Citations de Eric Sibaud (22)
Il est vrai que si les textes interdisaient explicitement l'ivresse, ils restaient silencieux sur les autres substances.
On en apprend bien plus sur les gens en rompant le pain avec eux qu'avec des échanges policés autour d'un bureau.
Il avait coutume de dire à ses subordonnés qu'un "non" n'était rien de plus qu'un "oui" ayant un peu de retard.
Ca va à l'encontre de notre instinct animal, qui, face à un agresseur qui attaque par surprise, nous gueule, épouvanté, de fuir. Alors, on ravale sa fierté, on assume sa peur et on se barre.
Alessandro Ribelo contemplait d’un air absent les pâturages et les forêts qui s’étendaient à perte de vue derrière la vitre de la Renault de service. Ses doigts pianotaient nerveusement sur le jean délavé entourant ses cuisses. Cela faisait plus de quatre heures qu’ils roulaient, et Laura ne lui avait qu’accordé qu’une seule pause cigarette. Ils venaient de quitter l’autoroute et se trouvaient à présent au cœur de la campagne profonde, quelque part dans la diagonale du vide. Il s’ennuyait ferme.
— Rappelle-moi, pourquoi c’est nous qui devons y aller ?
Laura Verde soupira. Elle savait bien qu’Alex connaissait déjà la réponse, donnée lors de leur briefing de ce matin, au Fort Neuf de Vincennes, le siège de la DGSE. Son binôme voulait simplement faire la conversation.
— Une femme est décédée hier, en début de soirée, alors qu’elle faisait ses courses dans la supérette du village, au beau milieu du rayon des conserves. Les gendarmes sont dépassés. Ils ont appelé la SRPJ locale, qui nous a refilé le bébé.
Lorsque la tension devient trop prégnante, il est parfois salutaire que quelqu'un prenne l'initiative, laissant les autres dans une confortable position de suiveur.
Et, qui sait, peut-être qu'il trouverait que l'uniforme lui siérait bien, et qu'il déciderait de signer un contrat avec l'armée. Marianne aura toujours besoin de jeunes gens vigoureux prêts à revenir d'un lointain pays entre quatre planches.
En l'écoutant, je me dis que, finalement, je ne suis peut-être pas une si mauvaise personne que ça. Enfin si, évidemment. Mais lui il a quand même fait fort.
Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans "jusqu'à ce que la mort vous sépare ?" A la limite se débarrasser du conjoint, pourquoi pas. C'est dans les clous. Mais le divorce, c'est non.
Je sens les larmes me monter aux yeux pendant que je me demande à quel moment j'ai complètement perdu le contrôle de ma vie, à quel moment ça a dérapé.
En m'approchant, je détaille ma femme. En vingt ans, l'évolution a été marquante. Et toute évolution n'est pas nécessairement un progrès.
Nous arrivons à bon port : le restaurant d'entreprise. Pompeuse appellation, octroyée à ce qui n'est rien de plus qu'un Flunch du pauvre (pléonasme), en mauvais (re-pléonasme).
Mes pas me portent machinalement aux alentours du lieu du drame de la veille. Devant l’entrée, j’y aperçois un fourgon de police, et au loin, malgré le brouillard, je devine des silhouettes s’affairer autour d’une masse sombre gisant au sol. Continuant à marcher dans un simulacre d’indifférence, je remarque quelques badauds solliciter l’agent empêchant l’accès à la scène de crime. D’un air las, l’homme en uniforme écarte avec un ménagement forcé ceux faisant preuve d’une curiosité trop insistante. Un marginal battu à mort en pleine nuit, loin des regards indiscrets, fastidieuse routine pour le fonctionnaire qui, bien que paraissant bien jeune pour endosser un tel uniforme, a dû en voir bien d’autres.
Je démarre en trombe, les pneus crissent sur l’asphalte. Cette fois-ci, il
ne s’agit plus de légitime défense, ou d’un geste malheureux motivé par
l’instinct de survie. C’est ma seule imprudence qui a mené cet homme
vers une fin prématurée.
Il partait du principe que poser la question exposait plus facilement à un refus qu'énoncer un fait établi.
On leur apprend au moins à expliquer que s'ils sont mauvais, c'est la faute des autres.
Ca a un petit côté attendrissant, comme un gamin de maternelle qui chercherait la présence de son "namoureuse". Ou comme un clébard en rut qui réprimerait à grand-peine son désir de frotter ses parties contre la cuisse de l'intéressée.
Dans le monde de l'entreprise, plus on est sympa, plus on est tacitement autorisé à glander.
J'aime bien cette routine. Elle a quelque chose de rassurant.
Je ne sais plus quoi faire. L’idée me vient de m’arrêter à un endroit isolé, de le sortir de la voiture et laisser son corps être découvert par un promeneur. Mais je me heurte à une grosse difficulté : la voiture est truffée de mon ADN, et je n’ai pas arrêté de lui tripoter l’épaule, le cou, la main... il y a sûrement mes marqueurs génétiques un peu partout sur son corps, ses vêtements.