Être ambitieux, c'est combattre cette prise de force du vulgaire, c'est quelque part résister à l'abrutissement.
Je ne crois pas en beaucoup de forces en dehors de celle de la belle camaraderie. C'est elle qui, en définitive, pourra peut-être nous sauver de toutes ces réductions d'être qui nous guettent.
Contentons-nous de quelques idées intemporelles et réactualisons ces vieux motifs : silence, solitude, rêve, musique, imagination, émerveillement, temps, larme, art et fougue.
Nous sommes toujours seuls face à ces sursauts d'être. Nous ne pouvons que présumer que d'autres les reçoivent aussi et avec autant de force que nous.
Rien n'est plus primaire et pauvre qu'un homme politisé.
De là arrive le nouveau mal du siècle : l’errance de soi, en plein milieu du monde. Privé de son désir, dépossédé de ce qui l’anime en profondeur, ignorant jusqu’à l’existence même de ses profondeurs subjectives, l’homme marche toujours plus loin de lui. Violenté par la manipulation commerciale de ses envies, il est projeté et s’écrase sur d’énormes écrans lumineux qui, à chaque impact, le vident un peu plus du peu d’euphorie vitale qu'il lui reste. Vulgaire carcasse, délaissée au profit de son clone numérique, lui n’est plus que la variable d’achat et d’attention de son propre corps.
Écrire un livre est un acte de résistance – et ce indépendamment de son contenu, de son ambition ou de sa justesse.