AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Fadéla M`Rabet (46)


Le mépris du colonialiste a été si bien intériorisé qu'être pris pour un Européen est un hommage pour beaucoup d'Algériens. Dire à un Algérien "Ah, vraiment, ça ne se voit pas. j'ai cru que tu étais un Européen" est considéré souvent comme un compliment.
L'Algérie est un creuset, nous sommes le produit de multiples métissages et il y a une telle diversité que le regard est sans cesse sollicité, captivé. Plus qu'en Tunisie, plus qu'au Maroc, où les populations sont plus homogènes.
Si l'on pense qu'être pris pour un Européen est un compliment, c'est qu'on pense que l'Européen est un modèle de beauté. Le colon a tellement valorisé l'homme blanc que blanc est devenu synonyme de beau, intelligent, civilisé.
Il y avait des professeurs pendant la colonisation qui ne donnaient jamais la première place à une élève algérien, l'Européen devait rester indépassable. Cinquante ans après l'indépendance, les critères du colonisateur restent intériorisés.
Commenter  J’apprécie          10
L'attente est la composante essentielle de la vie des Algériens, avec son corollaire : le sentiment d'une vie provisoire.
Commenter  J’apprécie          10
Nous nous sentions tous dans le provisoire, en suspens dans une sorte de no man's land entre un passé glorieux et des lendemains radieux. Nous étions dans l'attente. L'attente de la "vraie vie". (P. 82)
Commenter  J’apprécie          00
Dans l'attente d'un "retour aux sources", les Algériens les regardaient [Les européens] vivre. Ils ne vivaient pas. Au spectacle de la vie, ils n'étaient que des figurants. Impatients de jouer les premiers rôles et sachant qu'un jour, ils sortiraient des coulisses où on les avait relégués. (P. 82)
Commenter  J’apprécie          00
C'était le soir. Nous étions sur la terrasse, Rachida venait d'avoir vingt et un ans. J'en avais seize. Je lui lançai en riant : " Alors, tu es libre, maintenant ! "

Mon père se leva d'un bond et me gifla : " Parce que tu as un peu d'instruction, tu ne te sens plus ? ricana-t-il. Mais tu le dois à qui ? Je peux du jour au lendemain te renvoyer au néant. C'est par ma volonté et par elle seule que tu existes ! Sans moi, tu n'es rien, tu ne seras jamais rien ! Sache que moi vivant, tu n'auras jamais ta majorité !"

J'étais anéantie. Chacune de ses paroles était un coup de couteau, son regard méprisant, une mise à mort. Je voulais entrer sous terre. J'aurais aimé n'avoir jamais existé.
Commenter  J’apprécie          00
Nous étions entourés de femmes que nous ne voyions jamais vivre pour elles-mêmes. Elles étaient en permanence gestantes ou allaitantes. C'était, comme chez Andy Warhol, les mêmes images qui se répétaient à l'infini dans l'espace et dans le temps. Des images de Mater Dolorosa. Ces femmes perdaient souvent leur nouveau-né. Petit à petit, les cris de joie se confondirent pour moi avec les cris de désespoir de la mère quand elle perdait son enfant.

Par la suite, dans le premier cri d'un bébé, j'entendis sonner le glas et vis dans toute mise au monde, une mise à mort. (P. 69)
Commenter  J’apprécie          00
La structure familiale de mon enfance m'a rendue réfractaire à tout sectarisme. Il m'est impossible de me déterminer à partir de liens de parenté, puisque pareils liens, pour moi, n'existaient pas.

Comme en outre la famille était très ouverte sur le monde extérieur, nous nous sentions concernés par la vie de chacun : quand l'un avait la migraine, nous souffrions avec lui. Finalement, très tôt, nous nous sommes identifiés à tout homme, à toute femme. (P. 62)
Commenter  J’apprécie          00
Nous évoluions dans un espace sans frontières. Pour nous, la propriété privée n'existait pas. L'idée ne venait à personne de dire mes chocolats, mon bol, mon assiette, mon lit, ma place - mon père, ma mère. On partageait comme on respirait. (P.60)
Commenter  J’apprécie          00
Au mysticisme de ses fils, aux superstitions des femmes qui l'entouraient, elle opposait son réalisme. Solidement campée sur ses jambes, le regard narquois, elle avait toujours l'air de nous dire : "Pourquoi vous épuiser à contrecarrer la nature ? C'est la plus juste. Il vaut mieux l'apprivoiser. ça n'exclut pas la dignité." Son port de tête souverain l'attestait. Les citadins de Skikda tremblaient devant Dieu, Djedda la terrienne pactisait avec la nature. (P.49)
Commenter  J’apprécie          00
En ville, le mari appelait sa femme Elle. (Hia en arabe), sa femme l'appelait Lui (Houa). Aucune femme, sous peine de passer pour une délurée, n'enfreignait cette règle. Tous les hommes étaient donc des Houas, toutes les femmes, des Hias. C'est peut-être pourquoi les hommes et les femmes de la vie étaient si souvent interchangeables. (P.48)
Commenter  J’apprécie          00
Le ton, chez tous, manque souvent de naturel : ton faussement égalitaire des gens de gauche, qui s'imaginent abolir les différences de classe par le tutoiement, ton paternaliste des libéraux, ton condescendant des nantis. Rares sont ceux qui trouvent le ton juste. (P. 45)
Commenter  J’apprécie          00
Tant qu’il y aura des chasseurs, tant qu’il y aura des guerriers, des enfants mourront comme des oiseaux
Commenter  J’apprécie          00
Aujourd’hui, comme souvent en Flandres, la brume efface la ligne d’horizon et le ciel et la mer ne sont plus séparés
Commenter  J’apprécie          00
Surgi de ma mémoire se dresse sur la mer un beau visage de Magritte. Un visage de femme, très pale, comme pétrifié. A sa tempe, une blessure qui ruisselle de sang
Commenter  J’apprécie          00
Nous restons blessés par des mots dont les échos nous font souffrir avec la même fulgurance
Commenter  J’apprécie          00
Leur combat est alors plus dur que celui des démocrates sous une dictature, parce que leur combat pour l’égalité reste un combat « prématuré ». Un combat jamais d’actualité
Commenter  J’apprécie          00
Pour ne pas partager avec leurs peuples les revenus du pétrole, les potentats ont fait du Dieu humaniste de l’islam, qui proclame que tous les hommes sont égaux, un Dieu jaloux de son pouvoir, un potentat à leur image, devant lequel il n’y a a pas de salut sans prosternation perpétuelle
Commenter  J’apprécie          00
Toutes mes peines naissent d’elle et c’est en elle que meurent toute les joies
Commenter  J’apprécie          00
Elles formaient un orchestre sans notes discordantes, dont tous les musiciens jouaient du même instrument, et dont la partition n’était composée que d’un refrain
Commenter  J’apprécie          00
Je suis à la fois un grain de sable, une rose des sables, une dune, une gazelle, une étoile. Solitaire comme un palmier, solitaire comme une palmeraie
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Fadéla M`Rabet (24)Voir plus

Quiz Voir plus

Lire, Ecrire ou Dormir ?

" .......... " avec ceux qu'on aime ( Gilles Leroy )

Lire
Ecrire
Dormir

14 questions
265 lecteurs ont répondu
Thèmes : lire , dormir , écrire , littératureCréer un quiz sur cet auteur

{* *}