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3.78/5 (sur 9 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Franck Leduc écrit des romans et des nouvelles depuis 1996.

"Nègre de mendiants" (2009) est son premier roman, suivi de "Le jour où j'ai passé l'arme à droite" (2015).

Diplômé à l’École internationale des Sciences du Traitement de l'Information en 2000, Franck Leduc est ingénieur, consultant SAP freelance à la société Aksiome à Toulouse, depuis 2011.

son site : https://jenesaispasquoilire.blog4ever.com/
page Facebook : https://www.facebook.com/Franck-Leduc-Romans-Nouvelles-952459328152482/
Twitter : https://twitter.com/francklfranck

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation

- Bien ! Au plaisir de ne plus vous revoir, lançai-je avant de m’avancer vers la porte, prêt à quitter l’olibrius.
- Attendez ! me stoppa-t-il, tout occupé qu’il était à lire une note laissée derrière son comptoir.
- Oui. Qu’y a-t-il ?
- Il reste un dernier détail à régler.
- Lequel ?
- Votre épitaphe !
Lorsque j’avais rempli le formulaire de « La Grande Porte », j’avais volontairement laissé vides les deux lignes de pointillés sur lesquelles l’épitaphe devait être indiquée. Je repoussai sans cesse au lendemain le remplissage de cet encadré, dans l’attente d’une inspiration fulgurante. Elle ne se décida jamais à venir et c’est à la hâte que j’écrivis enfin une phrase en rapport avec le thème choisi pour ma sépulture : « J’adore les pissenlits ». Rien de transcendant. Un brin cynique. Je n’avais pas de leçon à donner ou de message particulier à faire passer à tous ceux qui me survivraient. J’avais souhaité que ma tombe soit constituée d’un énorme bloc de granit blanc, creusé pour recevoir une terre meuble et noire piquée de quelques pissenlits.
- Vous ne la trouvez pas terrible ? questionnai-je Walter Bonimenti.
- Oh oh ! Je me garderai bien de juger vos exigences.
Pour une fois, il n’avait pas répondu hâtivement.
- Alors ? Qu’est-ce qui cloche ?
- Sans le savoir vous avez mis un sacré bazar aux sessions du conseil municipal ces dernières semaines.
- Je ne comprends pas bien.
- Chaque projet de sépulture doit faire l’objet d’une validation du conseil municipal, m’expliqua-t-il.
- Et alors ? En quoi la mienne a-t-elle pu donner matière à débat ?
- Le bruit a couru que vous alliez y planter des pissenlits. Dès lors, un comité s’est monté. Des familles de défunts et des agents d’entretien du cimetière craignent que vos pissenlits ne dispersent leurs graines dans les bacs à fleurs et les allées.
- Vous plaisantez ?
- Non, l’agacement de ces personnes était bel et bien réel. Lors des réunions de ce comité, vous êtes désigné sous le sobriquet de « l’autre plouc avec ses pissenlits ».
- C’est charmant ! Mais vous auriez dû m’avertir plus tôt de cette situation.
- Je souhaitais régler le problème seul, balbutia Bonimenti en baissant la tête, j’ai tenté de convaincre, j’ai défendu votre projet, étude scientifique sur la dissémination des aigrettes de pissenlit sous le bras, je me suis battu …
- J’ai peut-être une solution, lâchai-je d’un air blasé tant elle me parut évidente.
- Si c’est la mise en place d’un paravent, oubliez ! Comme pour le reste, je n’ai reçu en retour que des « non » faiblement argumentés et des chapelets de sarcasmes.
Je toussotai en portant mon poing devant mes lèvres. Ce temps de latence indiqua à mon interlocuteur que je cherchais la formulation la plus polie à lui servir.
- Non, je pensais plus simplement à des pissenlits artificiels. Un grossiste en articles décoratifs, cela doit se trouver, non ?
- Oui, j’ai un fournisseur spécialisé dans le « Made in China » qui devrait pouvoir nous dégoter ça, s’empressa de me rassurer Walter Bonimenti dont le visage s’était illuminé, apaisé d’avoir trouvé une issue favorable au conflit naissant.
- Attention ! le mis-je immédiatement en garde, du factice oui mais du factice de qualité ! Je veux de la fleur en soie, pas du fil de fer gainé de raphia.
- Bien évidemment ! Qualité ! Qualité ! Qualité ! martela Bonimenti en tapotant son front avec son index gauche. « Qualité », il s’agit du maître mot concernant votre prestation.
- Vous m’avez bien cerné, monsieur Bonimenti, le flattai-je, plus par politesse que réellement convaincu.
- Depuis le début, m’assura-t-il, à la seconde où vous avez franchi le seuil de la porte.
Il gagnait en assurance le bougre ! Heureusement, il m’offrit aussitôt la possibilité de le faucher en plein vol.
- Ce que je vais faire, jubila Bonimenti, pour vous prouver, si cela est encore nécessaire, le professionnalisme de « La Grande Porte », nous choisirons différents modèles de pissenlit artificiel et vous nous indiquerez sur lequel votre choix définitif se porte.
- Ah ! Vous me surprenez ! répondis-je. Par « professionnalisme »  je pensais que vous apportiez votre regard avisé afin d’assurer le bon déroulement de l’inhumation, la qualité du décorum et surtout je m’étais mis en tête que vous étiez capable de vous mettre dans la peau de votre client afin, par exemple, de trouver vous-même le modèle de pissenlit qui lui conviendrait sans que celui-ci n’ait un aval supplémentaire à donner. Personnellement, c’est ce que j’entends par « professionnalisme ».
- Bien entendu, bredouilla Bonimenti, c’est ainsi que cela sera fait, je m’égarais en requérant un nouveau choix de votre part.
Walter Bonimenti griffonna quelques mots sur un papier corné. Symboliquement. Juste pour m’indiquer qu’il avait pris en compte ma remarque.
- Vous verrez, me lança Walter Bonimenti, l’air radieux, votre enterrement sera un moment inoubliable.
Il réalisa l’ineptie de sa phrase et la compléta.
- Pour ceux qui y assisteront bien entendu ! Pas pour vous !
- Cela va de soi, dis-je. J’en conviens même si personne ne peut être certain de ce qui nous attend de l’autre côté de …
- De ? m’interrogea Bonimenti.
- De « La Grande Porte ».
- Ah bien sûr ! Quel badin je fais parfois !
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- Il a fallu que ce crétin se tue maintenant ! fulmina un homme que je ne connaissais pas.
J’étais bien le crétin en question. L’homme qui enrageait en apprenant ma mort était un petit caïd, très défavorablement connu des services de police. Il vivait de petites arnaques, de vols de chéquiers ou de détournement de prestations sociales. Il baladait un cure-dent entre ses lèvres à petits coups de langue nerveux. Jimmy Badeboye aspirait désormais à autre chose. Il voulait donner dans le kidnapping et le saucissonnage. Il avait prévu de faire de moi sa première proie.
- Cet enlèvement qui capote, cela tombe mal. Le milieu se moque déjà assez de moi depuis que je fais équipe avec toi.
- Avec moi ? lui demanda la personne assise à ses côtés dans le sofa.
- Non, n’y vois rien de personnel ! Quand je dis « avec toi », je voulais dire « avec une femme ».
Ornella Brizenuk esquissa un sourire, distillant une infime dose de douceur entre ses cheveux courts coupés en brosse, ses épaules carrées et son torse musculeux. Pour Ornella, il semblait pourtant évident que le principal sujet de moquerie dans la pègre locale quand il était question de Jimmy Badeboye concernait ses rouflaquettes qui dessinaient de grands losanges poilus sur ses joues. Le contraste avec ses cheveux gominés plaqués en arrière était, il est vrai, des plus saisissants.
Mais Ornella avait fait tellement d’efforts pour se faire une place dans le milieu machiste du banditisme qu’elle se voyait mal renoncer à ce projet, quitte à recourir à des arguments bancals.
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Prénom ? – Oswaldo. – Nom ? – CH – CH… Quoi ? – Ch tout court. Un C et un H, comme la Suisse. – Quoi la Suisse ? Intérieurement je me répétai plusieurs fois « Chuisse » mais ce n’est que quelques années plus tard que je comprendrai le sens de sa remarque. – Trop drôle, finis-je par lui dire, Ch comme Suisse….

Le malingre me tendit un permis de conduire au carton usé. Monsieur… Monsieur Candide Pulapis.
– Ce n’est pas banal comme nom, lui dis-je dans un demi-sourire.
– Oui, dit-il, je vois ce qui vous amuse mais on ne prononce pas le S à la fin…
- Mince, dis-je. Je n’ai plus de formulaire, veuillez patienter.
Je m’emparai d’un micro antique, soufflai à deux reprises dedans pour m’assurer qu’il était en marche et lançai d’une voix claire :
- Marie, je suis en train de fourguer une paire de béquilles à monsieur Pulapis et je n’ai plus d’attestation de retrait. Tu pourrais m’en apporter s’il-te-plaît ?
Le message était destiné à Marie, la responsable du magasin de fournitures mais les puissants haut-parleurs en firent profiter toute l’assemblée. Un brouhaha parcourut la masse molle des gens aux tickets numérotés, ceux aux requêtes normales. Et ce fut une explosion de cent rires.
- On ne prononce pas le S à la fin de mon nom, miaula Candide Pulapis, surtout que je n’ai pas compris l’intérêt de lancer mon nom à la volée.
- Comment ça vous n’avez pas « compris l’intérêt » ? Et Marie alors ? Elle a juste le droit de rester recluse dans son cagibi sombre et humide au bout d’un couloir étroit et mal éclairé ? Il aurait fallu que je crie « Marie ! Formulaires ! », c’est ça ? J’aime la tenir informée de mes petites affaires.
- Ah ! Alors… Si c’est pour Marie… Mea culpa.
Marie arriva. Elle déposa une pile de formulaires vierges sur mon comptoir et, me lançant un regard amusé, fit demi-tour en se permettant de lâcher : - Je m’en vais, ça sent l’urine ici.
- Une telle insulte est intolérable, fulmina le Malingre. Je me plaindrai auprès du Ministère de la Paperasserie, du Carton Bouilli et des Décorations à Caractère Folklorique.

- Nègre de mendiants ? m’étonnai-je.
- Oui, me dit-il, j’écris des discours, des poèmes pour les mendiants qui composent mon cercle et je fournis également en nombre des phrases choc qui accrochent l’attention et les porte-monnaie : "J’ai honte mais j’ai faim. Aidez-moi SVP" , "Pour certains la décadence n’est qu’un mot à la lettre D du dictionnaire". Les clochards dont je vous parle sont des clochards de complaisance, des artistes de haut vol qui travaillent pour moi et à qui je vends ma plume. Mon inspiration et mon talent sont, en toute humilité, au service de comédiens et de conteurs triés sur le volet., pour la plupart des cadres supérieurs lassés de al routine de leur existence et quelques étudiants passionnés de théâtre. Mais attention, j’ai l’œil ! Je sépare le grain de l’ivraie dès le premier entretien. J’écarte tout utopiste souhaitant propager une idéologie, quelle qu’elle soit, tout individu uniquement attiré par l’appât du gain, tout quidam qui somatise à tout bout de champ, fainéant en quête d’excuse, ou tout postulant sous la dépendance d’une drogue.
Les passagers ont en face d’eux des hommes grimés, portant des vêtements maculés mais qui fleurent bon, s’exprimant intelligiblement et avec force conviction et tous sont persuadés qu’il s’agit de clochards. Ils ont devant les yeux une saleté propre, un moins-que-rien cultivé, un paria qui vaut mieux qu’eux-mêmes. Personne ne se sent alors contraint de détourner le regard, au contraire, on s’interroge sur cette curiosité, cette bizarrerie moderne, et on prête attention à ce qu’il dit. Je fournis aux gens ce qu’ils acceptent de voir, une décadence soignée. Au moment de remercier l’artiste, beaucoup donnent, soit pour aider un miséreux qui mérite de sortir de sa condition, le talent plaidant en sa faveur, soit parce qu’ils ont honte de se sentir moins riches qu’un être qui ne possède pourtant rien.
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Mourir de manière factice, à la demande, me plongeait dans un état de jubilation intense. Mes agissements ne nécessitaient désormais plus aucun calcul et n’avaient aucune conséquence. Je n’avais pas d’attache, pas de compte à rendre, juste mon libre-arbitre à écouter. Le sentiment de toute puissance qui m’habitait allait bientôt empiéter sur mes capacités de discernement et me faire franchir des limites dont ma moralité me tenait habituellement à très grand distance.
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Dalas Beulite est peinard. Il vit sa vie spontanément, sans se poser de questions. Il travaille en dilettante. Il occupe pourtant un poste stratégique aux Objets Trouvés, Paris XVème. Sont dirigées vers lui les personnes aux esprits fragiles : ceux qui ont perdu leur équilibre, le fil de leurs pensées, la page à laquelle s’était arrêtée leur lecture.

Derek Magenzdorf est un homme distingué et érudit. Il dirige une société secrète d’artistes-clochards. La machine est bien rodée : il écrit prose et poésie qui touchent au sublime et les vend à des dizaines d’esthètes, de bons vivants qui, costumés et grimés, écument les rames de métro, drainant ainsi des fortunes. Système légal mais fragile.

Un jour, Derek perd l’inspiration, manquant de faire péricliter son petit monde. Ayant eu vent de l’esprit fantasque et de la soudaine disponibilité de Dalas, Derek le sollicite afin de partir, ensemble, en quête de l’inspiration. S’ensuivent quelques expéditions à travers le monde (St-Pol-sur-Ternoise, Islande, Golfe de Guinée, Kenya) durant lesquelles s’enchaînent répliques absurdes et situations rocambolesques.

En parallèle, dans le sous-sol de ce roman, certains comédiens ayant tenu des rôles secondaires se font occire. Par qui ? Pour quel motif ? Cette folle danse de macchabées fait-elle de « Nègre de mendiants » un roman maudit ou lui permettra-t-elle, au contraire, d’entrer dans la légende ?
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