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4.21/5 (sur 461 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Martigues , le 30/07/1978
Biographie :

Johann Chapoutot est un historien spécialiste d'histoire contemporaine, du nazisme et de l'Allemagne.

Il est admis au lycée Henri-IV, puis à l’École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud (promotion 1998, classé premier au concours d'entrée dans la série "Langues vivantes"). Il obtient l'agrégation d’histoire en 2001. Il est diplômé de l’Institut d'études politiques de Paris (promotion 2002). Il est docteur en histoire en 2006, puis habilité à diriger des recherches en 2013.

Professeur d'histoire contemporaine à Sorbonne Université depuis 2016, il a auparavant été successivement maître de conférences à l'université Pierre-Mendès-France de Grenoble (2008-2014), puis professeur à l'université Sorbonne-Nouvelle (Paris-III, 2014-2016).

Il enseigne l'histoire de l'Allemagne, en particulier son histoire contemporaine depuis 1806, les sociétés européennes au XIXe siècle (1815-1914), ainsi que l'histoire mise en regard avec le cinéma.

Il consacre ses travaux à l'histoire de la culture nazie, notamment dans son essai intitulé "Le national-socialisme et l’Antiquité" (2008), tiré de sa thèse d'histoire, rédigée à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et soutenue en 2006. Il a également publié des travaux généraux sur l'histoire de l'Allemagne et sur l'Europe des dictatures de l'entre-deux-guerres. En 2015, il conteste la pertinence de rééditer "Mein Kampf" d'Adolf Hitler.

Ces thématiques ont été l'objet de sa thèse de doctorat ("Le National-socialisme et l'Antiquité", 2006) et de son mémoire d'habilitation ("La loi du sang", 2014). Avec la parution de son ouvrage "La révolution culturelle nazie" (2017), Chapoutot approfondit sa thèse en s'appuyant sur une abondante bibliographie, aussi bien allemande qu'européenne.

Il mène des recherches résolument pluridisciplinaires, publiant en histoire comme en lettres ou en philosophie. Il a également publié "Le Grand Récit" (PUF, 2021) et "Libre d’obéir" (Gallimard, 2020).

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Source : France Inter
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Table ronde, carte blanche aux Presses universitaires de Lyon Modération : Julien THÉRY, directeur scientifique des Presses universitaires de Lyon Avec Johann CHAPOUTOT, professeur à Sorbonne Université, Éric VUILLARD, écrivain, lauréat du Prix Goncourt 2017 À l'occasion de la réédition des écrits politico-théologiques majeurs de Thomas Müntzer (1490-1525) dans une magnifique traduction signée Joël Lefebvre, les Presses universitaires de Lyon invitent à découvrir ce penseur méconnu en France, alors qu'il fut l'un des principaux artisans de la Réforme protestante. Prédicateur de talent, partisan de Luther de la première heure, Müntzer prend toutefois rapidement ses distances et assume des positions bien plus radicales : il prône la fin de l'oppression culturelle entretenue par les doctes et les clercs, la fin de l'oppression politique instituée par les princes, la fin de l'exploitation économique dont profitent les seigneurs. Il rejoint bientôt un mouvement de révolte, qui donnera naissance à la “guerre des Paysans”, et devient l'un des chefs de la rébellion, appelant à une révolution à la fois spirituelle et matérielle. Rapidement capturé, il est torturé puis exécuté. À travers la traduction de sept textes fondateurs et d'une vingtaine de lettres, Joël Lefebvre met en lumière l'intérêt à la fois philosophique, historique et linguistique de l'oeuvre de Thomas Müntzer. Les préfaciers de cet ouvrage, l'historien spécialiste de l'Allemagne Johann Chapoutot et l'écrivain Éric Vuillard, auteur d'un livre récent inspiré par l'action de Müntzer, évoqueront la portée de ses écrits dans une discussion animée par Julien Théry, directeur scientifique des Presses universitaires de Lyon et historien des relations entre religion et politique.

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Citations et extraits (236) Voir plus Ajouter une citation
Johann Chapoutot
Il y a là un hiatus vertigineux entre d’une part les valeurs républicaines défendues à grand renfort de dispositifs de communication et d’artifices médiatiques, par les plus éminents, les plus respectables et les plus hauts fonctionnaires du rectorat de Lille.
Et d’autre part, la réalité.
J’ai bien dit « la réalité ». Le réel. La vraie vie. Pas le « ressenti ».

La réalité, c’est aussi la façon dont – directement ou entre les lignes – les ordres sont donnés, et exécutés. Tout au long de la pyramide hiérarchique.
Depuis le ministre de l’Education nationale Monsieur Jean-Michel BLANQUER en personne, les secrétaires d’Etat, les directeurs généraux, les conseillers, les chefs de service, les chefs de bureaux, les délégués, les chargés de mission, les décideurs et les responsables du ministère de l’Education nationale.
Jusqu’au dernier des petits chefaillons le plus nuisible, le plus abject, le plus tordu et minable qui soit, qui se croit « en droit et en devoir » d’exécuter ces ordres plus ou moins implicites et de détruire des vies humaines, dans l’établissement scolaire au sein duquel on lui a donné une once de pouvoir.
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Le propre de l'homme, il en existe une longue liste, dont le dénominateur commun est toujours le récit : le langage, l'humour, le rire, la conscience, le sentiment religieux, les larmes, l'amour... Le récit, soit la médiation par le langage, l'inscription dans le temps, la mise en ordre des évènements, la formulation des causes et des conséquences, et l'induction d'un sens à tout cela, ponctué – ou non – par un programme d'action ou par le constat amer que tout est perdu, que c'était mieux avant ou que c'est ainsi, qu'il n'y a rien à faire.
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Le cas états-unien maintenant. Il s'agit (...) de maintenir, par la violence s'il le faut, un ordre social fondé sur l'esclavage, puis, après 1865, sur l'exploitation quasi servile d'une main-d’œuvre soumise à la ségrégation. Cela implique et justifie l'emploi de la violence civile et/ou militaire, policière en tout cas, sur le territoire des États-Unis, mais également la tolérance vis-à-vis des coutumes de domination des anciens maîtres sur leurs anciens esclaves : le passage à tabac, la mort violente par lynchage... Ce n'est pas forcément un crime puni par le code pénal américain que de lyncher un Noir qui aurait voulu prendre la main d'une Blanche, au contraire c'est rétablir un ordre naturel sain d'une société qui doit être préservée comme doivent être préservées la séparation des races, la pureté des sangs voulues par le Créateur. Le juriste James Whitman a bien montré ce que les nazis devaient aux Américains et aux lois Jim Crow.
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Dans un contexte qu'il n'appelle pas encore néolibéral, Lyotard observe une « décomposition » généralisée — de la société en atomes individualisés, et des grands récits traditionnels en segments d'injonctions peu mobilisatrices […] La dislocation du social et du narratif sont, plus que concomitantes, ou analogues, pleinement consubstantielles :

De cette décomposition des grands Récits, que nous analysons plus loin, il s'ensuit ce que d'aucuns analysent comme la dissolution du lien social et le passage des collectivités sociales à l'état d'une masse composée d'atomes individuels lancé dans un absurde mouvement brownien.

Lyotatd n'entend pas céder à la nostalgie d'une « société organique perdue ». Il reste que, s'il n'est jamais totalement seul, l’horizon offert à l'atome social est bien « la maximisation de ses performances », et elle seule.
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Faire du français à l'école, ne peut se réduire à un apprentissage instrumental de la langue, à rédiger des CV et des lettres de motivation. La déshérence des humanités, des savoirs littéraires, c'est la déchéance de l humain en nous, de ce qui nous rend libre.
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Des penseurs politiques, sensibles à cette évolution économique, ont répondu très tôt que le salut résidait dans le refus – refus de la hiérarchie, de l'autorité, refus de la contrainte et de la subordination – en somme l'anarchie, au sens le plus strict du terme (le refus du pouvoir de contrainte).
Leur réponse inaugurait une nouvelle société politique, sans sociétés économiques, sans, ou alors de taille très réduite. L'idéal, comme chez Rousseau déjà, se révélait être le travailleur indépendant – l'horloger ou le lapidaire jurassien, le producteur libre ou l'artiste, chantés par Proudhon, et chers à son compatriote Courbet, qui partageait ses idées.
Ces auteurs et ces idées n'ont cessé d'inspirer des pratiques alternatives, des coopératives égalitaires aux reconversions néorurales, en passant par les retrouvailles de cadres lassés par leur aliénation avec une activité artisanale enfin indépendante. Une Arcadie "an-archique", délivrée de la subordination et du management, qui n'est pas un paradis pour autant. La réalité du travail, de l'effort à fournir, d'une certaine anxiété face au résultat, demeure, mais sans l'aliénation. « Qu'il est doux de travailler pour soi », entend-on chez ceux qui sont heureux de réhabiliter une maison et d'en faire revivre le potager.
Solipsisme naïf et irresponsable ?
Peut-être pas, comme le montre le succès de l'économie sociale et solidaire - et le partage des légumes dudit potager : on peut travailler pour soi et être utile aux autres. On se situe ici aux antipodes des structures, des idéaux et du monde de Reinhard Höhn, auquel on peut préférer Hegel : le travail humain, c'est le travail non aliéné, qui permet a l'esprit de se réaliser et de se connaître par la production d'une chose (res) qui l'exprime et qui lui ressemble - pâtisserie ou bouture, livre ou objet manufacturé - et non cette activité qui réifie l'individu, le transforme en objet – « ressource humaine », « facteur travail », « masse salariale » voué au benchmarking, a l'entretien d'évaluation et à l'inévitable réunion Powerpoint.
Discipliner les femmes et les hommes en les considérant comme de simples facteurs de production et dévaster la Terre, conçue comme un simple objet, vont de pair. En poussant la destruction de la nature et l'exploitation de la « force vitale » jusqu'à des niveaux inédits, les nazis apparaissent comme l'image déformée et révélatrice d'une modernité devenue folle – servie par des illusions (la « victoire finale » ou la « reprise de la croissance ») et par des mensonges (« liberté », « autonomie ») dont des penseurs du management comme Reinhard Höhn ont été les habiles artisans.
Son destin personnel montre toutefois que ces idées n'ont qu'un temps et que leurs auteurs ont leur époque. Hõhn a pâti des révélations sur son passé et des critiques adressées à son modèle managérial - critiques internes, fourbies par d'autres modèles. Les temps peuvent également changer sous l'effet de circonstances plus générales et plus pressantes : notre regard sur nous-mêmes, sur autrui et sur le monde, pétri de « gestion », de « lutte » et de « management » par quelques décennies d'économie hautement productiviste et de divertissements bien orientés (de « l'industrie Walt Disney », du « maillon faible », aux jeux concurrentiels de télé-réalité) changera peut-être en raison du caractère parfaitement irréaliste de notre organisation économique et de nos « valeurs ».
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La conversion de l'ancien SS aux principes d'individualisme et d'autonomie n'était cependant qu'apparente : entre ce que Höhn prône et écrit dans les années 1933-1945 et ce qu’il enseigne à partir de 1956, il n'y a aucune solution de continuité, mais bien une impressionnante suite dans les idées.
Pendant les douze ans de la domination nazie en Allemagne, un régime hostile à la liberté a prétendu être, par la voix de ses juristes et théoriciens, la réalisation de la liberté « germanique ». Un de ses intellectuels est devenu, après 1945, le penseur d'un management non autoritaire - paradoxe apparent pour un ancien SS, mais apparent seulement, pour celui qui voulait rompre avec l'État absolutiste, voire avec l'État tout court, et faire advenir la liberté d'initiative de l'agent et des agences.
Cette liberté était cependant une injonction contradictoire : dans le management imaginé par Höhn, on est libre d'obéir, libre de réaliser les objectifs imposés par la Führung. La seule liberté résidait dans le choix des moyens, jamais dans celui des fins. Höhn est en effet tout sauf un libertaire ou un anarchiste : les milliers d'entreprises (2 440 de 1956 à 1969) qui lui envoient leurs cadres en sont pleinement conscientes.
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L’histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines. L’histoire justifie ce que l’on veut
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Johann Chapoutot
Les contradictions se cumulent ainsi aux paradoxes. Premier paradoxe apparent : un ancien SS imagine un modèle de management non autoritaire. Second paradoxe : l'injonction contradictoire de la liberté d'obéir. Cette accumulation de contradictions semble constitutive d'une perversion bien réelle, au sens le plus classique du terme : la méthode de Bad Harzburg, comme les méthodes de management par objectifs qui lui sont apparentées, repose sur un mensonge fondamental, et fait dévier l'employé, ou le subordonné, d'une liberté promise vers une aliénation certaine, pour le plus grand confort de la Führung, de cette « direction » qui ne porte plus elle seule la responsabilité de l'échec potentiel ou effectif.
La conséquence de ces contradictions et de cette perversion est tout sauf théorique : ne jamais penser les fins, être cantonné au seul calcul des moyens est constitutif d'une aliénation au travail dont on connaît les symptômes psychosociaux : anxiété, épuisement, « burn out » ainsi que cette forme de démission intérieure que l'on appelle désormais le « bore out », cette « démission intérieure ».
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Être rentable / performant / productif (leistungsfähig) et s’affirmer (sich durchsetzen) dans un univers concurrentiel (Wettbewerb) pour triompher (siegen) dans le combat pour la vie (Lebenskampf) : ces vocables typiques de la pensée nazie furent les siens après 1945, comme ils sont trop souvent les nôtres aujourd’hui. Les nazis ne les ont pas inventés – ils sont hérités du darwinisme social militaire, économique et eugéniste de l’Occident des années 1850-1930 – mais ils les ont incarnés et illustrés d’une manière qui devrait nous conduire à réfléchir sur ce que nous sommes, pensons et faisons.
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