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Citations de François de Cornière (48)


François de Cornière
Et rester tard le soir
ensemble sous la tonnelle
à écouter la nuit
quand les étoiles tremblent
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MES PAS DERRIÈRE MON COEUR

Même si vous n’êtes plus
que des mots dans mes poèmes
- des pronoms personnels
qui pour moi ont des corps
des gestes des paroles -
c’était pour toi pour vous pour nous
ces phrases où j’ai laissé
mes pas derrière mon coeur.

Et si l’eau est venue tout recouvrir
ou de la terre la terre
et des ciels d’autres ciels
je n’oublie pas
- vous qui n’êtes plus que des mots
dans mes poèmes -
que sous l’eau la terre le ciel
je suis relié à vous
qui me reliez à moi.

Alors je continue
de vous parler
de t’embrasser
de nous croire mortels
et d’écrire quelquefois des poèmes
où mon corps mes gestes mes paroles
sont ces cendres encore chaudes
sous mes phrases où vos pas
c’est mon coeur.
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DANS SON BOL DE THÉ

Elle me dit qu'elle aime
regarder le reflet du ciel
ou celui de l'arbre
ou celui du rideau
dans son bol de thé.

"C'est la lumière qui fait tout"
me dit-elle souvent
quand elle me montre entre ses mains
l'image qu'elle fait trembler
en rides concentriques.

C'est l'instant rond qu'elle saisit là
le tableau d'une profondeur
qui dépend d'un nuage pressé
du soleil à travers la vitre
d'une ombre un peu penchée.

Je ne sais pas à quoi elle pense
dans ces moments-là
mais je crois moi aussi
à l'importance de ce qui passe
ou de ce qui s'arrête
dans un bol de thé.
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LE SENS DE LA NAGE

Elle me disait souvent :
«Sois prudent
ne va pas si loin
longe plutôt la côte. »

Mais ce n'était pas pareil.
Je préférais nager vers le large
en direction d'une ligne
que moi seul connaissais.

Je réglais ma cadence
de crawl avec mes palmes
et partais vers un point
que j'avais appelé :

" Cap de l'oubli passager. "

Certains matins très tôt
quand la mer était calme
je nageais vers ce point.

Sans me retourner.

Je savais que sur terre
on revient sur ses pas.

Mais dans le sens de la nage
quand bien même on traverse des vagues
c'est sur soi qu'on revient.

Sur soi qu'on revient.
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(Ouvrant les volets d'une vieille maison de famille en Ardèche)

Alors, c'est la montagne qui entre dans la chambre. Le grand espace. La grande lumière. Le grand mystère des arbres, du ciel, et du fait qu'on soit là, à la fenêtre de la petite chambre, comme devant un tableau qui fait taire tous les mots. C'est la fenêtre du silence. Celle qu'on ouvre toujours la première, en grand, quand on revient dans la maison. Celle où l'on reste en ne se disant rien, mais en comprenant tout. Celle où l'on regarde sa vie, qui doit être minuscule, dans le cadre d'une fenêtre qui donne sur tout cela.(...)
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LES MOTS DU BORD DES LÈVRES

Pour tous les mots du bord des lèvres

que j’ai gardés – sans vous les dire –

dans le silence d’une seule fois

je rentre en moi je disparais

un peu confus tout de même

d’avoir tant hésité pour me taire.

Mes simples mots du bord des lèvres

je les ai suivis je les ai perdus

comme on roule parfois tard

dans les rues vides la nuit :

une ville inconnue

un port de nulle part.

Jeté comme un caillou

qui n’a fait aucun bruit

en touchant la surface

mon poème me noie

dans ce grand trou du temps

où nous nous sommes penchés.

Et où mes mots vous cherchent.
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François de Cornière
Par la vitre d'une brasserie.
Silhouettes ombres chinoises.
Le soleil dans la tasse
et se taire
tout au fond.

" Des cailloux qui flottent"
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moi qui ne vise rien sauf
mon poème arrêté
une image de vous
et vos rires vos rires
dans l'été
qui s'envolent.
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François de Cornière
J'ai nagé
avec toi dans la mer
avec toi dans le ciel
avec toi partout
au coeur de ce grand vide
où maintenant j'habite.

(" Nageur du petit matin") recueil évoquant sa femme décédée.
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LIQUIDATION

parfois on recherche un poème
pour une phrase
qu’on a lue on ne sait plus quand
mais qui revient - pourquoi -
à la mémoire
à cause peut-être d’une impression
pareille à celles qui font croire
qu’on a déjà vécu ce moment-là
alors on feuillette des livres
on s’arrête sur des mots des images
et on s’aperçoit qu’au fond
on n’a jamais rien lu
ou plutôt que c’est jamais fini la poésie
quand bien même on passe des nuits
à courir le long des rails
pour rattraper ce qui s’en va
comme un jour on s’arrête
devant une boutique de souvenirs
avant la saison sur la côte
pour une pancarte en lettres bâtons
qui dit que TOUT DOIT DISPARAÎTRE
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François de Cornière
Douceur des lundis
Le soleil derrière la vitre
Qui tombe sur le tapis
Et les vêtements qu'on quitte
Doucement
Nous rapprochent l'un de l'autre
Dans la province des gestes
Qui glissent sur le temps
Où remue seule
L'aiguille d'un réveil
Dressée droite
A quinze heures
Par-dessus ton épaule
Au coeur même de nos corps
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CE PETIT TAS DE MOI

J’ai nagé très lentement ce matin.
La mer était un lac
pas un souffle de vent
et personne sur la plage.

La lune encore visible
belle et ronde au-dessus
le soleil – lueur orange –
du côté des marais.

J’ai nagé doucement
faisant glisser mes bras
dans l’eau claire de la baie
étirant tout mon corps.

J’ai nagé seul au monde
– le trait blanc d’un avion
comme souvenirs de nous
que je n’aurai jamais –

Et sur le sable froid
ma serviette et mon pull
ce petit tas de moi
là-bas qui attendait.
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Et le ciel bleu de février
le froid qui piquait l'air
les blockhaus vers le haut de la plage
comme enfouis dans le sable
le soleil rouge
la lune si claire.

J'avais voulu de ces vestiges
garder la belle lumière

peut-être la retrouver écrite
si elle voulait m'aider à passer
un autre jour de ma vie.
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François de Cornière
En revenant c'était un jeu
de retrouver nos pas laissés
sur le sable mouillé
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ÉCART

sentir déjà l’automne
malgré le ciel
malgré le bleu
malgré la date du journal
et essayer de noter ça
sur un carnet pour un poème
comme une adresse un jour
échangée avec un inconnu
sur un paquet de cigarettes
on sait qu’on n’écrira pas
on fait seulement semblant
et l’on regarde partir
un enfant à la pêche
avec une ombre trop grande
qui pédale pour lui
et qui creuse l’écart
irrémédiablement
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POUR UN PIANO

Une villa fenêtre ouverte.
Pins parasols chemin côtier
le ciel l’été le calme plat.

Le même morceau le même passage
sans cesse repris sans cesse
interrompu.
Sur le clavier je me disais :
« Qui peut bien jouer ? »

La mer aussi semblait attendre
et partager dans l’immobile
cette impression qui s’en allait
en plein midi vers ce poème

pour le piano d’un inconnu
- un homme une femme ? -
qui transformait un air de jazz
en vagues touches d’éternité.
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On montait dans la chambre
les jours de tempête.
Par la petite fenêtre
– lucarne sous le toit –
on regardait la mer
grise ou verte qui roulait
d’énormes vagues blanches.

On aurait dit un bateau
ou un phare cette place-là.
Et le vent les nuages
les mouettes qui passaient
dans le rectangle de l’été.

Mais il y avait le bruit surtout
du grand dehors
quand sous les draps
nos corps minuscules
cherchaient comme des poissons
à s’enfoncer très loin
vers cette région du monde
qu’une ligne délimite
et qui n’existe pas:
l’horizon.
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LES QUESTIONS INVISIBLES



Je commence souvent mes poèmes
par des questions invisibles.

je m’étais fait cette remarque
en feuilletant mon carnet
(des ratures des flèches des croix des traits
Parfois un croquis une date
¬ un vrai labyrinthe).

J’avais relu :
« Sur le port de Hoëdic
les deux petites filles
en équilibre sur le parapet. »

Et j’avais revu
le bateau à quai
la passerelle branlante
l’heure du retour le soir
la belle journée passée sur l’île
(le marin ressemblait à Freddie Mercury)
et là-bas

les petites filles
en équilibre sur le parapet
Elles secouent leurs serviettes de plage
Les font claquer
debout au bord du vide.

Le soleil ne voit qu’elles
c’est la fin de l’été
et le bateau s’en va.

La question invisible était :
j’ai soixante-sept ans
et j’ai le cœur chaviré
par l’image des deux silhouettes
qui font des signes
au bout de la jetée

 pourquoi ?
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LA PHOTO S'EFFACE


Extrait 1

Je la vois s'effacer
la photo que j'avais punaisée
sur l'étagère près du téléphone.

Nous sommes sur une plage
en octobre
je me souviens qu'il faisait très beau
et chaud pour la saison.

J'avais demandé à un homme
de nous prendre tous les quatre
je lui avais tendu mon appareil photo.
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DE L’AUTRE CÔTÉ


Un bourdon. Il est énorme.
Entre la vitre et le rideau !

Du bout de mes doigts
et dans ta voix cet instant-là
je sais qu’il est pour moi.

Le bourdon vibre
lentement glisse
de l’autre côté où tout s’en va.

Et le silence ferme nos bras
sur le frisson
ouvert en grand
qui nous prend là.
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