Citations de François-Marie Périer (16)
Le Wiltshire est le résumé de l'histoire et des mythes de tout l'Occident depuis l'Inde et au-delà. Les chevaux blancs dans le calcaire de ses collines sont un symbole messianique commun aux Hindous, aux Perses et aux Chrétiens. Ses cercles de pierres renvoient à une Civilisation des Mégalithes, pré-antique, totalement inconnue mais ayant laissé des traces sur tous les rivages du monde.
Un jour, Shalivahan, le chef des Sakyas, vint dans les Himalaya. Là, dans le pays du Hun, le puissant roi vit un homme assis sur une montagne qui semblait promettre de bons auspices. Sa peau était belle et il portait des vêtements blancs. Le roi demanda au saint homme qui il était. L’autre répondit : « Je suis appelé un fils de Dieu, né d’une vierge, ministre des non-croyants, sans relâche à la recherche de la vérité. » Le roi lui demanda alors : « Quelle est ta religion ? » L’autre répondit : « Ô grand roi, je viens d’un pays étranger où il n’y a plus de vérité et où le mal ne connaît pas de limites. Dans le pays des non-croyants, je suis apparu comme le Messie.
Le Soleil s’est couché depuis quelques minutes, et un croissant de Lune, paupière chaste baissée, recueille tendrement l’ardent regard de l’astre mâle dont la danse divine de derviche a pris fin pour nous. La Lune va maintenant passer dans les yeux des étoiles, à travers l’autre arène, celle de la nuit. Le Soleil ne la quittera jamais de son désir, et il apprendra d’elle ce que le bleu lui cache, ce que le déploiement des formes de la Terre ne lui dira jamais.
En réalité, la mort véritable n’est pas la fin du fonctionnement du corps physique, c’est le fait de vivre dans la mémoire et non dans l’instant. Mais nous vivons dans la mémoire même en croyant vivre l’instant car nous ne recevons pas le monde, nous sommes seulement en contact avec la mémoire que nous avons de chaque chose et la projection que nous en faisons.
Le mythe enseigne la préservation de la vie. Aller contre les lois naturelles, comme on le voit dans l’agriculture actuelle, c’est menacer la vie même, trahir et tarir la Source qui habite la Création, que le Graal symbolise. Je parle évidemment des mythes civilisateurs et non de ceux par lesquels des groupes humains peuvent se donner un droit particulier à opprimer leurs semblables.
Nous rêvons nos vies avant de nous incarner et chaque nuit à nouveau, et ainsi les peuples en quête de justice et de liberté ont-ils pu rêver leur avenir pour continuer à espérer et un jour peut-être renverser l'oppression millénaire d'autres peuples
Nos temps valorisent le métissage, la supranationalité, la mondialisation des cultures, la multiplication des disciplines tout en formant des experts et des spécialistes passant à côté d'évidences historiques en raison de l'interdiction qui leur est faite de diversifier leur approche. Ils créent des labyrinthes là où il y avait des mandala. Et inversement, de grands récits historiques extrêmement médiatisés comme récemment Sapiens ou Homo Deus, de Noam Yuval Harari, sont donnés pour certains et comme pierre angulaire de toute nouvelle façon d'envisager le passé, le présent et le futur.
Tous les peuples se croisent comme en des stations spatiales sidérales où les mondes en voyages, hiératiques, apportent le mystère d'origines très anciennes.
Dieux amants de Khajurâho. Ils se tiennent par la taille de la pierre de sable et sortent par elle en souriante révélation. On adore ceux qui ont vécu leur rêve ou on est le rêve qu’on adore. L’artiste ausculte la roche et y entend, y voit battre mille milliards de sphères dans le grain et la poussière. Il ausculte ces sphères et y découvre dans un frisson la fission et la fusion, ensemble, l’âme dans la matière, divin couple enlacé, et les sculpte
Le Bouddhisme, voie d’Éveil et de libération de la souffrance, est donc généralement considéré par les Occidentaux rationnels et raisonnables que nous sommes comme une philosophie ou une spiritualité athées, et non une religion, ce qui lui assure une fréquentabilité privilégiée.
Beauté infinie et souffrance insondable se succèdent. Ordre universel et chaos inextricable nous confondent. Maïa et Karuna, magie et compassion sont les deux sentiments qui écartèlent et enseignent le voyageur en Inde
Angkor est ce rêve de pierre promis à la poussière qui ne dure que contre nature. Tout l'appelle à se dissoudre, tous l'appellent à demeurer. Malraux qui fut l'hôte cleptomane de ces lieux a dit :
" L'art est un anti-destin. " Mais pour combien de temps ? La réponse est à l'homme.
Quand on a parcouru toutes les latitudes, les longitudes, les altitudes, les océans et quelques platitudes, trouver l’intérieure amplitude, infinitude.
En ce sens, la cité (Venise) est autant mandala que dédale, car destinée à la dissolution dans l’eau, comme les imago mundi de sable ou de beurre que les moines tibétains construisent et puis détruisent dans les rivières, lorsqu’ils ont désormais en eux l’œuvre inscrite.
« Art » est écrit dans « Pétra » pour bien graver en nous que la merveille ne naît d’ailleurs que de nous-mêmes.
S’accorder, faire le vide, poser aussi des actes nouveaux pour de nouvelles perceptions, c’est la fonction de l’ascèse – qui signifie ascension, élévation, loin des macérations coupables – de nous remettre en harmonie avec quelque chose de plus vaste et de plus intérieur, autour de nous et en nous, où l’intime est si grand qu’il se révèle cosmique.