AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Josephine2


Page 45
Un peu plus loin, nous sommes passés par une allée bien dégagée où j’ai senti le vent salé de la mer qui s’emmêlait au parfum des flamboyants et des bougainvillées. Les travailleurs charriaient des denrées arrivées à l’aube. Je me souviens d’une voiture à cheval guidée par un cocher torse nu. Il s’arrêtait à chaque porte pour récupérer les bidons remplis d’immondices portés sur la tête des femmes. C’étaient les aisances de la nuit produites par cents estomacs, dont trente malades de dysenterie ou de malaria. J’ai vu les marais qui affleuraient sous les maisons de fortune. A Morne-Galant, on n’aurait jamais dormi dans des endroits comme ça, ou les maringouins vous dévorent dès le soleil couché. Mais j’ai vu aussi d’imposantes demeures en bois peint et fer forgé, volantées d’arcades, autour d’une place où trônait une fontaine. Je n’avais jamais vu de fontaine avec de l’eau qui coule en permanence. Ca attirait une galaxie de blanchisseuses en robe de coton et d’enfants nus à chapeau. Sûr que je me serais tenue là toute la journée tellement ça semblait agréable, au milieu des propos gais et des éclats de rire.

Il y avait la foule mélangée : argile foncée, cacao velouté, bronze clair des Chinois et foncé des Syriens, café grillé des Indiens, et des visages pâles respirant l’autorité mais parfois aussi la même misère. J’ai remarqué des hommes nonchalants et d’autres à la mise sévère, des ouvriers qui sortaient de la grande usine Darboussier, des commis, des maîtres d’école. J’ai vu tout ça du haut de mon camion qui hoquetait et lâchait dans l’air une fumée noire qui me faisait suffoquer.
Commenter  J’apprécie          150





Ont apprécié cette citation (12)voir plus




{* *}