Au moment où ils touchaient à la rive, ils virent arriver, porté par les eaux, un homme vétu de blanc qui les salua de la part du haut maître, et dit à Nascien qu'il venait pour le guérir; ce qui a lieu aussitôt. C'était Emgimes envoyé par Dieu lui-même; il lui dit que de même qu'il marche sur les eaux sans enfoncer, de même Joseph, son fils et les autres chrétiens passeront la mer sans nef et sans avirons, et iront sous peu en Grande-Bretagne : que telle est la volonté du haut maître.
Le Saint Graal eut moins de succès au Moyen Äge et à la Renaissance que les romans de Tristan et de Lancelot, d'un tour plus léger et plus attrayant; mais, de nos jours, il intéressera au moins autant les bibliophiles et les esprits sérieux qui recherchent, avant tout, des textes corrects et anciens et des situations dramatiques pleine d'originalité et quelquefois de grandeur, comme tout ce qui touche au moyen âge chrétien.
Pourquoi les peuples chrétiens, arrivant, à leur tour, dans l'évolution séculaire de l'humanité, n'auraient-ils pas eu, eux aussi, leur vase mystérieux, source de grâce, de bonheur terrestre, de victoire sur l'ennemi ?
Ce vase a été le saint Graal, cette écuelle bénie, dans lequelle Jésus fit d'abord «son sacrement» dans la maison de Simon le lépreux et que plus tard un Juif recueillit et porta à Pilate.