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Critiques de François Ost (8)
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Si le droit m'était conté

"Faire du droit en racontant des histoires, tel est le pari de ce livre".



Avant de faire un peu de droit ("avant dire droit"), laissez-moi vous raconter une histoire. Il était une fois, il y a près de 25 ans, une jeune étudiante en deuxième année de droit aux Facultés Saint-Louis à Bruxelles. Figuraient notamment à son programme un cours de théorie générale du droit et un cours de droit naturel, tous deux donnés par… François Ost. L'étudiante ne se doutait pas encore que ces cours, qui tenaient davantage de la philosophie que du droit à proprement parler, seraient pour elle le cauchemar de son cursus, et le professeur précité, la bête noire de ses études. Elle avait beau s'acharner, elle ne captait rien de ces élucubrations, sans doute brillantes, mais dont le sens (et l'intérêt) lui restaient décidément obscurs. Elle préférait de loin mettre les mains et les neurones dans le cambouis de textes juridiques inextricables pour en dégager principes, exceptions et applications pratiques ("in casu"), plutôt que se coltiner des concepts abstraits qui, s'ils permettaient certes de s'élever à un niveau supérieur de réflexion, ne changeraient pas fondamentalement la vie du justiciable lambda. Ce désintérêt ou cette incompréhension (l'oeuf ou la poule) la menèrent fatalement à rater ces deux examens et à devoir – pour la première et unique fois en six ans d'unif – présenter une deuxième session en septembre. Futile ou non, cette péripétie, somme toute peu originale, la marqua néanmoins pour longtemps.



Des années plus tard, par le plus grand des hasards, un ami babéliote (merci daniel_dz!) lui indiqua une présentation de livre dans une librairie bruxelloise : "Si le droit m'était conté" par … François Ost. Curieuse, elle s'y rendit, acheta le livre, écouta la conférence et passa, pour tout dire, un bon moment. Rancoeur envolée ? point encore, il restait à lire le livre.



Et donc, celui-ci, en huit récits empruntant à tous les genres (fable animalière, SF, reportage, dystopie, conte,…) nous fait réfléchir au droit, à la norme, par le biais de questions faussement saugrenues ou absurdes, vertigineuses pour la plupart. Ainsi, quel système normatif instaurer sur l'Arche de Noé pour assurer la survie des espèces ? La loi (naturelle et non écrite) du plus fort, ou un arsenal de règles écrites, précises et contraignantes ? Quelle est la signification des procès (hallucinants) intentés aux animaux au Moyen-Âge, que reflètent-ils de l'humanité et de sa tendance à rejeter la différence et la marginalité ? Quel statut juridique donner au clone humain ou à l'intelligence artificielle, personne ou objet ? où commencent l'humain, la conscience ? Que peut le droit quand des enjeux financiers astronomiques pèsent dans un plateau de la balance tandis que s'arc-boutent dans l'autre des maires bretons entendant obtenir réparation des dégâts causés par le naufrage de l'Amoco Cadiz ? Quid quand un dictateur s'approprie la loi puis la fait disparaître ? le Jugement Dernier tel qu'évoqué dans la Bible, présente-t-il toutes les garanties d'un procès équitable (droits de la défense, délai raisonnable, double degré de juridiction,…), et quelles sont les nuances entre juger, pardonner, comprendre ? Enfin, de manière plus anecdotique et allégorique (qui parlera davantage aux Belges) : où s'en vont les oubliés de la justice officielle et peut-être élitiste ? le mastodonte du Palais de justice de Bruxelles n'abriterait-il pas des passages secrets menant au bas de la ville et aux Marolles, où s'exercerait une justice alternative, certes symbolique mais ô combien plus efficace et humaine, dès lors qu'elle répond à un droit, à un besoin, le plus ancré et le plus assoiffé en nous, celui d'être écouté ?



Et si la théorie du droit m'avait été contée (à moi et à d'autres, et à tous les cours en général) de cette façon, limpide, légère, décalée mais pertinente, agréable, accessible (même à des non juristes me semble-t-il), qu'en aurait-il été ?
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Lettres à Sade

L'idée de cet ouvrage est excellente, étrange voire fantastique :A l'occasion des 200 ans de la mort de Sade (+18.12.1814), 17 écrivains (mais aussi philosophes, universitaires, peintre, scénographe ou cinéastes) ont été conviés à lui adresser une lettre à leur convenance,à la première personne ou non.

Si presque tous ouvrent leurs missives par de respectueux ou de polis Cher Marquis, Cher Marquis de Sade, Cher Sade, Cher Monsieur de Sade, Comte, Cher Donatien-Alphonse-Francois, un ose un Votre Énormité et une autre un Mon cher amour.

Classées en trois thèmes (Libertés, Modernités et Éternités), ces lettres d'amour, de reproche, d'adieu ou de remerciement saluent toutefois presque unanimement l'homme acharné à vivre libre malgré l'emprisonnement, l'embastillement, l'internement.

Un de nos contemporains tient à le remercier pour nous avoir appris le caractère obsessionnel du désir, un autre salue le véritable écrivain, le provocateur ultime, un autre encore relate le choc ressenti à la découverte de son oeuvre et son emprise sur sa vie personnelle et ses rencontres. Une cinéaste, femme d'images, l'imagine sur un plateau télé interviewé par un journaliste avide de scoops bien scabreux.....

La grande intelligence de cet ouvrage est de n'être pas tombé dans l'écueil qui aurait été d'empiler des louanges et rien que des louanges afin de lui tresser une couronne mortuaire faite de lauriers alors que l'épine sied mieux à ce cher Sade !

Ainsi, reçoit-il une lettre d'adieu de celle qui, fatiguée du chaos et des cahots de l'existence, lui annonce qu'elle ne le lira plus, qu'il sera désormais le fantôme de sa bibliothèque mais qui, ultime fidélité, le remercie de l'avoir peut-être aidée à se libérer de ses chaînes.Une autre lettre d'adieu lui parvient d'une autre lectrice qui avoue vouloir jeter l'éponge afin de sauvegarder son âme et son esprit.

Ainsi Sade reçoit-il aussi une missive s'interrogeant sur la récupération faite de son personnage et sur la reconnaissance qui en dit long sur la misère des temps que nous traversons....

.. pauvre Monsieur de Sade ! Finalement reçoit-il une longue lettre d'amour enflammée !

Merci à Babelio (via la Masse Critique) et à la maison d'édition Thierry Marchaisse pour m'avoir fait découvrir cet ouvrage fin, intelligent (belle couverture ) que je recommande vivement!
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Lettres à Sade

Dans cet ouvrage, des hommes et femmes qui sont universitaires, écrivains, juristes ou philosophes écrivent une lettre à Sade. Le fond diffère à chaque missive et l'orientation choisie varie selon le rédacteur. Il n'est pas question pour les écrivains de lui dire de but en blanc s'ils l'aiment ou le détestent mais plutôt de choisir un aspect de Sade (sa personnalité, ses écrits, sa fin de vie, ses pensées) et de s'en servir comme trame pour s'adresser au marquis.



J'ai beaucoup aimé ces lettres qui traitent d'un point de vue différent la pensée, les écrits de Sade, son enfermement, sa mort. Tandis qu'une lettre me fait réfléchir pour savoir si je suis d'accord ou non avec son rédacteur, d'autres se projètent contemporains de Sade et me re-situent à ses côtés à la Bastille. Certains font des parallèles avec la façon dont est traité le corps de nos jours : piercings, corps morcelés (dons d'organes), mères porteuses, l'enfant à tout prix. Un des auteurs a un parti pris plus poétique tandis qu'une autre me semble invectiver l'écrivain lequel n'a pas voix au chapitre bien évidemment puisqu'il ne s'agit pas d'un dialogue.

Il est souvent question de la nature de l'homme (homme naturellement bon ou a contrario meurtrier, incestueux, violent) ?



J'ai un avis très positif sur ce livre pour plusieurs raisons :



- ceux qui ont rédigé les lettres m'étaient complètement inconnus à l'exception de Noëlle CHâtelet et Catherine Cusset. Je n'ai donc pas été parasitée par ce que j'aurais pu avoir lu de l'auteur ni même "parasitée" par le physique de la personne. Je n'avais pas la vision du visage de l'écrivain mais uniquement son écrit.

-Les lettres sont de qualité, bien écrites voire dfficiles pour deux d'entre elles : j'ai dû les relire lentement pour m'en imprégner et les comprendre.

-J'ai bien aimé le procédé, les points de vue différents.

-Je me suis demandé ce que j'aurais pu lui écrire.



-La couverture est très jolie et j'aime le toucher différent entre le bandeau glacé, lisse et brillant et le reste de la couverture (et j'attache une grande importance aux titres et couvertures des livres).

- J'ai même laissé passer du temps entre la lecture des premières lettres et la lecture de la dernière lettre. Je n'avais pas envie de la lire parce que je n'avais pas envie de n'avoir plus de lettres à lire.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Thierry Marchaisse pour cette opération Masse Critique.



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Camille

François Ost a écrit cette pièce de théâtre éditée aux éditions Lansman. Ensuite cette pièce a été discutée durant un an avec le metteur en scène. La pièce jouée ne couvre pas l’intégralité du texte pour des raisons de temps de jeu.



Texte et pièce se déroule en quatre étapes : Hiver, printemps, été, automne.

L’hiver, Camille est enfermée dans une institution psychiatrique. Une correspondance est échangée entre Camille, sa mère, son frère Paul et le médecin de l’institution. Camille implore sa mère de pouvoir sortir de là. Le médecin envoi des signes positifs des comportements de Camille. Rien n’y fait, la mère est bien décidée de ne rien faire pour une sortie possible avec son accord. Camille meurt et personne n’est là lors de l’inhumation.

Le printemps, montre une jeune Camille déjà décidée à devenir sculpteur. Elle joue avec son frère Paul. L’un et l’autre se taquinant en rétorquant que leur art est le plus accompli : Sculpture/écrivain poète.

L’été est le temps de l’amour avec son amant Rodin partagé entre Camille et une autre. C’est le temps où Camille fait preuve auprès du Maître Rodin de tout son art. Elle n’hésite pas à sublimer ses œuvres dans les roches les plus dures. Elle fait fi des remarques du Maître Rodin et est bien décidée à lui faire entendre raison.

L’automne c’est la rupture avec Rodin. Elle attend un enfant et parle à son frère Paul de son intention d’avorter ce qui scandalise Paul.



Le metteur en scène imagine d’intégrer à la pièce un duo de chorégraphes, qui appuie l’art des formes façonnées.



Trois comédiens jouent respectivement les rôles de Camille, Paul et Rodin. Les correspondances échangées depuis et vers l’asile son représentées par projections audio-visuelle sur écran.



Lorsque j’ai su que cette pièce serait jouée au Théâtre Jean Vilar de Louvain-la-Neuve, je fis un maximum pour ne pas la manquer. J’ai voulu lire la pièce avant d’aller au théâtre, principe que je m’efforce de suivre pour les livres adapté au cinéma. Ici j’avais trois jours pour recevoir le livre par la poste depuis les éditions Lansman et deux jours pour le lire avant la date fatidique. Toute cette mise en place a pu de justesse être menée à bonne fin.



J’ai beaucoup aimé la pièce. A travers les acteurs on retrouvait fort bien les attitudes des personnages tel que décrit dans la littérature.



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Camille

une artiste marginale! Muse de Rodin, le sculpteur! Le Baiser!

Internée pendant 30 ans pour l'écarter de la vie d'artiste! Exilée dans un asile, les responsables, une mère abusive et un frère jaloux Paul Claudel, un nouveau converti! Elle meurt de froid ainsi que Rodin!
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Si le droit m'était conté





J'ai eu l'occasion d'inciter les étudiants en droit (mais pas qu'eux) à lire "L'analyse juridique des contes de fées" ainsi que "Le droit dans la saga Harry Potter"¨, ouvrages légers et fort sérieux en même temps, écrits par des universitaires ou des avocats.



Celui-ci est également un essai passionnant de F. Ost qui marie littérature et droit à travers 7 histoires qui soulèvent des problématiques juridiques importantes, même si l'auteur nous les raconte avec humour et légèreté.



Il nous livre ses réflexions de théologie juridique, si je puis me permettre une telle association, avec le premier article qui s'interroge sur le régime juridique qui aurait pu avoir cours dans l'Arche de Noé et le 7ème qui s'inquiète des garanties, notamment, d'un procès équitable au Tribunal céleste, lors du jugement dernier.



Il nous offre aussi une superbe et très complète relation de la catastrophe de l'Amoco Cadiz, dans "Fortune de mer".



Il nous entraîne dans la démesure, les secrets et les mystères du palais de justice de Bruxelles sans équivalent dans le monde (malgré son tout petit frère de Lima); il nous rappelle aussi qu'au Moyen-Âge, les autorités, ecclésiastiques en particulier, pouvaient poursuivre en justice et exécuter des animaux.



Du M-Âge nous faisons un bond un peu au-delà de notre temps pour ce qui apparaît comme de la science fiction juridique, à savoir, la qualification juridique d'un acte de destruction volontaire d'un clone humain auquel on aurait attribué une intelligence artificielle particulièrement élaborée et qui se serait mise à dysfonctionner dangereusement. Meurtre ? ou simple arrêt définitif d'une entité non humaine devenue "folle" ?



Avec "Dessine-moi une île de justice" l'auteur s'interroge sur le sens du droit, ses buts, les circonstances ou nécessités qui peuvent contrarier la norme, etc.



Juristes en herbe ou confirmés, ce livre est pour vous.



Pat



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Si le droit m'était conté

— Les contes juridiques constituent un outil pour appréhender in concreto l’effectivité du droit, ses origines et ce qu’il révèle de nos sociétés. Tuer son clone revient à questionner l’identité de la personne humaine. Le naufrage de l’Amoco Cadiz est un exemple paradigmatique d’un droit de l’environnement inféodé aux pressions économiques ; mais la persévérance des bretons a fini par faire jurisprudence avec une amende record. Le droit est ainsi porteur d’espoir pour transformer nos sociétés, mais aussi impuissant. De minimis ou de maximis non curat praetor ? Telle est la question, ipso facto, à se poser pour appliquer le droit.
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Nouveaux contes juridiques

Petit livre très sympathique à lire. C'est la première fois que je lis François Ost, et ayant déjà de bonnes bases en matière juridique j'ai assez apprécié ces petits contes.



Le conte animalier est une pépite, l'histoire du vol du panneau des "Juges intègres" m'a énormément plu également.



Malheureusement, celui concernant le livre ultime tout comme celui sur la bibliothèque vivante manquent quelque peu de rythme à mon goût ...

Je n'ai pas non plus été sensible au conte sur Robinson.



Mon avis reste évidemment personnel, chacun recevra ces contes différemment. On peut tout de même noter un bon talent littéraire pour un juriste de profession, et un certain sens de l'humour et de l'ironie très agréable à la lecture !



Je le recommande vivement !
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