Franck Saffioti

Trois personnages, trois voix alternées, trois univers totalement différents, qui pourtant se sont rencontrés pour le pire, au hasard de leur histoire.



Paul ouvre le bal. L’éternel exclu, à l’école puis au travail, isolement qu’il allègue à ses choix sexuels. Une grande solitude, donc, et une tentative d’intégrer une école de journalisme. Perspective vite abandonnée au profit d’une escapade à l’aventure et une errance désabusée qui le conduira un soir à la rencontre de son destin funeste.



C’est un tout autre décor qui donne la parole à Thomas, qui porte son prénom français comme un fardeau, lui dont le père, sénégalais, a rejoint le pays, en l’abandonnant avec sa mère et sa soeur. C’est un caïd, avec des idées bien arrêtées et le hasard fait mal les choses pour Paul que Thomas croisera à la sortie d’un restaurant



Enfin c’est le mari d’une autre victime de Thomas qui se confie, alors qu’il recherche dans la vie de son épouse récemment défunte, les indices d’un adultère.





Le texte est un exercice de style : les trois narrations sont vraiment distinctes , avec chacune un style original tout à fait en lien avec la personnalité du personnage. C’est de ce point de vue une vraie réussite. Peut-être un peu trop scolaire, mais réussi.



Par contre, le procédé éloigne la possibilité d’une empathie avec ses trois héros successifs. Ce qui diminue l’intérêt pour l’histoire.





Premier roman dont on peut saluer l’écriture, mais qui a perdu dans sa forme l’humanité nécessaire au fond.



144 pages Le Réalgar 25 Août 2022


Lien : https://kittylamouette.blogs..

Premier roman, vite lu, assez étrange. Étrange par les émotions persistantes qu'il m'a laissé après l'avoir refermé. C'est moins "l'exploration d'une capitale en pleine mutation" comme le prétend la 4e de couverture, que le télescopage de plusieurs univers sociologiques entre Paris et ses banlieues, chic à l'ouest et violente au nord.

Ce premier roman est une réussite, une vraie œuvre littéraire selon moi. Dérouté au début, on comprend très vite le jeu de l’auteur dans la succession des trois « histoires » et l’exercice de style est réussi. Cet opus donne envie d’en découvrir un second sous cette même plume fine et soignée.

"21 LUTETIA”



Pour moi, est un court roman qui, avec une certaine agilité intelligente, croise le destin de plusieurs personnes de milieux, de vies et de rêves différents.

La narration, des 3 personnages principaux est faite pour que l'on puisse se mettre dans leurs peaux afin de mieux les comprendre, ou au moins voyager dans leurs états d'esprits respectifs.

Ainsi, ces histoires , car plusieurs histoires forment bien une seule et meme boucle quasi infinie, font réfléchir sur l'incompréhension des classes les unes envers les autres. Sur le progrès social et en même temps le recul dû aux mœurs, à l'enfermement politique et aux castes que nous formons. Et aussi sur notre façon de pouvoir se mettre dans la peau d'autrui.

La seule critique que j'aurai sera pour la deuxième voix. J'ai trouvé juste un léger manque de connaissances du milieu et du language des quartiers, et aussi pour ce rap qui est vraiment bien dans le fond, mais qui dans la forme, manquait de ce language d'aujourd'hui.

La plume de Franck, bien que je le connaisse personnellement, m’a surpris par la fraîcheur de l'écriture. Sa simplicité et cette façon de poser les mots comme si nous lisions une lettre, m'a fait dévorer l'histoire en quelques heures.

Pour une première publication, qui est donc là un mélange de roman, de nouvelle et pour moi aussi, mêlé à un genre d'essai... je décerne à titre privé, le prix de l'amitié !

J'avais été interpellé il y a quelques semaines déjà par le titre et la couverture : Paris, la nuit, dominée par ce bout d'objet céleste menaçant.

On comprend au fil de la lecture qu'il ne s'agit ni de science-fiction ni d'un récit catastrophe. Ce sont en réalité trois fragments autobiographiques fictifs qui s'enchaînent et placent le lecteur dans la tête de trois personnages et au coeur de leurs réflexions (parfois curieuses !).

Le sujet est donc bien davantage ces trois figures masculines en crise que la ville de Paris elle-même.

Le premier narrateur, touchant d'étrangeté, est, à l'instar du personnage d'Ariane dans le récent « GPS » de Lucie Rico, un journaliste, étudiant ici, en difficulté avec lui-même et qui taille aussi la route. Puis, la suite du texte vient nous cueillir, avec férocité et mélancolie, et adresse au lecteur une réflexion sincère sur notre société.

Un livre distrayant et intéressant pour ce « parler-vrai » que l'auteur parvient à insuffler à ses trois narrateurs. Même si certains passages sont plus anecdotiques et manquent « d'épaisseur », ce très court roman est une jolie surprise qui se conclut le sourire aux lèvres.

Bel exercice de style pour ce roman à trois voix qui plonge bien le lecteur dans trois univers franciliens très différents les uns des autres. Le lien entre les 3 histoires reste assez artificiel, et le roman reste au niveau de l’exercice réussi. Il faudra suivre tout de même cet auteur qui parvient à saisir la justesse d’univers et d’intimités très diverses.