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Critiques de Fabrice Chatelain (13)
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En haut de l'affiche

Ouvrage reçu lors du dernier Masse Critique fictions du mois de janvier, je tiens tout d'abord à remercier Babelio ainsi que les éditions Intervalles pour l'envoi de ce premier roman de Fabrice Châtelain.



Ne sachant pas du tout à quoi m'attendre et n'espérant donc rien, j'avoue que ce fut une agréable surprise que de me plonger dans cette lecture dans lequel on découvre l'envers du décor du milieu cinématographique et de certaines manigances (qui, me semblent justifiées ou du moins, si elles ne le sont pas, cela ne m'aurai pas étonné qu'elles le soient). Vincent est un idéaliste, lui qui se doit de travailler dans une entreprise, la société James Clean promettant la qualité de papier toilette et autres produits d'entretien, s'invente une nouvelle vie -celle qu'il aurait du exercer, auprès de Noémie, la belle qu'il a séduit et qui le croit journaliste free lance. de quiproquos en quiproquos, cette dernière n'était jamais sensée découvrir la triste réalité -du moins pas avant que ce soit lui qui la lui dise- mais cela été sans compter ans l'intervention de son collègue Joseph Paillard qui, ne va pas dénoncer le canular mais au contraire ne faire qu'enfoncer un peu plus le clou en se mettant lui aussi dans une situation toute différente de celle qu'il occupe actuellement. Avouez que gangster recherché par toutes les polices du pays fait un peu plus tomber les filles que représentant pour des produits ménagers ? D'ailleurs, l'on peut dire que pour ce dernier, cela portera ses fruits car, bien que marié, il réussira à séduire la belle Sophie, gérante d'une galerie d'art parisienne. Si Joseph Paillard, "Jo" se réjouit de pouvoir afficher une nouvelle conquête à son tableau de chasse, Vincent, lui, ne voit pas d'issue pour se sortir de cette impasse mais il faut bien avouer que le script qu'il a confier à la belle Noémie, jeune réalisatrice prometteuse (bien qu'elle n'est en tout et pour tout réalisé qu'un seul court-métrage) aux dents longues, voit ici une occasion en or de faire décoller sa carrière grâce aux quelques relations qu'elle a dans le domaine de l'art. Si elle essaie de convaincre Vincent d'apporter quelques retouches (enfin entendez par là réécrire la totalité de son scénario) suite aux demandes exigeantes du réalisateur Baronchelli, Vincent est dans un premier temps prêt à tout pour suivre sa compagne dans cette aventure mais sera-t-il réellement prête à satisfaire le moindre des caprices de ce réalisateur quitte à se perdre lui-même ?



Un roman fort et puissant dans lequel le lecteur découvre des personnages aussi divers que variés, et qui composent en partie notre société : ceux qui sont prêts à vendre leur âme au diable pour un peu de reconnaissance et même au-delà, atteindre les sommets de la gloire et ceux qui savent là où la frontière s'arrête et renoncent ne serait-ce qu'à un peu de mérite pour rester tels qu'ils sont ! Attention, je n'ai pas dit que ce roman était manichéen avec d'un côté les méchants et de l'autres les gentils...quoique...Lisez ce roman et jugez-en par vous-mêmes ! Peut-être mon opinion a -telle été influencé par ce que je voulais y voir ! Ce qui est sur, c'est que pour un premier roman et une écriture fluide et limpide, drôle et à la fois effrayante,loin des plaidoiries que l'auteur doit probablement porter au barreau de Paris, cet ouvrage est vraiment à découvrir !
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En haut de l'affiche

Il a fallu longtemps avant que ce livre n’arrive jusqu’à moi, mais il a finalement trouvé son petit bout de chemin.



La quatrième couverture m’avait directement alléchée par le fait que ce bouquin était décrit comme une satire du milieu du cinéma ainsi que de celui de l’art contemporain. Je peux vous confirmer qu’il remplit absolument bien sa mission. C’est bourré d’humour et écrit d’une plume bien aboutie pour un premier roman par Fabrice Châtelain.



Vincent n’a pas la vie qu’il rêvait : alors qu’il pensait faire carrière dans le milieu du cinéma, il est commercial en période d’essai pour une société de ventes de produits d’entretien industriel. Devant partager ses journées aux côtés de son collègue, Joseph, bourru et paillard, ils sillonnent les routes pour vendre les produits James Clean. Comme sa vie professionnelle, sa vie amoureuse est aussi à mille lieues de ce qu’il imaginait. Lors d’une rencontre avec la jeune Noémie, il omet de lui révéler sa réelle profession et devient ainsi journaliste culturel. Le problème est qu’une fois que l’on tombe dans les quiproquos, il n’est pas facile d’en ressortir et Vincent en fera les frais.



C’est vrai qu’on est en plein dans la critique des mondes du cinéma et de l’art mais cela n’est jamais méchant ou trop prétentieux. J’ai surtout apprécié qu’on ne tombe pas dans le burlesque ou des clichés gros comme des maisons, ce qui a tendance à m’ennuyer et à décrédibiliser le roman. L’écriture est fluide, ce qui fait qu’on avance très vite dans l’histoire.



Roman assez court puisqu’il ne compte que 218 pages, c’est un choix judicieux qu’a fait l’auteur de ne pas pousser à l’extrême son récit et de se contenter d’un nombre limité de pages. Certains lecteurs risquent de trouver cela succinct mais je pense que cela aurait retiré la saveur du roman.



En ces temps assez moroses malgré le soleil qui brille, j’ai beaucoup aimé cette lecture satirique qui m’a fait souvent sourire mais surtout qui ne m’a pas demandée de me retourner le cerveau. Il y a peut-être certaines maladresses mais au final, j’ai passé un bon de lecture et ce livre a rempli parfaitement sa mission.



Je remercie Babelio et la maison d’édition Intervalles pour l’envoi de ce livre dans le cadre de la Masse Critique Fictions.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Le mâle du siècle

Le Cercle des mâles disparus



C’est avec beaucoup d’humour et sur le ton de la satire que Fabrice Châtelain étudie le statut de l’homme d’aujourd’hui. En racontant les déboires du couple que forme Rémy et Charlotte, sa comédie loufoque pose de vraies questions.



Tout commence par un voyage «de rêve» au Nicaragua. Rémy et Charlotte se sont offerts une escapade dans la jungle pour vivre une belle aventure, loin du pavé parisien. Mais Rémy craint les araignées, ne supporte pas leur guide local qui ne cesse de le provoquer et trouve les commentaires des autres touristes particulièrement agaçants. Il ne le sait pas encore, mais ces vacances vont creuser un gouffre entre Charlotte – qui a envie d’un «vrai mec» – et lui.

De retour à Paris, chacun retrouve son train-train et le stress qui va avec, mais aussi le questionnement sur leur relation.

C’est alors que Charlotte décide de prendre les choses en main et prend rendez-vous chez une psy. La thérapeute avait élaboré une méthode d’«écoute active». En faisant s’allonger ses patients, elle cherchait «d'une part un discours plus libre de la part de celui qui s'exprimait et d'autre part à son partenaire d'entendre réellement les choses qui étaient dites.» Une théorie qui va très vite être parasitée par de nouvelles interrogations et par un doute croissant sur leur volonté réciproque d’avancer. D’autant qu’à la banque où travaille Rémy, l’ambiance n’est pas vraiment à la rigolade. On s’observe en chiens de faïence, on est attentif aux moindres rumeurs, on cherche à faire bonne figure, c’est-à-dire dominer le panier de crabes.

L’arrivée du gros Paulo, qui s’installe «provisoirement», ne va pas non plus dans le sens d’une réconciliation. Son modèle d’homme à lui, c’est Gabin, Delon ou Ventura, bien loin de l’image que véhicule Rémy.

Le couple va alors se tourner vers «Love Inclusive», une agence qui offre des services très particuliers: «On fait de la lecture de textes érotiques à domicile, ça marche très fort, c'est notre prestation de base. On propose aussi des séances participatives de pole dance et de striptease non-genré. (…) On effectue aussi des prestations haut de gamme et sur mesure qui consistent à réaliser leur fantasme».

La prestation high level qui est choisie va elle aussi virer au fiasco, signant la fin du couple. Rémy se tourne alors vers le «Cercle des mâles disparus», bien décidé à regagner un statut de «vrai mec».

On l’aura compris, Fabrice Châtelain s’amuse et nous amuse en détaillant cette quête. Il interroge ainsi la place de l’homme dans la société post #metoo. À l’image de cet anti-héros fragile alors qu’il se rêve macho, gentil alors qu’il sent bien les injonctions qui entendent en faire plutôt un tueur, on avance à tâtons dans cette recherche du profil idéal.

Le style alerte et drôle va alors nous entraîner vers une farce loufoque, lorsqu’avec Paulo, Rémy décide d’endosser le costume des tontons flingueurs. N’est pas gangster qui veut ! Un roman qui se lit comme on suce un bonbon acidulé. C’est doux, mais quelquefois amer. Après En haut de l’affiche, un premier roman qui avait dû être décalé pour cause de pandémie, Fabrice Châtelain confirme son talent d’explorateur de notre société.

NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. En vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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En haut de l'affiche

Une satire du cinéma français drôle et salutaire, malgré quelques maladresses. La première partie du livre est moins accomplie que la seconde parce que Fabrice Châtelain peine à y installer l’intrigue. On y retrouve tous les tics d’un premier roman (écrit par un homme) : tendance à faire étalage de sa culture, références aux swag et zeitgeist présumés du moment, usage peu homéopathique de la vulgarité et une bonne dose de misogynie que la nature profonde de son personnage, Joseph Paillard, ne suffit pas à excuser. L’autre protagoniste, Vincent, est l’archétype du looser parisien, jusqu’à la caricature. Mais à partir du moment où son scénario trouve les faveurs d’un producteur, le livre s’emballe et donne un aperçu pittoresque des coulisses de la construction d’un film, comme une version livresque et burlesque de « La nuit américaine » ou le penchant déjanté de l’appliqué « Making of » de Xavier Durringer, qui traitait du même sujet. Car le film se fera, malgré toutes les péripéties que la réalisatrice et son amant d’auteur devront surmonter. Les deux derniers chapitres sont particulièrement savoureux : à vous de lire pourquoi. Un roman imparfait certes, mais qui a le mérite de faire sourire, précieux miracle en ces temps de sinistrose aigüe.

Bilan : 🌹

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Le mâle du siècle

J'aurais bien aimé une cure d'amaigrissement pour ce roman, notamment en son mitan où les déboires et les mésaventures de Rémy s'enchaînent et sont un peu longues. Néanmoins, j'avoue avoir pas mal ri et souri aux réparties, aux tentatives maladroites et vaines de Rémy pour devenir un vrai homme, un comme Gabin, Delon ou Ventura. J'aime également les portraits des personnages, très stéréotypés et souvent hilarants. Celui de Paulo, mis à la porte de chez lui après une énième tromperie, est très drôle et fera frémir les plus féministes si le discours est pris au premier degré. Cette comédie qui flirte parfois avec le grand n'importe quoi ne manque pas de noter, argumenter et critiquer les travers de notre époque : les coachs, les réseaux sociaux, le harcèlement professionnel et sexuel, la perte de la virilité et la disparition des vrais hommes, les machos sexistes, les émissions de télévision voyeuristes... Si certains personnages sont d'indécrottables machos, beaufs, Rémy est davantage une victime. Pas assez fort pour s'imposer avec sa vraie personnalité, il trouve un dérivatif dans lequel il pense se révéler : ressembler à ses idoles, sans comprendre que le temps des voyous à l'ancienne est dépassé.



Vive, alerte, moderne, l'écriture de Fabrice Châtelain épouse totalement son histoire et son époque. Il n'oublie pas d'être sarcastique, ironique, cinglant. Tout pour plaire pour ce roman qui se lit vite, sur le rythme donné par son auteur.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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En haut de l'affiche

Que dire de ce roman, dès les premières pages le ton est donné, un style simple et léger, un rythme rapide et beaucoup d'humour... J'avoue que j'avais du mal à déposer le livre, ne serait-ce que quelques minutes... Un livre qui vous fait du bien !

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En haut de l'affiche

Premier roman de Fabrice Châtelain qui n'est pas tendre avec les milieux intellectuels, artistiques et cinématographiques. Les ego sont boursouflés au-delà du raisonnable, les ambitions démesurées et certains prêts à toutes les compromissions, les mangers de chapeau, les renonciations voire les tournages de vestes si nombreux qu'on ne sait plus où est l'envers et où est l'endroit tant ils sont usés tous deux, pour avoir leur nom en haut de l'affiche. Vincent, jeune homme peu charismatique, "un type un peu inconsistant et mollasson dont les seules qualités se résumaient à son art de parler de certains livres et de certains films" est plongé dans un monde qu'il ne connaît pas et va de désillusions en déceptions.



Fabrice Châtelain est malicieux et cinglant. Ses portraits sont savoureux, on s'y croirait. On imagine assez bien certains de ses personnages, on les visualise. Et comme il cite, de temps en temps, de vraies personnes, on y croit encore davantage. A part un passage un peu longuet -une petite vingtaine de pages-, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette comédie. Le chapitre 7, dans lequel l'auteur s'essaye à inventer -ou parodier- des commentaires sur les réseaux sociaux suite à une performance d'artiste au goût douteux, est d'une justesse et d'une bêtise incroyables. L'anonymat de ces moyens de communication permet aux plus crétins de faire preuve de toutes leurs potentialités et l'on est rarement déçu. Il montre également comment certains commentaires font d'un fait anodin un événement sur lequel vont s'écharper partisans et opposants, à coup d'invectives, d'injures, de mauvaise foi, de transformation ou d'invention d'informations, chacun réagissant à chaud sans réfléchir, comme si l'on se devait d'avoir une opinion sur tout.



Un premier roman réjouissant en ces temps moroses, qui fait sourire et même rire aux dépends des gens connus ou qui se voient comme tels et qui pour certains n'auront que le warohlien quart d'heure de célébrité, pas toujours grâce à leur talent.
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En haut de l'affiche

Merci à Masse critique, aux éditions Interalliés et à Babelio bien sûr, pour l’envoi de ce premier roman, pour moi, fort réussi puisqu’il allie l’humour grinçant et un portrait au vitriol du milieu de l’art et du cinéma. Vincent se veut scénariste mais puisqu’il faut bien vivre, il a accepté un métier de représentant où il se révèle absolument nul. Mais des rencontres vont l’amener à pouvoir présenter son scénario qui va devenir un film mais à quel prix ! De là, une galerie de personnages étonnants, burlesques, pitoyables et pourtant si vrais ! Paillard le commercial taulard, grivois et bientôt acteur, Ramda le grapheur porté aux nues, Ken (alias Ben ?), la belle et si ambitieuse Noémie etc… Donc le pouvoir de l’argent et des relations qui pallient au manque cruel de talents et l'absence total de valeurs morales. Critique acerbe du monde clinquant de l’Art quel qu’il soit. Le tout avec un rythme rapide, efficace et une fin…chut ! A découvrir donc.
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Le mâle du siècle

Une histoire rythmée, un héros attachant

Rémy, héros sans ambition ni charisme, sans doute trop sensible et sincère pour cette époque, est perdu dans ce qu'il pense être ce que l'on attends de lui en tant qu'homme.

Malmené par son boss, sa fiancé, il se satisferait bien d'une vie de morne et passive mais confortable.

Sa rupture va mettre fin à son immobile observation critique de son monde.

Illuminé par une vision cinématographique de l'homme viril, il se retrouve dans des histoires pas possibles.

En terme de satire, tout y passe: désamour, manque d'ambition, féminisme, psy, coach, machisme,..

Le mal du siècle est-il la difficulté pour un homme de trouver sa place dans cette époque?

Du rythme, de l'ironie et des personnes attachants. On est emporté par l'histoire du début à la fin.

Qu'est ce qu'un vrai mec ? A la fin du livre on en a croisé aucun mais on a bien ri.
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Le mâle du siècle

Merci aux éditions Intervalles pour l’envoi de ce nouveau roman de Fabrice Châtelain.

La quatrième de couverture parle de « comédie rafraichissante » mais je n’en suis pas certaine.

En effet, si le ton est léger, le sujet est en fait un vrai problème de société, la place de l’homme dans la société, ce mâle qui ne sait plus s’il doit être ce bodybuildé de certaines vidéos sur le net, ce romantique dépassé, cet ami homo à qui on se confie mais… Bref, Rémy travaille à la banque, rentré par piston, il est sans ambition, harcelé par son chef et quand sa femme Charlotte le quitte, il va tomber dans une spirale qu'il va affronter avec son ami Paulo, avec une fondation « love inclusive » et « le cercle des mâles disparus ». Mais leur volonté de ressembler aux virils comme Gabin, ou Delon dans « le Samourai » va les mener à des actions rocambolesques et cocasses en se mêlant à des gangsters.

Un roman sur le constat d’une société de résultat, réussite, sexisme d’entreprise, la difficulté des rapports homme/femme et la stupidité des préjugés, correspondre à une image et finalement ne pas trouver sa place.

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Le mâle du siècle

Le modeste employé de banque Rémi Pottier se trouve dans le dur. Rabroué par un supérieur infect à son travail, sa vie sentimentale se délite subitement après que sa compagne Charlotte lui ait reproché de "pas être un vrai mec”.



Ne parvenant pas à répondre favorablement à une double injonction contradictoire ; celle très moderne d’être un homme déconstruit empathique, compatissant, et de fait un brin effacé, et à la fois celle plus ancienne d’être un vrai mec viril & “qui porte la culotte”, Rémi tombe en dépression. Il n’en sortira qu’en bouleversant son style de vie et sa façon de penser.



En bon enfant de la classe moyenne, représentant de la génération X (voir Y), parfois trop jeune pour avoir connu le service militaire, et plus souvent biberonnée au Club Dorothée qu’aux films de Jean-Pierre Melville. Rémi se prend en pleine poire une époque dont il est la cible privilégiée. Les féministes triomphantes depuis le mouvement metoo visent tant les brutes viriles à l’ancienne, que les hommes-enfants responsables de la charge mentale, trop faibles pour contenter - ou célébrer - les Reines qui sommeillent en chaque femme (deux clans à la vision obtuses, schématiques & irréconciliables qui sont d’ailleurs renvoyés dos à dos dans des scènes irrésistibles).



Devant ce choix impossible, Rémi va opérer une rupture dans sa vie et se chercher des modèles d’une autre époque, où l’homme et ses défauts, loin d’être pointés du doigt, étaient célébrés. Les Lino Ventura, Gabin et Delon qui ont inscrit sur pellicules un comportement macho et insensible aux considérations banales de la vie de couple, se caractérisaient aussi - en apparence du moins - par l’adhésion à un véritable code d’honneur, où la parole donnée était sacrée et le respect constant. Une société d’avant révérée par le pauvre Rémi, assoiffé d’authenticité.



Et ce second livre de Fabrice Chatelain n’est donc pas qu’une charge amusante sur une éventuelle guerre des sexes. Trop conscient du ridicule d’une telle situation, il n’y prend pour ainsi dire pas parti, laisse les idiots s’étriper et s’intéresse davantage à un micro conflit générationnel. Une dispute dont le moteur serait la nostalgie, qui pousse une poignée de personnages désemparés par la modernité et son capitalisme sans limite (la scène de love inclusive), à se réfugier dans une époque fantasmée où les relations semblaient plus simples et honnêtes.



La découverte du film “La belle équipe” de Duvivier peut avoir un effet déprimant sur le sujet qui tendrait l’oreille trop souvent aux conversations prononcées dans un MacDonald, ou qui assisterait à une embrouille de couple en pleine rue (une formidable scène du livre, d’un réalisme absolu et très rare dans les romans Français, un sommet d’humour cringe comme on dit de nos jours).



Refusant de vivre dans une société incivile, il évolue à contre-courant selon son propre code d’honneur et fonde ainsi avec son ami Paulo (lui aussi très limité dans son genre) et Michel un étrange troisième larron, le club des Mâles disparus qui ne jure par le silence parfois rompu par une poignée de mots d’argot, aux imperméables, aux troquets à l’ancienne...



Ce changement vie va l’amener à faire des rencontres délirantes que je ne déflorerai pas.

Mais tout le monde prend sa cartouche. La seconde moitié du roman monte donc encore en gamme pour s’achever en une sorte d’apothéose anti Hollywoodienne (entre L’Etranger de Camus et... le final de Seinfeld, oui !).



“Le mâle du siècle” déborde d’idées, de styles différents (le chapitre de Charlotte !) et de passages hilarants. Fabrice Chatelain tente, et concrétise encore plus de choses que dans son pourtant très réussi premier livre "En haut de l’affiche".



Un roman d’une efficacité folle qui vous fera forcément arracher quelques rires.
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En haut de l'affiche

Strass et Paillard



Fraîchement recruté par la société "James Clean", spécialisée dans la vente de produits d'entretien aux professionnels, Vincent, jeune trentenaire cultivé aux ambitions contrariées, est chaperonné par un vieux renard de la vente. le "truculent" Joseph Paillard, un représentant fort en gueule dont les considérations ethnologiques "subversives" le rapprochent plus d'un Dupont Lajoie que de Levy-Strauss.



Or ce vieux vendeur qu'on se représente quelque part entre le Victor Lanoux d'Un éléphant ça trompe énormément et le Marielle de L'entourloupe, ne va pas se contenter de faire découvrir à ce jeune parisien les ficelles d'un métier peu glamour...



Et le lecteur suit avec un grand amusement les déboires du brave Vincent - vague blogueur culturel dont le plus grand fait d'arme est d'avoir interviewé Booba - qui mène de front deux combats titanesques bien différents : Sillonner les routes d'île-de-France en compagnie d'une encombrante grande gueule à la beauferie assumée, et séduire la charmante Noémie, apprentie réalisatrice rencontrée sur Tinder qui repousse avec une facilité déconcertante les assauts bien trop timides du jeune prétendant.



Ajoutons à cela des portraits d'artistes qui s'apparentent plus à des faiseurs parasitaires mondains qu'à de véritables visionnaires subversifs : Ken, caricature à peine cachée de Ben Vautier, et Ramda, une sorte de Joey Starr qui connait une réinsertion clinquante. Deux "ex-jeunes" jadis insurgés contre la société mais qui se sentent comme des poissons dans l'eau dans la bourgeoisie culturelle, toujours en demande de faux rebelles.



Et c'est l'un des points forts de ce premier ouvrage de Fabrice Châtelain, une sacrée galerie de personnages, et les situations très cinématographiques dans lesquels il plonge tout ce petit monde. le tout étant réalisé avec une maîtrise surprenante pour un premier essai : Ken, qui consulte les messages des "vrais gens" sur internet et qui constate avec une amertume non dissimulée que le grand public a la dent bien plus dure que les critiques qui le congratulent depuis des décennies (un public anonyme aux pseudos grotesques n'est pas plus ménagé par l'auteur, au regard de la teneur consternante des messages) ; le Maître, illustre professeur de théâtre épidermique et excessif dont le portrait plus vrai de nature évoque de J.L Cochet, découvreur des plus grands talents du théâtre français, et qui donne son feu vert à une distribution des rôles surprenante ; Jean-Philippe Troussier le journaliste ciné à la fois complexé et imbu de lui même, et enfin l'Ogre, le producteur de cinéma irascible Weinsteinien dont l'influence titanesque et les humeurs changeantes dénaturent tous les projets qu'il touche...



"En haut de l'affiche" jouit d'une écriture caustique, qui flingue avec un malin plaisir une certaine bien-pensance particulièrement démonstrative dans le milieu artistique. Les contradictions criantes des gens du cinéma s'étant récemment illustrées au cours de la dernière cérémonie des Césars. L'envie de dénoncer les dérives morales (de manière sélective) s'oppose à une solidarité de mauvais goût avec des amis criminels, et trahit une partialité loin des grandeurs d'âmes affichées discours après discours.



Vincent se questionnant lui même sur sa potentielle animalité en hésitant à profiter de l'état alcoolisé de Noémie. Il s'efforce d'adopter un comportement modèle, mais ne peut s'empêcher d'envier l'instinct de Paillard, son inconséquence et son impunité totale. Est-ce d'ailleurs si surprenant que le porc Paillard se fasse une place au soleil dans ce milieu ? La frontière est parfois mince entre le porc et l'homme respectable...



D'ailleurs, Jo Paillard est-il différent d'un Gérard Depardieu ? Si ce dernier n'avait pas fréquenté les cours de théâtre, que serait-il devenu ? Son négatif, le timoré Vincent, est un produit malheureux de son époque. le cul entre deux chaises, à la fois assez vieux pour être conscient des sensibilités actuelles déplacées qui vont jusqu'à l'impossibilité de se moquer des participants au salon Japan Expo :



"Quand on pense qu'à la fin des années 60, les jeunes se regroupaient pour changer le monde et qu'aujourd'hui ils se réunissent pour se déguiser en Sangoku ou en fraise Tagada..." Noémie parut agacée par cette considération qu'elle prit au premier degré, alors que Vincent tentait seulement de la faire sourire. Se définissant comme une partisane du "chacun sa culture", elle ne voyait pas en quoi une quelconque inclination pour les mangas pouvait constituer un motif de moquerie".



Vincent n'en est pas moins complice de cette modernité qui ne tolère aucun jugement de valeur et pour qui tout se vaut. Tout cas contraire serait sanctionné du terme "problématique". Il ne fait rien non plus pour s'élever contre ce déplorable sens de l'histoire, car il a conscience que des petites compromissions sont nécessaires pour faire adapter son projet ciné. Il ne vaut guère mieux que les centaines de courtisans qui pullulent dans ce métier. Son scénario se veut d'ailleurs brillant et exigeant mais il n'est sur le papier qu'un énième cliché de film creux et prétentieux.



Outre ce sens du détail qui crée une vraie connivence avec le lecteur, le côté fortement sarcastique rappellera par moment la série Entourage, qui se moquait des coups fourrés dans la production de film, l'envers du décor peu reluisant, les castings et les propositions inconvenantes. À ce titre, la brève analyse du déclin du cinéma français à travers les systèmes de production est implacable.



Ce style empreint de dérision est rafraîchissant, et ne se trouve plus guère que dans les livres de Marcel Aymé ou ceux plus récents de Patrice Jean (Revenir à Lisbonne). Un style accrocheur et souple qui trahit une adoration pour Simenon. Bref un "page turner" d'une efficacité folle.



Espérons qu'En haut de l'affiche soit le début d'une longue série. Car on ne compte que trop peu d'auteurs dotés de ce sens de l'humour et d'un style aussi vivant.
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Le mâle du siècle

Excellent roman, bien écrit, passionnant, très actuel !!

Un auteur qui n'en est pas a son premier coup d'essai, ce roman confirme son talent. Les nombreuses situations comiques sont exploitées a merveille par l'auteur qui nous gratifie d'une galerie de portraits savoureux et féroces.



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