Il faut décidément tout faire soi même, avait-elle pensé. Sa mère avait raison, il ne fallait compter sur personne d’autre que soi, et encore moins sur un homme. Sa mère avait si peu de considération pour la gente masculine, qu’elle n’avait jamais éprouvé le moindre remord à se débarrasser de trois maris successivement, dès lors qu’ils ne présentaient plus d’intérêt à ses yeux. À chaque fois, elle s’était arrangée pour que cela passe pour une mort accidentelle ou naturelle. Par convention sociale, elle portait le deuil quelques temps, avant de jeter son dévolu sur sa proie suivante, de préférence riche et âgée.
Depuis, il avait tracé sa route, seul, bien décidé à leur prouver qu’il valait mieux que ça !Malgré le chemin parcouru depuis lors, l’opinion de ses parents à son égard n’avait pas vraiment évolué, il avait toujours été le vilain petit canard de la famille.. moins grand, moins beau, moins intelligent... moins tout... plus riche, çà oui, bien plus riche que son frère et sa sœur, même réunis, ne le seraient jamais, mais tout cet argent gagné grâce à un « travail » aussi futile et inutile avait quelque chose d’indécent et d’illégitime dans cette famille peuplée d’intellectuels et de hauts fonctionnaires.
Il est vrai que Léa était devenue une ravissante jeune femme. Ella devait avoir 25ans à présent... la petite Léa... elle n’avait plus rien à voir avec la gamine agaçante qui poussait des cris stridents quand son frère lui tiraient les couettes, et qui menaçait de tout cafter aux parents quand elle surprenait son frère et Jules en train de fumer en cachette dans la cave... Elle était grande, mince, les cheveux blonds méchés naturellement, de grands yeux bleus... elle semblait si calme et sereine, si douce... elle semblait... non, elle était... parfaite.
Elle avait senti la vie quitter peu à peu son corps. Elle avait eu l’impression de voir ses parents, de les entendre, de les toucher... c’était si bon, si doux, si réconfortant... et puis... et puis elle avait ressenti comme un arrachement au niveau de son cœur. Une main avait saisi fermement son bras. Puis elle avait senti un bras s’enrouler autour de sa taille et la chaleur d’un corps contre le sien... une corps ferme, musclé, puissant... quelqu’un l’avait faite remonter à la surface.
Il déploie des trésors d’imagination pour arriver à ses fins, et il est persuadé que je ne m’en rends pas compte. Il joue – très mal d’ailleurs- les grands romantiques, les hommes mystérieux... il s’imagine sincèrement que je vais tomber dans le panneau... en plus il me trompe et il pense que je n’ai rien remarqué... c’est amusant, bien qu’un peu vexant... parfois il me prend vraiment pour une truffe !
À quoi bon l’avoir engagé s’il n’est pas foutu de faire son travail correctement ! Il était sensé assurer sa protection, détecter les moindres trucs louches qui laisseraient supposer qu’il était en danger. Il avait soi disant un sixième sens pour ces choses là, il les sentait venir à des kilomètres avait-il promis... il devait avoir le nez bouché ! Il allait l’entendre !
Pourquoi était-elle enfermée ? Etait-elle prisonnière ? Quelqu’un l’avait sauvée pour la garder prisonnière... quel intérêt ?.. elle n’était pas connue, n’était pas la fille d’un riche homme d’affaire ou d’une star de cinéma, ne détenait aucun secret industriel, bref, elle ne représentait rien... tout cela n’avait aucun sens !
Tu sais, ma chérie, c’est ça le problème quand on voyage beaucoup, on rencontre des tas de gens, et après, on ne sait plus trop d’où on les connait... sans compter ceux qui ressemblent plus ou moins à des gens qu’on connait, ou les gens connus, qu’on croit connaitre, mais qu’on ne connait pas...
Contrairement à certains de ses concurrents, il n’avait pas hérité de l’agence de papa, et ne faisait parti d’aucun réseau, et personne ne lui avait mis le pied à l’étrier. De toute façon, ses parents l’avaient toujours considéré comme un bon à rien... il était le nul, le raté de la famille.
Si elle était si riche, elle lui serait peut être reconnaissante de lui avoir sauvé la vie, et pourrait peut-être l’aider à fuir... ou pas... face à un type comme lui, les gens ont plutôt tendance à appeler les flics d’emblée... elle pourrait même penser qu’il l’avait kidnappée...