Ma sœur ne m'avait jamais gratifié d'un encouragement, d'un baiser tendre ou d'un mot d'amour, mais quelque chose en elle m'assurait que de toutes les personnes que j'avais connues, elle était celle qui m'aimait le plus, la seule qui ne s'agacerait jamais de mes enfantillages, la seule à ne pas s'impatienter, à ne pas prendre ombrage de mes maladresses. L'amour de Vinciane pour moi n'avait pas de fenêtres, pas de jardin, pas de porte, rien qui laisse passer la lumière, c'était un donjon de pierre, massif et inébranlable, un amour de granit, austère mais éternel.