, le sujet est maîtrisé. L'auteur met en avant différentes théories de l'évolution pour amener à une interprétation que chacun prendra comme il le souhaite. le texte est vraiment magnifique de poésie mais je pense que les termes scientifiques pourraient perdre certains lecteurs, de même que les nombreuses descriptions et les détours pris par le narrateur pourraient sembler alourdir le texte. Cependant il serait dommage de passer à côté d'un roman de cette qualité, original et unique.



Je remercie Babelio et les éditions Yovana pour cette lecture.
Lien : https://sirthisandladythat.w..
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Dans les brumes d'Alésia

Bonsoir,

Un polar Editions Alter Real ce soir « Dans les brumes d’Alesia » de Emmanuelle Bessot. Un duo étonnant une jeune flic qui après un accident se retrouve handicapée, difficultés à se déplacer (ce qui implique cannes et fauteuil roulant) et une jeune civile autiste qui a une mémoire formidable et est capable de voir ce que vous ne voyez pas ! Un policier certes mais aussi sur l’acceptation de la différence quelle qu’elle soit. Un plaisant moment de lecture, une intrigue bien ficelée.



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Celui-qui-doute

J'ai adoré tout ce qui traite du chamanisme et de la culture amérindienne, mais je n'ai pas accroché au mélange chamanisme-science et théorie de l'évolution.



Dans ce roman, on suit le parcours initiatique d'un jeune homme mi-américain, mi-indien. Arrivé à l'âge adulte, celui-ci se met à douter de qui il est, commence à se poser des questions sur ses origines, mais plus encore sur l'origine de l'Homme, ce qui l'empêche d'avancer dans sa vie. Il décide alors de repartir auprès de sa tribu d'origine, les Lakotas, afin d'y vivre le rite initiatique des chamans. Après s'être isolé dans une grotte en plein désert, sans nourriture ni quoi que ce soit d'autre, il commence son introspection en attendant la venue des visions qui lui permettront de rentrer en comunication avec son animal totem et, l'espère-t-il, d'avoir une réponse à toutes ses questions...



J'étais super emballée à l'idée d'en découvrir plus sur les Lakotas, leurs origines, leurs traditions, leur façon de vivre, leur Histoire, le chamanisme... tous ces passages ont d'ailleurs tenu leurs promesses et j'ai vraiment bien accroché au style et la plume de l'auteure. Cependant, l'autre facette du roman m'a déçue et a rendu ma lecture plus difficile et beaucoup moins attrayante. En effet, ces items ne représentent malheureusement qu'une petite partie du roman. Au bout de quelques pages, l'histoire prend un tournant totalement inepte pour moi, celle de la théorie de Darwin qui voudrait que l'Homme descende du singe. Quel rapport avec les Indiens et le chamanisme me direz-vous ? Eh bien, c'est la question que je me suis moi-même posée, je vous l'avoue. Je n'ai pas compris ce mélange improbable, surtout quand on parle de chamanisme, et donc de personnes en communication avec les esprits de la nature et le Grand Tout Divin, à l'opposé de nos théories scientifiques totalement absurdes.

Je reste donc un peu sur ma faim, frustrée que l'auteure n'ait pas assez développé la partie amérindienne et chamanique, mais ait à l'inverse fait le choix de l'utiliser comme base pour développer des théories fumeuses et non prouvées. C'est vraiment dommage, vu son talent de conteuse, car c'est l'histoire de ces indiens métissés que l'homme blanc a maltraités en les privant de leurs terres, en les volant, en leur interdisant de vivre selon leurs traditions, de perpétuer leurs rites... que l'on aurait aimé suivre, et enfin la prise de conscience de ce jeune homme qui, malgré le lavage de cerveau subi, ne se sent pas entier sans retourner à la source de ses origines et de vivre en communion avec la nature, à la manière de ses ancêtres.



J'espère de tout coeur que l'auteure nous offrira un jour de découvrir cette histoire, sans intervention de la science qui, pour moi, n'a rien a faire là-dedans.


Lien : http://cocomilady2.revolublo..
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Celui-qui-doute

Un extraordinaire voyage au pays des Iakotas avec une approche surprenante de l'auteure qui m'a comblé par la précision et la justesse des détails qu'elle nous apporte. L'angle choisi est novateur et nous permet de nous déplacer avec aisance dans cet univers que pour ma part, je ne connaissais pas.

Ce n'est pas un roman... pour moi c'est plus qu'un roman. Une aventure, une découverte, une fabuleuse découverte
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Celui-qui-doute

A la lecture de ce roman, j'ai été agréablement surprise ! je suis subjuguée par la richesse des descriptions à la fois des sentiments ressentis par le héros, comme par les descriptions des "décors" et surtout je félicite l'auteure qui a dû s'investir à fond dans les recherches sur l'origine de l'homme afin de nous faire partager cette "théorie". Malgré un sujet je dirais "compliqué", elle a su nous le faire découvrir d'une façon agréable !
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Celui-qui-doute

A l'heure de rédiger mon petit commentaire, comme je m'y suis engagé dans le cadre de ma 2ème Masse Critique, j'ai la bête impression de m'être un peu fourvoyé dans le choix de ce roman...

Moi qui espérais voyager sur les terres sauvages des indiens Lakotas, et découvrir plus avant leurs coutumes ancestrales et leur spiritualité, j'ai sans doute lu un peu vite la quatrième de couverture et négligé l'autre facette de ce livre : celle de l'enquête anthropologique et de l'exposé un peu austère des diverses théories relatives à l'évolution de l'espèce humaine.

Hélas, c'est bien cette seconde facette qui a fini par prendre le pas sur le reste, et qui m'a rendu cette lecture un peu fastidieuse... Adieu mon valeureux Sioux, mes légendes sacrées et mes étendues sauvages, et bienvenue en cours de sciences naturelles, option paléontologie.



Tout démarrait pourtant bien, le style très imagé d'Emmanuelle Bessot est propice à l'évasion, et l'histoire m'a d'emblée paru originale : un jeune Américain se retire sur la terre de ses ancêtres Lakotas pour renouer avec ses origines, entreprendre une retraite spirituelle à la recherche de Wakȟáŋ Tȟáŋka, le "Grand Mystère", la divinité vénérée de son peuple.

Commence alors une longue pèriode de jeûne et de méditation durant laquelle notre héros, en transe hallucinatoire, va rencontrer son totem et lui poser l'unique question qui semble l'obnubiler : "Comment, ou plus exactement pourquoi, un primate est-il un jour devenu Homme ? Quel coup de baguette magique a bien pu lui insuffler cette once d'humanité qui le différencie des autres créatures terrestres ?"

Certes, cette interrogation n'est pas dénuée d'intérêt, mais la place qu'elle occupe dans le roman est démeusurée, et le jargon scientifique, bien que facilement compréhensible, devient vite rébarbatif (d'autant que l'auteur ressasse sous diverses formes un nombre de données ethnologiques ou anthropologiques finalement assez restreint).



Le lecteur joue au yoyo entre les phases délirantes et fantasmagoriques du narrateur, et les chapitres quasi-didactiques sur Toumaï, Lucy et nos lointains cousins australopithèques... On finit même par se demander en quoi la bipédie des homonidés tanzaniens préhistoriques peut passionner à ce point le narrateur : à mon avis la juxtaposition des deux univers, qui aurait pu faire tout l'originalité du roman, est ici un peu malheureuse.



Dommage, je ferai en sorte d'être plus vigilant lors de la prochaine Masse Critique ! Bien entendu, cela ne m'empêche en rien de remercier Babelio et les éditions Yovana pour l'envoi de ce livre, dont j'ai par ailleurs beaucoup aimé la mise en page, le format et la police d'écriture !
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Celui-qui-doute

La science et la tradition se mêlent pour nous donner à lire un livre étrange, une quête d'identité qui n'est pas seulement celle du personnage central, fils de la nation sioux lakota mais celle de tout homme qui cherche à connaître d'où il vient pour savoir où il va. A travers un voyage initiatique et onirique où la poésie est présente, l'auteur rappelle les pistes qui conduisent à nos origines et propose une interprétation. Dans notre monde matérialiste et dispendieux des richesses naturelles il est bon de se pencher sur la question fondamentale de la relation de l'homme avec la terre qui lui a permis de naître et de vivre.
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L'ombre des tilleuls

Ahahah ! Troisième titre d’Emmanuelle Bessot. Un polar, un vrai : Et c’est très drôle puisque j’écrivais à la suite de ma lecture de son deuxième roman, "Les liens décents" : « (...) chose remarquable : Emmanuelle réussit à mener des histoires finalement plutôt banales avec des personnages intègres tout en ménageant un bon suspens ! Eh bien ce n’est pas si courant dans les fictions de ne pas avoir recourt à la noirceur et à la manipulation pour maintenir la tension dramatique. Elle, elle y arrive et c’est à mettre à son actif. » Là, elle a mis le doigt dans le pot de confiture : il y a plein de morts toutes plus atroces les unes que les autres ! Mais c’est très réussi aussi. C’est ça le talent ! Et là encore il y a une partie didactique qui, cette fois, nous fait découvrir ce qu’a été l’offensive de l’OTAN sur la Serbie en 1999 pour les habitants de la deuxième ville du pays, Novi Sad, située au nord de Belgrade.

Une chose est sûre, j’espère bien qu’il y aura un 4e, puis un 5e, puis, etc. !
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L'ombre des tilleuls

Un grand merci à Babelio et aux éditions du Citron bleu pour m'avoir permis de découvrir « L'ombre des Tilleuls » d'Emmanuelle Bessot, dans le cadre d'une opération masse critique.

Cette lecture me laisse une impression mitigée : le contexte de ce roman policier, qui se déroule à Novi Sad, en Serbie, est singulier et émouvant, mais l'intrigue ne m'a pas convaincu.

La force de ce roman est l'évocation du bombardement de cette ville, au printemps 1999, par l'OTAN. Pour écrire mon propre roman, j'avais fait des recherches sur cette frappe de l'OTAN contre la Serbie de Milosevic et ses « dégâts collatéraux », pour justifier les remords d'un pilote de la coalition. Emmanuelle Bessot adopte, avec compassion, le point de vue des habitants de Novi Sad. Elle évoque avec justesse leur angoisse, la panique, la colère et l'incompréhension, alors que les bombardements commencent. 22 ans après, les personnages sont d'abord caractérisés par ce qu'ils faisaient alors, par leurs séquelles, leurs traumatismes, leurs souvenirs déformés et leurs rancunes.

Quelle bonne idée de bâtir sur ce passé trouble une intrigue qui débutait de manière captivante ! Même si la vengeance d'outre-tombe, promise dès les premières pages, me laissait sceptique, j'étais curieux de voir quel dénouement crédible l'auteur inventerait.

Malheureusement, Emmanuelle Bessot propose une intrigue inutilement compliquée, multiplie les rebondissements et les crimes. Les confusions d'identités trompent le lecteur (et je ne parle pas que des noms serbes), mais ne résisteraient pas à une mise en images. Les policiers qui mènent l'enquête semblent des anti-héros, toujours dépassés par les événements et pariant encore sur l'identité de l'assassin, quand celui-ci est dénoncé par un tiers.

Et à ce moment, le lecteur est aussi perdu qu'eux ! Bien que l'auteur propose une relation des faits avec différents points de vue, y compris celui du criminel, pour expliquer les raisons d'agir et essaimer les révélations, la résolution de l'énigme est trop tortueuse pour être convaincante.

Le style est fluide mais inégal : des sentiments bien traduits, des peintures de coucher de soleil lourdement poétiques et des métaphores maladroites. Il m'a manqué des descriptions de lieux, peut-être des ambiances et surtout des didascalies pour certains dialogues entre 4 ou 5 personnages.
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Les liens décents

J’avoue que j’ai terminé ce livre voilà deux semaines, mais j’étais incapable d’écrire une critique tout de suite, à chaud. Ce roman m’a interrogé, m’a poussé à me poser bien des questions. La lecture a été, en quelque sorte, comparable à la dégustation d’un mets que l’on croit connaître mais qui, quand on avale bouchée après bouchée, se révèle être plus riche que prévu au niveau des goûts, plus inattendu, plus déconcertant, à tel point d’ailleurs que l’on se pose la question si l’on l’apprécie ou pas. J’ai préféré laisser « décanter » mon expérience pour pouvoir vous en parler de façon plus distanciée. En revanche, permettez-moi d’afficher tout de suite la couleur : ma première impression quand j’ai refermé ce livre (impression très positive) n’a été que renforcée par ce processus. C’est un livre très intéressant, très bien écrit, très bien pensé, très bien construit, que je ne peux que recommander.



De quoi parle-t-il ? Plusieurs fils sont abordés, plusieurs tranches de vie se racontent à travers les prismes de divers protagonistes, dont le principal est Sébastien Gauthier, la trentaine finissante, architecte. Sa vie somme toute bien rangée et tranquille quoique sans grand bonheur vient d’être bouleversée par la mort accidentelle de sa sœur aimée – il en a été très et complice – et de son beau-frère. Cet événement déclenche plusieurs autres bouleversements. Sébastien décide de demander la tutelle de son jeune neveu Julien Dubourg, avec qui il a noué un fort attachement depuis son plus jeune âge. Il fait aussi son coming-out, repoussé d’année en année, auprès de ses parents, qui réagissent extrêmement mal. Dans le roman, nous suivons donc le dossier de Sébastien auprès de la juge des tutelles, Clémence Beaumarchais, avec plusieurs rebondissements qui, à chaque fois, créent la surprise et, je l’avoue pour ma part, pas mal d’angoisse.



Parallèles à cette histoire sont d’autres fils narratifs, qui se nouent et s’entremêlent avec cette intrigue principale, à savoir les récits secondaires de certains amis de Sébastien, dont (entre autres) celui de sa meilleure copine Annie, qui fait une rencontre amoureuse ; ou celui de Jacques, médecin (de campagne, l’on suppose) à la retraite, qui a été marié et père de plusieurs enfants jusqu’à ce que sa femme le pousse à assumer son homosexualité ; ou encore celui de Christophe et Guillaume, couple marié et qui attend un enfant d’une mère porteuse (belge puisque ce procédé n’est pas légal en France). Tous ces protagonistes se côtoient au sein d’une association LGBTQ bisontin, Nouvel Esprit.



Présenté succinctement comme ça, le contenu de ce roman ne paie pas de mine, mais j’admets volontiers que je vous cache bien des rebonds et contrecoups, certains tragiques, tous vraiment très inattendus et qui font de ce livre presque un livre à suspense. Un grand bravo pour l’auteure pour son imagination fertile, qui pourtant ne fait jamais virer son histoire dans l’impossible, ni même dans l’implausible, si j’ose dire. Les situations semblent avoir été prises dans le vif, vécues. De même les caractères, même aux moments de leurs décisions les plus incongrues, sont vivants, attachants, crédibles, et donnent l’impression d’avoir été « photographiées » ou du moins recopiées sur des personnes existantes. Ceci combiné au grand talent d’écriture de l’auteure font toute la force de ce roman. Il est toujours plaisant de sentir autant de bienveillance de la part d’un(e) écrivain(e) pour ses personnages, une telle égalité dans leur traitement sans jugement, mais avec une belle et saine distance. Que dire si ce n’est des louanges des sublimes passages descriptifs qui non seulement démontrent une âme poétique mais aussi l’attachement profond et palpable de l’auteure pour sa région (je me suis soudain découvert une grande envie de visiter la Franche-Comté, que j’avoue honteusement ne pas encore connaître du tout). J’ai aussi beaucoup aimé la technique de juxtaposer récit romanesque et courts passages d’introspection des uns et des autres sous forme d’auto-analyse, façon « visite chez le psy ».



J’aimerais enfin revenir sur le goût étrange que j’ai pu ressentir sur ma langue après lecture de ce livre et qui m’a empêché de vous livrer ma critique plus rapidement. Oui, certaines histoires dans ce roman ne se terminent pas bien. Voilà, c’est dit. D’autres ne se terminent pas comme je l’aurais souhaité, moi. La réflexion de certains protagonistes notamment sur leur homosexualité m’a presque heurtée car je trouvais la teneur douloureuse, négative, pessimiste. Puis je me suis souvenu que j’ai vécu le gros de ma vie de gay dans le doux anonymat de deux capitales, avec tous les avantages que ça peut avoir pour nous les gays. Je me suis souvenu que, malgré cet environnement sûrement plus propice à notre épanouissement (et encore, ça se discute certainement), j’ai pu rencontrer des gays au parcours et à l’acceptation difficiles et ambigus. De ça ont découlé d’autres questionnements que je ne vais pas étaler ici mais qui m’ont finalement amené à me dire : j’ai apprécié ce roman, non, soyons honnête, je l’ai vraiment beaucoup aimé. Je ne savais pas dans quelle aventure Emmanuelle Bessot allait m’embarquer ; j’ignorais qu’elle allait me faire réfléchir autant et me faire questionner mes propres réactions (les deux élans sont toujours positifs et bénéfiques), donc : merci.
Lien : http://livresgay.fr/les-lien..
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Celui-qui-doute

Voilà bien un roman tout à fait atypique !

J’ai été très impressionnée,- et le mot est faible- autant par l’écriture, dont j’ai envié la qualité, tant elle donne l’impression que tout coule de source, que par la masse d’informations contenues dans la cervelle de l’auteur que je goûterais bien, histoire d’évoluer. ;)

Scientifique et littéraire, voilà deux casquettes portées avec autant de maitrise. D’un côté le talent du romancier, dans ses descriptions d’un paysage ou d’un état, de l’autre celui du scientifique lorsqu’il s’agit de défendre sa thèse, ou d’expliquer les origines humaines.

J’ai vraiment été séduite par l’imagination et la beauté des mots. Le vocabulaire est très riche, l’auteur décrit à merveille les lieux, la nature, les sentiments.

Certes, au fil de la lecture, j’ai à un moment eu le sentiment de passer du roman littéraire au roman scientifique, mais le virage s’est fait en douceur et j’ai trouvé très enrichissant de passer d’une monture à une autre.

J’ai vraiment apprécié cette aisance entre l’œuvre romancée et la vulgarisation du travail scientifique, la façon minutieuse et précise dont l’auteur s’approprie un domaine et en domine chaque problématique.

Il existe une telle profusion de connaissances entre ces pages (que l’on sent maitrisées), une passion véritable pour des domaines méconnus (en tout cas je pense pour la plupart d’entre nous)! Tout cela servi par un style clair et agréable, aisément compréhensible par la novice que je suis, qui ne possède pas les connaissances.

La théorie est intéressante, tout aussi plausible qu’une autre. Jusqu’à preuve du contraire, elle tient la route et mériterait d’être plus largement diffusée.

J’encourage vivement les talentueux “novices” à s’exprimer également pour faire entendre leur voix au milieu des puissants. Y en a marre de ces églises où ce sont toujours les mêmes qui se bouffent les hosties : les mêmes, sans doute, qui partaient dans leur coin avec le crâne de l’ennemi pour faire bombance! ;)

Pour conclure, cela a été, pour moi, une belle découverte du monde de nos ancêtres, précisément étudié, de celui des Lakotas, que j’aurais eu plaisir à découvrir encore davantage et, avant tout, d’une écriture que j’ai trouvée très belle, harmonieuse et riche.
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Celui-qui-doute

Merci à Babelio et aux éditions Yovana pour l'envoi de ce roman !



Dans cette histoire, nous suivons un jeune homme fils d'un lakota et d'une américaine. Perdu entre deux identités (celle des lakotas proches de la nature et spirituels) et celle de l'homme blanc ("rationnel" et scientifique), notre jeune héro va partir en quête de vérité pour savoir de quel "côté" il appartient réellement.



C'est un roman très sociologique et anthropologique, et suivant actuellement une formation en sciences sociales j'ai retrouvé pleins de théories et de vocabulaires appris durant mes années d'études. On sent que l'auteur connait très bien son sujet et j'ai beaucoup apprécié en apprendre plus sur la culture des lakotas, étant très intéressée par tout ce qui touche aux amérindiens.



Néanmoins j'ai ressenti pas mal de longueurs à la lecture de ce roman. L'auteur se perd en description et en interprétation philosophique, et mon intérêt pour cette histoire a été difficilement maintenu. J'ai eu beaucoup de peine à avancer dans ma lecture, ce qui fait que ce roman ne m'as pas plus transcendé que ça.



Néanmoins j'admets que c'est un ouvrage très documenté avec une véritable réflexion sociologique derrière. Je n'ai juste pas accroché plus que ça!

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Les liens décents

J'ai suivi avec beaucoup de plaisir les (més-)aventures de Sébastien, de Julien, d'Annie et des autres, si justement décrits! J'ai été très attachée à l'écriture fluide, stylisée et alerte d'Emmanuelle Bessot. Les lumineuses citations en exergue de chaque chapitre sont éclairantes!

Le récit se cristallise autour d'une galerie de personnages ainsi que de nombre de sujets délicats et si combien universels: le poids du regard social, des préjugés, des convenances, des normes sur les personnes considérées comme fondamentalement différentes (les personnes homosexuelles, notamment), le long cheminement menant vers l'acceptation de soi, le parcours du combattant livré par Sébastien pour obtenir la tutelle de Julien, etc.

Que c'est regrettable que nous ne puissions pas tou.te.s être accepté.e.s tel.le.s que nous sommes et que les différences ne soient toujours pas perçues comme une source d'enrichissement mutuel!



Vivement le prochain roman poétique et social d'Emmanuelle Bessot!

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Les liens décents

Deuxième roman d’Emmanuelle Bessot qui est l’autrice de "Celui qui doute" publié chez Yovana. Ici, Dans "Les liens décents", elle nous a concocté une histoire autour de l’homosexualité et de sa place dans la société contemporaine française. La thèse avancée c’est qu’il y a autant de forme d’amour, d’affection et de relation qu’il y a de couples, et c’est plutôt bien réussi !

Elle a gardé son style qui oscille en permanence entre la parole didactique et les évocations poétiques un peu sophistiquées mais ça coule très bien, sans prétention mais avec efficacité. Et, chose remarquable : Emmanuelle réussit à mener des histoires finalement plutôt banales avec des personnages intègres tout en ménageant un bon suspens ! Eh bien ce n’est pas si courant dans les fictions de ne pas avoir recourt à la noirceur et à la manipulation pour maintenir la tension dramatique. Elle, elle y arrive et c’est à mettre à son actif !
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L'ombre des tilleuls

J'ai déjà quitté. Quand on ne veut plus prendre le même chemin, quand la déception, la lassitude, quand la fadeur, quand ça devient beige et sans saveur, sans surprise.

Je suis du genre à aller au bout. Pour l'expérience, pour pouvoir être juge -impartiale. Mais il y a tant de choses à vivre, d'émotions à ressentir, d'autres pages à engloutir, que j'ai abandonné. Honteuse et déçue.

L'ombre des tilleuls, c'est mon mauvais date Tinder : une couverture qui en jette assez, une présentation curieuse et séductrice, de quoi titiller ce qu'il faut pour tenter. Et puis la vérité tranchante du réel...



Parfois, ça matche pas.
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Celui-qui-doute

Nous voici, avec « Celui qui doute » d'Emmanuelle Bessot, face à un roman anthropologique ! « Hommage à la culture lakota et troublante enquête anthropologique sur nos origines, Celui-qui-Doute nous entraîne dans une épopée haletante à travers les continents et les âges. » nous éclaire l'éditeur.

Et en effet, Emmanuelle Bessot nous invite à découvrir ce qu'est le peuple lakota au 21e siècle. Pour cela, elle nous entraîne sur les pas d'un jeune américain, Lakota par son père et Anglo-américain par sa mère.

Pour tenter d'y voir plus clair en lui même et de répondre à une question quasi-métaphysique sur l'origine de l'Homme, sur le chaînon manquant, ce jeune homme se lance donc dans cette quête des visions. Et le récit qu'Emmanuelle Bessot nous en fait est tout à la fois très poétique, onirique, et didactique… C'est là toute l'originalité de ce roman. Une fois que le lecteur a compris qu'il va voyager au pays de la connaissance tout en traversant le pays des récits de vie, il se laisse porter par la feuille de sauge, magnifique tapis volant de cette histoire !

Au delà de la quête initiatique, Emmanuelle Bessot tricote patiemment une théorie. Une théorie sur l'origine de l'Homme qui, tout bien réfléchi, n'est pas absurde du tout et même très intéressante !

A lire donc !
Lien : http://versionlibreorg.blogs..
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Celui-qui-doute

Nous voici, avec « Celui qui doute » d’Emmanuelle Bessot, face à un roman anthropologique !

« Hommage à la culture lakota et troublante enquête anthropologique sur nos origines, Celui-qui-Doute nous entraîne dans une épopée haletante à travers les continents et les âges. » nous éclaire l’éditeur.



Et en effet, Emmanuelle Bessot nous invite à découvrir ce qu’est le peuple lakota au 21e siècle. Pour cela, elle nous entraîne sur les pas d’un jeune américain, Lakota par son père et anglo-américain par sa mère.

« Oui, pourquoi suis-je ici, concrètement ?

Je suis ici, disons, pour une quête personnelle. Un requête, plus exactement. Je suis là pour rencontrer Wakháŋ Tháŋka, le Grand Esprit, et lui demander de me rendre la foi. La tradition m’en donne la possibilité, grâce à une pratique ancestrale que nous appelons haŋbléčheya et que les Américains traduisent par « quête des visions ». La traduction n’est pas fausse, mais terriblement réductrice ! »

Pour tenter d’y voir plus clair en lui même et de répondre à une question quasi-métaphysique sur l’origine de l’Homme, sur le chaînon manquant, ce jeune homme se lance donc dans cette quête des visions. Et le récit qu’Emmanuelle Bessot nous en fait est tout à la fois très poétique, onirique, et didactique… C’est là toute l’originalité de ce roman. Une fois que le lecteur a compris qu’il va voyager au pays de la connaissance tout en traversant le pays des récits de vie, il se laisse porter par la feuille de sauge, magnifique tapis volant de cette histoire !

« J’ai par instants le sentiment de m’adonner à une psychothérapie dans le cabinet de l’analyste. J’imagine un psy éclairé troquant son canapé contre un lit de sauge, sans doute moins confortable qu’un divan, mais davantage propice aux confidences, et je me prends à rire, par bouffées soutenues qui éclatent et se brisent en un tonitruant festival, me vidant de mes dernières réserves. »

Cette quête des visions s’avère alors être un long voyage immobile qui nous emmène dans tous les coins de la planète, à tous les âges de l’humanité.

« Pourtant, quelque part, c’est rassurant de savoir que je peux faillir sans que ma vie en soit bouleversée.

Tu m’encourages d’un sourire :

- A présent, arrache les doutes de ton cœur et laisse-les sur le bas-côté. Ils sont les œillères qui masquent ta vue et tu ne pourras pas vivre totalement cette expérience si tu ne parviens pas à t’en débarrasser. Ne garde que tes espoirs contre toi, précieusement. Ils allégeront ta route. Maintenant, va. Laisse-toi aller.

Ta voix s’éteint et je me sens comme happé par une force invisible qui me projette sans ménagement dans la couche odorante. J’ai la gorge nouée. Ce moment que j’attends et que j’espère si intensément est enfin arrivé. Bientôt mes certitudes d’homme moderne s’évanouiront définitivement ou au contraire seront à jamais confortées. »

Au delà de la quête initiatique, Emmanuelle Bessot tricote patiemment une théorie. Une théorie sur l’origine de l’Homme qui, tout bien réfléchi, n’est pas absurde du tout et même très intéressante !

A lire donc !
Lien : http://versionlibreorg.blogs..
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