Fiona Leitch

La dernière fois que j'avais proposé ce genre de prestation, à l'occasion du mariage de mon vieux pote Tony Penhaligon, la fête avait été gâchée par l'irruption d'un cadavre. Qui n'avait même pas son carton d'invitation.

S'il avait tenté quoi que ce soit, il aurait eu affaire à moi, affirma ma mère avec véhémence. J'ai suivi des cours de self-défense pour vieilles dames à la salle communale ; Je l'aurai frappé avec mon sac à main ; ensuite, je lui aurais donné un bon coup de coude dans les roubignoles, et je l'aurais achevé d'un coup de clés dans les yeux.

Il avait un sourire à détendre l'élastique d'une culotte de nonne !

Maurice a donné une série de petits coups cristalins sur sa flûte à champagne - à sa place, j'aurais beuglé : " EH ! OH !" jusqu'à ce que tout le monde se taise, ce qui est probablement la raison pour laquelle je n'ai jamais percé en tant qu'oratrice.

RUFUS ! AU PANIER !
Cette femme avait tellement d'autorité que j'ai bien failli filer moi-même au panier du clebs, mais je me suis maîtrisée.

Je me laissai glisser sur mon siège en jettant un coup d'oeil à Debbie. Elle m'imita aussitôt.
- De qui faut-il se cacher ? s'enquit-elle dans un murmure.
- De l'inspecteur-chef Withers.
Elle m'adressa un grand sourire, dont je m'efforçai de faire abstraction.
- Il m'a déjà envoyée paître deux fois aujourd'hui ; il ne faut pas qu'il me trouve ici...
-- OK...Par contre, j'ai déjà vu des gens faire ça dans les films et juste au moment où ils pensent qu'ils sont tirés d'affaire...
Deux petits coups sur la vitre de mon côté nous firent sursauter toutes les deux. Je soupirai ; même pas besoin de regarder pour savoir de qui il s'agissait.
- Ouais, fis-je. Je crois qu'on a vu les mêmes films.

Tony me consulta d'un regard impuissant. Apparemment, c'est un effet que je produisais sur les hommes ; arrivés à un certain stade de notre relation, ils finissaient toujours par me regarder avec impuissance.

Par la porte ouverte, je vis Brenda prendre son fils dévasté dans ses bras et le serrer contre elle. On est jamais trop vieux pour un bon gros calin de sa maman, songeai-je.

Après tout, je le connaissais à peine. Cela dit, j'étais avec mon ex, Richard, ce connard de coureur de jupons, depuis dix ans quand j'avais appris qu'il me trompait, donc parfois, le temps passé avec une personne ne veut rien dire du tout.

Qu'est-ce que vous n'avez pas compris dans " ne vous mêlez pas de ça" ?

Les gens accrochent les tableaux là où ils prennent la lumière, le soleil les décolore, ou alors le taux d'humidité de la maison est trop élevé ou trop bas, la toile commence à se dessécher, la peinture craquelle, etc...

D'un coup, j'ai décidé que je ne pouvais vraiment pas la piffer, et pas seulement parce qu'elle n'avait pas aimé mes amuse-gueules.

Plus une enquête s'éternise, moins elle a de chances d'aboutir.

Son haleine aurait pu écailler la peinture des murs d'une étable à six mètres.

Je suis maman, moi. En général, les moments les plus palpitants de ma vie, c'est quand je parie sur l'enfant qui vomira en premier pendant un long trajet.

L'idée de passer la matinée assise dans une salle paroissiale en compagnie de petits vieux, avec une tasse de café soluble tiède, ne me parut pas des plus passionnantes (bizarrement), mais peut-être avais-je eu mon content d'activités palpitantes ces derniers jours. Peut-être qu'une matinée paisible (barbante) à écouter ma mère et ses camarades parler de varices, loin de tout ce qui s'apparentait à du travail, était exactement ce dont j'avais besoin pour faire le vide et être un peu plus objective.

--Crôa ! Crôa !
Ma mère. Qui poussait des cris d'oiseau ridicules. Ça avait l'air urgent. Soit elle se faisait agresser par une volée de mouettes (la mouette cornique a la réputation d'être coriace), soit Roger Laity rappliquait.

Derrière nous, légèrement moins majestueuse, se trouvait ma fidèle camionnette, la Masomobile - si elle s'appelait comme ça, c'est que je l'avais rachetée a un ancien vendeur de sous- vêtements coquins et, euh... d'accessoires pour le couple.

Il m'adressa un sourire espiègle, qui me donna littéralement chaud partout. Je ne pensais pas qu'il soit possible de rougir des orteils ; pourtant, c'est ce que firent les miens à cet instant.

Je me suis réveillée de bonne heure le lendemain et suis descendue en pyjama, après, bien sûr, m'être passé de l'eau sur la figure pour effacer toute trace de bave nocturne, après m'être brossé les dents pour me débarrasser de l'haleine du matin, et m'être ébouriffé les cheveux avec soin pour donner l'image d'une femme naturellement hyper-sexy au saut du lit. Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai beau dormir paisiblement, le matin, mes cheveux donnent toujours l'impression que j'ai passé la nuit à m'adonner à un étrange rituel païen dans des buissons d'ajoncs, en compagnie d'une meute de blaireaux enragés.