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EAN : 9782369560869
224 pages
Intervalles éditions (06/03/2020)
4.17/5   9 notes
Résumé :
[ÉPREUVES NON CORRIGÉES]

En attendant qu'une brillante carrière de scénariste s'ouvre enfin à lui, Vincent enchaîne les rendez-vous en banlieue parisienne pour placer des produits d'entretien en duo avec Joseph, le commercial le plus graveleux qui soit. Pétri de complexes, Vincent a pudiquement tu sa profession à la séduisante et cérébrale Noémie, préférant se présenter sous les traits d'un critique d'art free-lance. Une cascade de quiproquos au cours... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ouvrage reçu lors du dernier Masse Critique fictions du mois de janvier, je tiens tout d'abord à remercier Babelio ainsi que les éditions Intervalles pour l'envoi de ce premier roman de Fabrice Châtelain.

Ne sachant pas du tout à quoi m'attendre et n'espérant donc rien, j'avoue que ce fut une agréable surprise que de me plonger dans cette lecture dans lequel on découvre l'envers du décor du milieu cinématographique et de certaines manigances (qui, me semblent justifiées ou du moins, si elles ne le sont pas, cela ne m'aurai pas étonné qu'elles le soient). Vincent est un idéaliste, lui qui se doit de travailler dans une entreprise, la société James Clean promettant la qualité de papier toilette et autres produits d'entretien, s'invente une nouvelle vie -celle qu'il aurait du exercer, auprès de Noémie, la belle qu'il a séduit et qui le croit journaliste free lance. de quiproquos en quiproquos, cette dernière n'était jamais sensée découvrir la triste réalité -du moins pas avant que ce soit lui qui la lui dise- mais cela été sans compter ans l'intervention de son collègue Joseph Paillard qui, ne va pas dénoncer le canular mais au contraire ne faire qu'enfoncer un peu plus le clou en se mettant lui aussi dans une situation toute différente de celle qu'il occupe actuellement. Avouez que gangster recherché par toutes les polices du pays fait un peu plus tomber les filles que représentant pour des produits ménagers ? D'ailleurs, l'on peut dire que pour ce dernier, cela portera ses fruits car, bien que marié, il réussira à séduire la belle Sophie, gérante d'une galerie d'art parisienne. Si Joseph Paillard, "Jo" se réjouit de pouvoir afficher une nouvelle conquête à son tableau de chasse, Vincent, lui, ne voit pas d'issue pour se sortir de cette impasse mais il faut bien avouer que le script qu'il a confier à la belle Noémie, jeune réalisatrice prometteuse (bien qu'elle n'est en tout et pour tout réalisé qu'un seul court-métrage) aux dents longues, voit ici une occasion en or de faire décoller sa carrière grâce aux quelques relations qu'elle a dans le domaine de l'art. Si elle essaie de convaincre Vincent d'apporter quelques retouches (enfin entendez par là réécrire la totalité de son scénario) suite aux demandes exigeantes du réalisateur Baronchelli, Vincent est dans un premier temps prêt à tout pour suivre sa compagne dans cette aventure mais sera-t-il réellement prête à satisfaire le moindre des caprices de ce réalisateur quitte à se perdre lui-même ?

Un roman fort et puissant dans lequel le lecteur découvre des personnages aussi divers que variés, et qui composent en partie notre société : ceux qui sont prêts à vendre leur âme au diable pour un peu de reconnaissance et même au-delà, atteindre les sommets de la gloire et ceux qui savent là où la frontière s'arrête et renoncent ne serait-ce qu'à un peu de mérite pour rester tels qu'ils sont ! Attention, je n'ai pas dit que ce roman était manichéen avec d'un côté les méchants et de l'autres les gentils...quoique...Lisez ce roman et jugez-en par vous-mêmes ! Peut-être mon opinion a -telle été influencé par ce que je voulais y voir ! Ce qui est sur, c'est que pour un premier roman et une écriture fluide et limpide, drôle et à la fois effrayante,loin des plaidoiries que l'auteur doit probablement porter au barreau de Paris, cet ouvrage est vraiment à découvrir !
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Il a fallu longtemps avant que ce livre n'arrive jusqu'à moi, mais il a finalement trouvé son petit bout de chemin.

La quatrième couverture m'avait directement alléchée par le fait que ce bouquin était décrit comme une satire du milieu du cinéma ainsi que de celui de l'art contemporain. Je peux vous confirmer qu'il remplit absolument bien sa mission. C'est bourré d'humour et écrit d'une plume bien aboutie pour un premier roman par Fabrice Châtelain.

Vincent n'a pas la vie qu'il rêvait : alors qu'il pensait faire carrière dans le milieu du cinéma, il est commercial en période d'essai pour une société de ventes de produits d'entretien industriel. Devant partager ses journées aux côtés de son collègue, Joseph, bourru et paillard, ils sillonnent les routes pour vendre les produits James Clean. Comme sa vie professionnelle, sa vie amoureuse est aussi à mille lieues de ce qu'il imaginait. Lors d'une rencontre avec la jeune Noémie, il omet de lui révéler sa réelle profession et devient ainsi journaliste culturel. le problème est qu'une fois que l'on tombe dans les quiproquos, il n'est pas facile d'en ressortir et Vincent en fera les frais.

C'est vrai qu'on est en plein dans la critique des mondes du cinéma et de l'art mais cela n'est jamais méchant ou trop prétentieux. J'ai surtout apprécié qu'on ne tombe pas dans le burlesque ou des clichés gros comme des maisons, ce qui a tendance à m'ennuyer et à décrédibiliser le roman. L'écriture est fluide, ce qui fait qu'on avance très vite dans l'histoire.

Roman assez court puisqu'il ne compte que 218 pages, c'est un choix judicieux qu'a fait l'auteur de ne pas pousser à l'extrême son récit et de se contenter d'un nombre limité de pages. Certains lecteurs risquent de trouver cela succinct mais je pense que cela aurait retiré la saveur du roman.

En ces temps assez moroses malgré le soleil qui brille, j'ai beaucoup aimé cette lecture satirique qui m'a fait souvent sourire mais surtout qui ne m'a pas demandée de me retourner le cerveau. Il y a peut-être certaines maladresses mais au final, j'ai passé un bon de lecture et ce livre a rempli parfaitement sa mission.

Je remercie Babelio et la maison d'édition Intervalles pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la Masse Critique Fictions.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Une satire du cinéma français drôle et salutaire, malgré quelques maladresses. La première partie du livre est moins accomplie que la seconde parce que Fabrice Châtelain peine à y installer l'intrigue. On y retrouve tous les tics d'un premier roman (écrit par un homme) : tendance à faire étalage de sa culture, références aux swag et zeitgeist présumés du moment, usage peu homéopathique de la vulgarité et une bonne dose de misogynie que la nature profonde de son personnage, Joseph Paillard, ne suffit pas à excuser. L'autre protagoniste, Vincent, est l'archétype du looser parisien, jusqu'à la caricature. Mais à partir du moment où son scénario trouve les faveurs d'un producteur, le livre s'emballe et donne un aperçu pittoresque des coulisses de la construction d'un film, comme une version livresque et burlesque de « La nuit américaine » ou le penchant déjanté de l'appliqué « Making of » de Xavier Durringer, qui traitait du même sujet. Car le film se fera, malgré toutes les péripéties que la réalisatrice et son amant d'auteur devront surmonter. Les deux derniers chapitres sont particulièrement savoureux : à vous de lire pourquoi. Un roman imparfait certes, mais qui a le mérite de faire sourire, précieux miracle en ces temps de sinistrose aigüe.
Bilan : 🌹
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Strass et Paillard

Fraîchement recruté par la société "James Clean", spécialisée dans la vente de produits d'entretien aux professionnels, Vincent, jeune trentenaire cultivé aux ambitions contrariées, est chaperonné par un vieux renard de la vente. le "truculent" Joseph Paillard, un représentant fort en gueule dont les considérations ethnologiques "subversives" le rapprochent plus d'un Dupont Lajoie que de Levy-Strauss.

Or ce vieux vendeur qu'on se représente quelque part entre le Victor Lanoux d'Un éléphant ça trompe énormément et le Marielle de L'entourloupe, ne va pas se contenter de faire découvrir à ce jeune parisien les ficelles d'un métier peu glamour...

Et le lecteur suit avec un grand amusement les déboires du brave Vincent - vague blogueur culturel dont le plus grand fait d'arme est d'avoir interviewé Booba - qui mène de front deux combats titanesques bien différents : Sillonner les routes d'île-de-France en compagnie d'une encombrante grande gueule à la beauferie assumée, et séduire la charmante Noémie, apprentie réalisatrice rencontrée sur Tinder qui repousse avec une facilité déconcertante les assauts bien trop timides du jeune prétendant.

Ajoutons à cela des portraits d'artistes qui s'apparentent plus à des faiseurs parasitaires mondains qu'à de véritables visionnaires subversifs : Ken, caricature à peine cachée de Ben Vautier, et Ramda, une sorte de Joey Starr qui connait une réinsertion clinquante. Deux "ex-jeunes" jadis insurgés contre la société mais qui se sentent comme des poissons dans l'eau dans la bourgeoisie culturelle, toujours en demande de faux rebelles.

Et c'est l'un des points forts de ce premier ouvrage de Fabrice Châtelain, une sacrée galerie de personnages, et les situations très cinématographiques dans lesquels il plonge tout ce petit monde. le tout étant réalisé avec une maîtrise surprenante pour un premier essai : Ken, qui consulte les messages des "vrais gens" sur internet et qui constate avec une amertume non dissimulée que le grand public a la dent bien plus dure que les critiques qui le congratulent depuis des décennies (un public anonyme aux pseudos grotesques n'est pas plus ménagé par l'auteur, au regard de la teneur consternante des messages) ; le Maître, illustre professeur de théâtre épidermique et excessif dont le portrait plus vrai de nature évoque de J.L Cochet, découvreur des plus grands talents du théâtre français, et qui donne son feu vert à une distribution des rôles surprenante ; Jean-Philippe Troussier le journaliste ciné à la fois complexé et imbu de lui même, et enfin l'Ogre, le producteur de cinéma irascible Weinsteinien dont l'influence titanesque et les humeurs changeantes dénaturent tous les projets qu'il touche...

"En haut de l'affiche" jouit d'une écriture caustique, qui flingue avec un malin plaisir une certaine bien-pensance particulièrement démonstrative dans le milieu artistique. Les contradictions criantes des gens du cinéma s'étant récemment illustrées au cours de la dernière cérémonie des Césars. L'envie de dénoncer les dérives morales (de manière sélective) s'oppose à une solidarité de mauvais goût avec des amis criminels, et trahit une partialité loin des grandeurs d'âmes affichées discours après discours.

Vincent se questionnant lui même sur sa potentielle animalité en hésitant à profiter de l'état alcoolisé de Noémie. Il s'efforce d'adopter un comportement modèle, mais ne peut s'empêcher d'envier l'instinct de Paillard, son inconséquence et son impunité totale. Est-ce d'ailleurs si surprenant que le porc Paillard se fasse une place au soleil dans ce milieu ? La frontière est parfois mince entre le porc et l'homme respectable...

D'ailleurs, Jo Paillard est-il différent d'un Gérard Depardieu ? Si ce dernier n'avait pas fréquenté les cours de théâtre, que serait-il devenu ? Son négatif, le timoré Vincent, est un produit malheureux de son époque. le cul entre deux chaises, à la fois assez vieux pour être conscient des sensibilités actuelles déplacées qui vont jusqu'à l'impossibilité de se moquer des participants au salon Japan Expo :

"Quand on pense qu'à la fin des années 60, les jeunes se regroupaient pour changer le monde et qu'aujourd'hui ils se réunissent pour se déguiser en Sangoku ou en fraise Tagada..." Noémie parut agacée par cette considération qu'elle prit au premier degré, alors que Vincent tentait seulement de la faire sourire. Se définissant comme une partisane du "chacun sa culture", elle ne voyait pas en quoi une quelconque inclination pour les mangas pouvait constituer un motif de moquerie".

Vincent n'en est pas moins complice de cette modernité qui ne tolère aucun jugement de valeur et pour qui tout se vaut. Tout cas contraire serait sanctionné du terme "problématique". Il ne fait rien non plus pour s'élever contre ce déplorable sens de l'histoire, car il a conscience que des petites compromissions sont nécessaires pour faire adapter son projet ciné. Il ne vaut guère mieux que les centaines de courtisans qui pullulent dans ce métier. Son scénario se veut d'ailleurs brillant et exigeant mais il n'est sur le papier qu'un énième cliché de film creux et prétentieux.

Outre ce sens du détail qui crée une vraie connivence avec le lecteur, le côté fortement sarcastique rappellera par moment la série Entourage, qui se moquait des coups fourrés dans la production de film, l'envers du décor peu reluisant, les castings et les propositions inconvenantes. À ce titre, la brève analyse du déclin du cinéma français à travers les systèmes de production est implacable.

Ce style empreint de dérision est rafraîchissant, et ne se trouve plus guère que dans les livres de Marcel Aymé ou ceux plus récents de Patrice Jean (Revenir à Lisbonne). Un style accrocheur et souple qui trahit une adoration pour Simenon. Bref un "page turner" d'une efficacité folle.

Espérons qu'En haut de l'affiche soit le début d'une longue série. Car on ne compte que trop peu d'auteurs dotés de ce sens de l'humour et d'un style aussi vivant.
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Premier roman de Fabrice Châtelain qui n'est pas tendre avec les milieux intellectuels, artistiques et cinématographiques. Les ego sont boursouflés au-delà du raisonnable, les ambitions démesurées et certains prêts à toutes les compromissions, les mangers de chapeau, les renonciations voire les tournages de vestes si nombreux qu'on ne sait plus où est l'envers et où est l'endroit tant ils sont usés tous deux, pour avoir leur nom en haut de l'affiche. Vincent, jeune homme peu charismatique, "un type un peu inconsistant et mollasson dont les seules qualités se résumaient à son art de parler de certains livres et de certains films" est plongé dans un monde qu'il ne connaît pas et va de désillusions en déceptions.

Fabrice Châtelain est malicieux et cinglant. Ses portraits sont savoureux, on s'y croirait. On imagine assez bien certains de ses personnages, on les visualise. Et comme il cite, de temps en temps, de vraies personnes, on y croit encore davantage. A part un passage un peu longuet -une petite vingtaine de pages-, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette comédie. le chapitre 7, dans lequel l'auteur s'essaye à inventer -ou parodier- des commentaires sur les réseaux sociaux suite à une performance d'artiste au goût douteux, est d'une justesse et d'une bêtise incroyables. L'anonymat de ces moyens de communication permet aux plus crétins de faire preuve de toutes leurs potentialités et l'on est rarement déçu. Il montre également comment certains commentaires font d'un fait anodin un événement sur lequel vont s'écharper partisans et opposants, à coup d'invectives, d'injures, de mauvaise foi, de transformation ou d'invention d'informations, chacun réagissant à chaud sans réfléchir, comme si l'on se devait d'avoir une opinion sur tout.

Un premier roman réjouissant en ces temps moroses, qui fait sourire et même rire aux dépends des gens connus ou qui se voient comme tels et qui pour certains n'auront que le warohlien quart d'heure de célébrité, pas toujours grâce à leur talent.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"Il va tuer un homme, et la police va le rechercher. Il va devenir une proie, ce qu'il n'aurait jamais imaginé de sa vie ! Je vais te montrer des documentaires animaliers. On apprend beaucoup sur les hommes en regardant les animaux."
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"D'une façon plus générale, il en vint à penser qu'on entend des mots pendant des années sans se poser de questions sur leur signification réelle. Le langage lui semblait soudain constituer un monde parallèle qui transforme la perception du monde."
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"Renversant joyeusement tous les codes et jouant avec les genres, Noémie Thouroude nous donne une grande leçon de cinéma. [...]
Histoire d'un homme ?
Non, l'histoire de chacun d'entre nous."
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