Dans le matin bleu
laisse jouer le silence
cueillir la caresse suspendue
aux rideaux de la chambre
déjà la vie frémit
sous la simplicité des choses:
le pierrolaire
né autrefois
le tabouret de sapin
taillé dans la rudesse des jours
les fleurs de montagne
fragile hommage aux enfants
aux carreaux de la fenêtre
un mélèze ouvre le ciel
annonçant une neuve douceur
(p. 27)
S'asseoir
au matin
sur un linge
de silence
au vif
de la présence
laisser couler
en soi
le sable
de l'instant
A fouler
le pré de l'été
chaque pas
soulève
une offrande
un poudroiement
de graminées
un souffle bleu
de papillons
une invitation
à célébrer
les noces du regard
et de l'instant
Ciel plombé de néant
[…]
Rues labourées de silence
une à une les histoires s'effritent
l'humanité se craquelle
les cœurs sont lézardés
où recueillir la dernière buée
d'espérance ?
(p. 13)
Le Plus-que-vivant
ne meurt pas
d'une belle mort
il choisit d'être
un homme interrompu
il entre dans le rang
des bannis à qui
ne reste que le cri
hurlé
des bas-fonds
de l'épouvante
Que je dorme ou je veille
Que je parle ou je me taise
Que je marche ou je me repose
Que je rie ou je pleure
Que je sois en paix ou en souffrance
Donne-moi, Seigneur, d'être
Avec toi, en toi et pour toi
Toi qui es avec nous, en nous et pour nous
Aujourd'hui, demain et pour les siècles des siècles !
On vit parfois sans être là
On effleure les heures en funambule
On marche dans les rencontres en somnambule
On se laisse faire et défaire
Par le ressac des jours
Et l’on se retrouve soudain
Jeté sur un rivage dont on n’a pas la clé
Par paresse et par facilité
On aimerait que vivre aille de soi
Mais rien n’est donné sans que nous soyons là pour le désirer
Je suis de glaise
Tu es de souffle
je suis de cendre
Tu es de braise
je suis de miettes
Tu es de pain
je suis de larmes
Tu es de source
je suis d'impasses
Tu es de chemin
je suis d'absence
Tu es de veille
je suis de houle
Tu es de paix...
viens rouler la pierre
de mes enfermements
que Ta vie enfin
traverse de Toi à moi !
Commencer
par asseoir
sa journée
sur un linge
de silence.
Descendre
au profond
de soi,
en dessous
des maux,
en dessous
des mots,
dans ce lieu
sans lieu
où s’annonce
la rencontre.
Ne rien vouloir
sinon
être là,
dans l’ouverture
à ce qui vient.
Se laisser
faire
et défaire
par la pulsation
de l’éphémère
jusqu’à
cet agenouillement
du dedans
qui signe
la vraie
prière.
Nous sommes ce que nous abritons et consentons à partager au large de l'amour, jour après jour.