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3.14/5 (sur 7 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Corbigny (Nièvre) , le 25/10/1872
Mort(e) à : Paris , le 18/10/1934
Biographie :

Franc-Nohain était le pseudonyme de Maurice Étienne Legrand. Au lycée Jeanson de Sailly, il fonde avec André Gide et Pierre Louÿs POTACHE REVUE.
Avocat et sous-préfet,il aime trop la littérature pour se confiner à ces deux professions et se met à publier des poèmes, notamment dans la revue LE CHAT NOIR, se réclamant de la poésie amorphe; très vite il écrit aussi des fables, des contes, des romans, des chansons, des opérettes et même un opéra en un acte pour Debussy, L'HEURE ESPAGNOLE.
Sa femme, Marie-Madeleine Dauphin, écrit et illustre des livres pour enfants.
Ils auront deux fils, Jean, dit Jaboune (du nom d'un personnage de son père), dit Jean Nohain, dont le parrain fut Alfred Jarry. qui animera des émissions de radio pour les enfants. Claude, décorateur, puis comédien, qui deviendra Claude Dauphin.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
L'ÂNE BLEU


C'est l'histoire d'un âne bleu
Qui était très malheureux :

Il avait mal aux oreilles,
Ça lui bourdonnait dedans,
Avec des douleurs pareilles
À quand on a mal aux dents.

Il s'en fit arracher une,
Il s'en fit arracher des ;
Mais quand il n'en eut plus une,
Comme il était embêté !

Les bourdons qui bourdonnèrent,
C'était les mots aigre-doux,
Les propos que les jaloux
Tiennent de loin, par derrière ;

S'être fait, par infortune,
Arracher toutes les dents ;
Contre ces vilaines gens
N'en pouvoir plus garder une...

Et c'est l'histoire de l'âne bleu,
Qui était si malheureux.

p.77-78

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     LE POISSON ROUGE


Il semblait que, dans le bocal où on l’avait mis,
Le poisson rouge eût nettement compris
Combien sa situation était fausse :
Ah ! il n’avait pas l’air d’être à la noce,
Je vous le garantis.

On avait bien cherché à lui être agréable :
On avait orné le bocal avec du sable,
Et des petits coquillages rapportés exprès d’Houlgate,
Ce qui était, convenez-en, une attention délicate ;

Avait-on négligé d’élégantes rocailles ?
On avait ajouté des branches de corail,
Un baigneur en porcelaine, et un bateau ;
On avait même essayé d’installer un jet d’eau,
Dans le genre, en plus petit,
De celui qui est à Versailles :
Il est vrai que l’on n’y avait pas réussi ;

Mais enfin, tout ce qu’on peut faire dans un bocal,
Tout ce qui est humainement possible,
On l’avait fait, — ce n’était pas déjà si mal,
Pour un poisson rouge qui, en définitive,
N’avait aucune raison de se montrer trop difficile.

Et pourtant, autour du petit baigneur en porcelaine,
Le poisson rouge tournait, tournait comme une âme en peine.

En le regardant avec persistance,
Je finis par m’apercevoir
D’un détail auquel je n’avais pas attaché d’importance
Et qui ne laissait pas cependant d’en avoir :

Le poisson rouge, — était-ce un rêve ? —
Remuait, remuait régulièrement les lèvres,
Les lèvres... ou enfin la bouche, les mâchoires,
Bref, vous appellerez ça comme vous voudrez
L’appeler,
Mais le fait patent, le fait certain, le fait notoire,
C’est que le poisson rouge semblait avoir à me parler.

Seulement voilà, — et souvenez-vous-en,
Jeunes gens,
Qui du Conservatoire affrontez l’examen, —
Malgré l’attention la plus scrupuleuse,
Même en le prenant dans ma main,
Pour le comprendre tous mes efforts restèrent vains :

Son articulation était trop défectueuse ;

Et comme, d’autre part, il ne pouvait l’écrire,
Je n’ai jamais su au juste ce qu’il voulait me dire.

pp.82-85
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CANTILÈNE DES TRAINS QU’ON MANQUE


Ce sont les gares, les lointaines gares,
Où l’on arrive toujours trop tard.

— Belle-maman, embrassez-moi,
Embrassez-moi encore une fois,
Et empilons-nous comme des anchois
Dans le vieil omnibus bourgeois !

Ouf, brouf,
Waterproofs,
Cannes et parapluies,
Je ne sais plus du tout où j’en suis...

Voici venir les hommes d’équipe,
Qui regardent béatement, en fumant leurs pipes.

Le train, le train que j’entends,
Nous n’arriverons jamais à temps,
(Certainement !) —

— Monsieur, on ne peut plus enregistrer vos bagages,
C’est vraiment dommage ! —

La cloche du départ, oui, j’entends la cloche ;
Le mécanicien et le chauffeur ont un cœur de roche,
Alors, inutile d’agiter notre mouchoir de poche …

Ainsi les trains s’en vont, rapides et discrets,
Et l’on est très embêté, après. —

p.125-126
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LA LOCOMOTIVE REGARDE UNE VACHE EN PASSANT


Calme, immobile,
Dans le petit pré tranquille, au long de la ligne,
C’est une vache qui rumine.

Pour tant de vaches qui regardèrent
Passer des chemins de fer,
Il convient aussi qu’on le sache,
Il y a des locomotives qui regardent les vaches.

Et c’est avec des yeux d’envie,
Leurs gros yeux rouges,
Qu’elles contemplent les prairies,
Où, paresseuses, l’on se couche,
Et l’on flâne en se divertissant au vol des mouches...

Laisser monter en soi le vin de la paresse,
Suivant le mot
D’Arthur Rimbaud !...
Mais, quand on est locomotive, il faut
Qu’on parte, et reparte, et se presse.

(Car ce n’est pas à dix-huit, ni à seize,
C’est à dix-sept,
Qu’inéluctable est la correspondance de l’express
Avec le rapide Bordeaux-Cette.) —

Ah ! la préoccupation de l’horaire,
Quand il ferait si bon s’étendre
Sur l’herbe tendre,
Dans le pré vert !...

Mais il faut poursuivre la tâche,
En marche ! en marche !
Sans relâche...
Et c’est avec des soupirs de regret,
Que passe la locomotive au long des prés,
Où sont immobiles les vaches,

Et songe en regardant les veaux
Batifoler près de leur mère,
Songe à l’impossible chimère,
Et se détourne le cœur gros, —

Jouir en paix de la nature,
Avec une progéniture
De petits locomotiveaux...

p.4-5-6
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     LES POULES EN VOYAGE


Les poules dans les trains menées,
Les poules sont fort étonnées,
Mais la nouveauté les ravit ;
Aucune d’elles ne se doute,
Toute
Aux curiosités de la route,
Que, si on les promène ainsi,
On les envoie, c’est pour les vendre,
À la ville vorace et gourmande,
Et friande
De leur chair délicate et tendre.

Il est bon de voir du pays :
— Vraiment, disent-elles, on gagne
À sortir un peu de chez soi,
Un esprit plus délié et moins étroit :
On ne peut pas rester toujours à la campagne. —

Et les poules admirent et s’amusent :
Pouvoir s’arrêter un moment (par quelle ruse ?)
Et aller, comme les moineaux,
Se percher, entre les poteaux,
Sur les fils télégraphiques,
Qui vont tantôt, c’est magnifique,
Si vite, si vite,
Tantôt en bas, tantôt en haut, —

Aller jouer, avec les moineaux, aux montagnes russes.

p.32-33
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LIVRE IV/FABLE XIV
LE BOUCHON ET LA BOUTEILLE DE VIN
DE CHAMPAGNE


De la bouteille de champagne,
Le bouchon, faisant le bouffon,
Est-ce l'ivresse qui le gagne ?
Pète et bondi jusqu'au plafond.
Une fois au plafond, il en faut redescendre,
Hélas ! c'est la commune loi,
Et si merveilleuse que soit
La vertu du vin champenois,
Notre bouchon ne peut prétendre
Demeurer en l'air suspendu ;
Bref, le voici redescendu,
Qui roule à terre
Dans la poussière,
Sur le tapis
Parmi
les miettes
Les vieux bouts de cigarettes,
Et autres rebutants débris ;
Pour son rêve,
Triste réveil :
Lui qui voulait monter jusqu'au soleil pareil
Au vin dont il se grise, ainsi que lui vermeil
Son exaltation fut brève…
— Le mieux, dit le bouchon, avant qu'on ne l'enlève,
Est le regagner au plus tôt
Le goulot
De la bouteille chère à la Veuve Clicquot ! —
Donc, vers son asile ancien,
Le bouchon penaud s'en revient ;
Hélas ! il se comprime en vain :
L'étui de verre,
Quelle affaire !
Est maintenant bien trop étroit pour lui,
Tant, lorsqu'il se croyait son maître,
Et du ciel rêvait la conquête,
L'ambitieux s'était épanoui…
La liberté donne des habitudes
Auxquelles il est malaisé
Par la suite de renoncer :
Reprendre le carcan d'autrefois semble rude,
Et l'on aura beau s'efforcer,
On n'aura plus ni le goût ni la mine
De se laisser imposer
Les anciennes disciplines.

p.137-138-139
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PRÉLUDE


      Ah ! comme ça va,
      Comme ça va donc vite,
      Comme ça va donc bien,
      En chemin de fer !...



Nous chanterons le P.-L.-M.
Et, de même,
L’Est,
L’Ouest,
Et le Midi ;
Et nous chanterons aussi,
— Si cela ne vous ennuie,
Honorable compagnie ! —
Nous chanterons encor
Du Nord,
Et de l’État, et d’Orléans, les Compagnies,

(Sans préjudice, bien entendu, de quelques mots
Pour les réseaux
Économiques et départementaux) ;

Car c’est le temps de prendre l’air
En des voyages circulaires :

C’est le temps des chemins de fer.

À la campagne, ou vers des plages, ou vers des thermes,
En d’autres termes
Ailleurs, ailleurs,
Nous allons, pâles voyageurs,
Quérir la santé, la fraîcheur,
Le repos, et le lait des fermes :

Le mouvement est dans les gares,
Car
Le temps est d’aller autre part.

Et nous croyons bon qu’on écrive
Ces chants sur les locomotives
Qui nous mènent à travers champs,
Nous qui voulons calmer les peines,
En cherchant,
Pour la mettre à portée des gens,
Des pauvres inquiètes gens,
Qui s’agitent, qui se démènent,
Ou se promènent,

La poésie des choses quotidiennes.
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ROMANCE DU GENDARME


Bon voyageur qui partez en voyage,
Vous demandez ce que je fais ici :
Si vous avez consigné vos bagages,
Sachez que, moi, j’ai ma consigne aussi ;
D’ailleurs, je vais vous conter mon histoire,
Et, quand je vous aurai tout révélé,
Certainement il vous sera notoire
Que j’aimerais beaucoup mieux m’en aller.
                       Ensemble :
Qu’il aimerait beaucoup mieux s’en aller.

J’avais, jadis, une épouse chérie,
Dont j’adorais l’esprit et les attraits :
Sait-on jamais, alors qu’on se marie,
Sait-on avant ce que sera après ?
En attendant, plein d’une douce ivresse,
Et confiant dans ses chastes serments,
Je l’entourais d’estime et de tendresse,
Avec mon cœur de soldat et d’amant.
                       Ensemble :
Avec son cœur de soldat et d’amant.

Chaque matin, elle allait, la parjure,
En cette gare, y vendre des journaux :
Peut-être bien les mauvaises lectures,
Presse maudite, auront causé mes maux !
Bref, un autre homme avait fait sa conquête,
Un soir, hélas ! je l’attendis en vain :
À mon chapeau préférant sa casquette,
Elle est partie avec un chef de train.
                       Ensemble :
Elle est partie avec un chef de train.

Et maintenant les besoins du service
Ces tristes lieux me forcent à revoir ;
Chaque wagon m’est un nouveau supplice,
Je viens pourtant, esclave du devoir.
Mais pour cacher le trouble de mon âme,
Pour échapper au spectacle odieux
Des compagnons du séducteur infâme,
Quand passe un train, je détourne les yeux.
                       Ensemble :
Quand le train passe il détourne les yeux.
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LE SOLEIL ET LES QUATRE JEUNES FILLES


       Quatre jeunes filles.
Appartenant à d’excellentes familles
             De la ville,
Se perdirent un soir — peut-être, à dire vrai,
      L’avaient-elles fait exprès —
     Bref, se perdirent dans la foule,
En sortant de l’église Saint-Philippe-du-Roule.

Six jeunes gens qui, eux, sortaient du régiment,
           Probablement,
       Leur demandèrent poliment,
       Selon la mode parisienne,
       Si cela leur ferait plaisir
De venir avec eux dans un café se rafraîchir :
La chaleur, en effet, était diluvienne,
     — Moi, je veux bien que l’on m’emmène,
     Dit la première. — Et la seconde dit :
             Moi aussi ! —-
La troisième ajouta : Si cela ne vous gêne,
     Ma foi ! ce n’est pas de refus !
     — Ah ! franchement, ni moi non plus,
     Conclut enfin la quatrième. —
Et les voilà partis, bras dessous, bras dessus :
  Tant il est vrai qu’en ce pays de France,
On a vivement fait de lier connaissance.

     Tous les dix entrent sans retard
Dans le premier café, et demandent un quart :
      (On désigne de cette manière
     Certaine quantité de bière) ;
     Mais les quarts n’étaient pas venus,
     Que tous dix étaient déjà bus.
     Le garçon en apporte d’autres,
     On lui en fait rapporter d’autres ;
     Et les quarts succèdent aux quarts,
     Et puis les demis aux demis ;
     Et l’horloge dit : — Moins le quart ! —
     Et l’horloge dit : — Et demie ! —

— Amis, l’heure a sonné d’aller boire autre part !
Messieurs, au bar ! Messieurs et Mesdames, au bar !
Cette bière, vraiment, avait trop de faux-cols :
     Allons les blanchir dans l’alcool !

     Et, pris d’une soif nouvelle,
Les voilà, de nouveau, buvant comme des outres
         Des boissons telles
         Que des cocktails
     Au gin, et même au vermouth,
            En outre.

Je vous laisse à songer dans quelle anxiété
Était plongée, pendant ce temps-là, la famille
     De nos quatre jeunes filles :
Père, mère, cousins, toute la parenté,
     Les cherchaient de tous les côtés,
     — Sans parler des sergents de ville ;
Mais ces derniers (soit dit tout bas à monsieur Blanc),
     Se bornaient à faire semblant,
Préférant, par tempérament, rester tranquilles.
La mère, cependant, avait eu la pensée
     De fouiller les Champs-Élysées ;
     Oh ! nuit tragiquement passée !...
Elle était là, n’en pouvant plus, tombant
           De banc en banc, —
Quand, dans le demi-jour matinal, apparurent
             Deux voitures,
     Ou de jeunes femmes, perchées
     Sur le siège du cocher,
Faisaient retentir l’air de leurs refrains gaulois.
     — Ces voix !... je reconnais ces voix !...-
Dit la mère, guidée par l’instinct maternel :
     C’étaient nos quatre péronnelles,
     Et vous devinez, n’est-ce pas,
           Dans quel état !...
     La mère crie et les appelle ; —
Mais le soleil, dardant ses rayons d’or, soudain,
Sous les yeux consternés de leur mère éplorée,
     Les but ainsi que rosée du matin...

      Et tel fut l’étrange destin
      Des demoiselles évaporées.
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L’Arrosoir et la Pluie

Avec dédain et raillerie
La pluie
Regardait l’arrosoir joufflu s’époumoner
À donner
Aux pauvres salades flétries,
Aux petits pois atteints de la pépie,
Aux tristes fleurs du jardinet,
Une eau rapidement tarie.
— Le malheureux arrive à peine à les mouiller,
Dit-elle,
En dépit de son zèle
Il n’a pas de sa tâche accompli la moitié :
Si moi-même
Je ne m’en mêle,
Ces plantes vont sécher sur pié,
Et vraiment c’est une pitié !...
Aussitôt dit, la pluie, en trombe,
Tombe,
Tombe, et bientôt tout le jardin
Est transformé en flaques,
En lac,
N’est plus que rigoles,
Ravins,
Tant et tant elle dégringole ;
Fleurs, légumes, atteints par un même destin,
Ne forment plus qu’un horrible mélange
Et gisent noyés dans la fange ;
Et la pluie, encore et toujours,
Toute fière d’un si beau tour,
Tape sur l’arrosoir comme sur un tambour.
— Voilà comme je suis, voilà comme j’arrose !...
Moi, je fais grandement les choses !...

L’excès en tout est un défaut :
On l’a dit avant moi, en vers ainsi qu’en prose ;
De l’eau
Il en faut
Mais pas trop,
Et le mal et le bien sortent des mêmes causes ;
Les dons heureux dont tu disposes
Ne vaudront que trouble et tourment,
Sans la mesure et le discernement.
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