Fernando J. Lopez

- Dieu je suis désolé de ne pas te plaire;
vraiment, mais si je dois être franc, je crois que je devrais te confesser quelque chose: je ne t'aime pas non plus.

- ce que tu proposes me fait penser aux arguments homophobes de beaucoup de thrillers des années quatre-vingt-dix, dans lesquels l'homosexualité était utilisée comme un appât malsain afin de la stigmatiser ensuite en tant que germe des crimes les plus atroces. ( p 170)

Il se peut que tout ça ne soit rien d’autre que la conséquence d’une société erratique qui ne sait plus comment canaliser sa rage. Le résultat d’un âge – le leur ou le nôtre ? – qui ne sait pas comment canaliser sa colère.

Il se peut que tout ça ne soit rien d'autre que la conséquence d'une société erratique qui ne sait plus comment canaliser sa rage. Le résultat d'un âge - le leur ou le nôtre ? - qui ne sait pas comment canaliser sa colère.

Parce que l'enfance c'est de la merde, tu piges rien et après, tout à coup, tout te pète à la gueule. Comme si, en cadeau pour tes quinze ans, on t'offrait une entrée gratuite pour l'Enfer. Tiens, la voilà, la putain de réalité.

Ce boulot a quelque chose d'un one man show, il faut juste faire semblant, s'inventer un personnage et s'y tenir. Moins tu t'impliques, mieux tu t'en sors. Et de cette façon, parfois, ils arrivent même à apprendre quelque chose. P125

"Généralement, tu travailles plus d'heures que celles que l'on te payes pour la simple raison que "c'est bien pour tes lecteurs"? Donc, ici c'est un peu pareil. Le salaire est bon, oui, mais il n'invite pas à s'engager davantage. Et si tu t'impliques, personne ne te remercie. Qui plus est, avec un peu de chance, on te punit. p. 223

[...] Marcos, comme n'importe quel autre garçon de son âge, avait passé plus de temps au lycée que chez lui. Ma théorie était basée sur ça. Sur jusqu'à quel point le temps que nous passons entre ces murs pendant notre adolescence nous conditionne. Si nous faisons un effort, il n'est pas si difficile de se rappeler comment chacune de ces minutes nous ont marqués. Comment ces murs deviennent les autres limites de notre monde, le seul, d'une certaine façon, comme s'il s'agissait d'un jeu de réalité virtuelle.

" Ici nous sommes les seuls à prendre de l'âge, tu vois ? Pas eux. Eux, ils arrivent toujours avec le même âge. quinze. Seize. Dix-sept. Dix-huit. C'est nous qui chaque fois sommes un peu plus loin d'eux. Et beaucoup plus fatigués. Mais le public est le même chaque année. Et avec la même énergie, lui." p 70

Je le trouvais sympa et ici, peu importe ce qu'ils disent maintenant, personne ne s'imaginait qu'il puisse être un monstre. Mais, étant donné que je ne suis pas psychologue - philologue c'est déjà bien, vu combien j'ai eu de mal à avoir mon diplôme - je ne suis pas sûr non plus que l'on puisse le traiter de monstre. Peut-être bien que nous en avons un en chacun de nous et que nous sommes des salauds en puissance, sauf que certains se contrôlent et d'autres pas.

Il ne s'agit pas de mon livre, Sonia. C'est bien plus que ça. ... Il s'agit de quatre adolescents que la vie a frappés avec une telle force que, si nous ne le faisons pas à leur place, je doute qu'ils soient capables de se défendre par eux-mêmes.
page 175

A ce moment-là j'avais juste l'impression qu'Eduardo était un baveux, un de ceux qui te saluent en te regardant tes nichons et qui ont les mains baladeuses de temps en temps. Mais aujourd'hui je sais qu'il était avant tout un harceleur, un de ces connards qui se servent de leur statut pour profiter des personnes plus faibles qu'eux. (p 195)

Je suis arrivé très tôt à Madrid,parce que chez moi je n'en pouvais plus. Là-bas non plus, ils ne dialoguaient pas beaucoup...En réalité, je n'ai pas entendu beaucoup de mots sortis de la bouche de mon père. Par contre , des baffes, oui, beaucoup de baffes. Sans aucun motif, ni rien pour les justifier. Je pense qu'il avait du mal avec mon cas, c'est pas un père moderne et tout ça. Il est de ceux qui continuent à penser que nous sommes des dégénérés, des pédés, des pervers.

La quête de soi-même est un processus trop complexe, et personnel, un chemin aux formes changeantes selon qui y transite. Parfois c'est une vérité immédiate, une certitude depuis l'enfance. Parfois c'est une interrogation qui trouve des réponses à l'adolescence ou dans la première et agitée jeunesse. Et parfois c'est une ombre qui cohabite avec son maître jusqu'à ce que, déjà adulte, il découvre que cette ombre a une vie différente de celle qu'il s'est construite. Il ne s'agit pas de mentir, ni de faire semblant, ni de porter un masque. Il s'agit de quelque chose de si délicat et de si abstrait, "l'identité". Il serait ridicule de prétendre que nous trouvons des réponses à ce que nous sommes lors de notre premier questionnement. Tout aussi ridicule de nous en tenir aux étiquettes et devenir hétéro, bi pu gay sans nous être cherchés. Sans nous être découverts.
page 179

Quand je dis foncer dans le monde du travail c'est un euphémisme pour dire qu'ils vont rester à la maison - à pourrir l'a vie à leurs parents - ou dans un parc - à pourrir la matinée aux retraités - dans la file de Pôle Emploi - à pourrir l'attente des autres chômeurs. Après, avec un peu de chance, ils vont se raccrocher à d'autres études quelconques et vont finir par appartenir à cette grande masse de jeunes préparés à rien que notre piètre système éducatif forme si efficacement.
page 79

Parce que c'est ça un lycée, un microcosme où la vie a son propre rythme, ses propres habitants et même ses propres lois. Encore étranger à tous ces codes, j'ai cherché dans mon emploi du temps mon premier cours: B1E.
pages 49-50