Eric Humbertclaude

"Il se passe un je-ne-sais-quoi. - L'épaisseur d'être incarné n'est pas vaine. - Notre âme comprend tout. - La chair avec laquelle notre vie se confond, cette chair, nous ne pouvons la voir de manière extérieure. Dans le retour au corps, n'y a-t-il pas toujours quelque part un achèvement ? Un pas de danse, tout commence ou tout finit, chanceler est magnifique."

Imaginons que les préhistoriques prennent conscience qu'en émettant un son, celui-ci leur revient après impact avec la roche chargé inexplicablement d'informations d'ordre acoustique. L'utilité de ce son, initialement sans présupposition d'impact, leur apparaît : il décale et enrichit leur perception en la spatialisant. Par les propriétés acoustiques du lieu, les préhistoriques s'inscrivent dans un espace révélé par le temps du son et celui du retour son. Et la mémorisation de l'impact du son, puis de ce retour chargé d'informations acoustiques, en transformant le ressenti spontané de leur environnement, les fait passer du statut de simples émetteurs à celui de découvreurs - inventeurs ? - de cette nécessité d'impact contre la matière. Voyage dans la temporalité du son, aube d'une conscience créatrice. Ils ont osé. Le temps du son et le temps du retour son ont fait apparaître un avant et un après dans la conscience. Irréversiblement, par sa neuroplasticité le cerveau de l'homme s'en trouva remodelé. (pages 30 - 31)

Musique : fruit d'une rencontre unique d'immédiateté et de temps infini séparés par l'abyme, sonore et sourdine, elle accroît la densité du temps. Et la cohésion entre les racines émotionnelles du compositeur, de l'interprète et de l'auditeur rencontre un corps à corps singulier. (p. 42)

Vous, pierres des églises aussi vides que les salles de concert, qui après 2020 pourriez vous dresser seules vers le ciel, laisserez-vous le compositeur quitter définitivement la scène, sans oeuvre et sans ultime salut ? (page 45)

Nous venons de subir de plein fouet une crise planétaire et ses conséquences anxiogènes pour l'avenir. Elle rend nécessaire une inspiration nouvelle, même si elle n'est qu'une éclipse, car le Vivant reprendra son cours. (page 7)

Une corde sonore en vibration est un nombre qui chante.