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Citations de Françoise Jacquin (19)


" Je vis au fond de mon âme, et j'aime ma solitude austère. (...)
Pourvu que j'aie du silence, un coin pour penser, un peu de liberté physique, beaucoup de liberté intellectuelle (et si possible de la vue), je suis satisfait (...)".
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Deux hommes parmi les plus grandes personnalités du monde intellectuel et spirituel du XXe siècle, Henri de Lubac et Louis Massignon, font la connaissance de Monchanin à l'aube des années 30. L'abbé qui comptait déjà de nombreux amis dans le monde de la pensée se voit, à leurs côtés, brusquement haussé, littéralement exalté. Quel n'est pas son bonheur de se sentir mieux que compris, deviné, et surtout confirmé dans sa vocation secrète par ceux qu'il admire le plus ! Bien que fort différents, le jésuite -son contemporain à quelques mois près- et le professeur au Collège de France- de huit ans son aîné- sont stupéfaits de découvrir en ce modeste desservant d'une quelconque paroisse lyonnaise un être d'exception. La communion profonde au " voeu essentiel qui fait vivre" - selon la belle expression de Massignon - confère à cette double amitié une rare plénitude. Entre la prudence avisée de l'un et l'intuition visionnaire de l'autre, Monchanin va recevoir sa mesure propre.
On connaît l'émouvant récit que le P. de Lubac a donné lui-même de sa première visite à l'abbé Monchanin dans Images de l'abbé Monchanin, cet exquis petit livre " qui dit trop faiblement mon admiration et ma reconnaissance pour cet homme extraordinaire, ce prêtre génial, qui fut un mystique et un saint ". (...)

" J'ai devant moi, non pas un érudit -quoiqu'il lise Asanga en sanscrit- ni un curieux de choses étranges, ni un humaniste séduit par les penseurs qu'il étudie sans participer lui-même à leur pensée, ni le moins du monde un rêveur, ou un syncrétiste, ou un esprit tant soit peu exalté : mais un homme qui revit, toute distance abolie de temps et de lieu, l'aventure spirituelle de ces lointains frères humains".

Chapitre II
Années de recherches et de rencontres ( 1922-1932)
Les grandes amitiés
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A l'Institut catholique, les cours sont bien moins nombreux que ceux des années précédentes; le travail est laissé à la discrétion de l'étudiant et surtout, il échappe, -enfin!- à l'assujettissement de manuels obligatoires. Les qualités du nouvel élève sont vite repérées par le corps enseignant : que ce soient E. Podechard, professeur d'exégèse, le doyen J. Tixeront, professeur de patristique, Albert Valensin, professeur d'apologétique et son frère Auguste, professeur de philosophie. Les deux premiers, sulpiciens, sont d'authentiques chercheurs dans la ligne de Mgr Duchesne et du P.Lagrange, mais se gardent bien de lie dire.

Chapitre II
Années de recherches et de rencontres ( 1922-1932)
Etudiant de la presqu'île
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Il est une démarche à laquelle tout homme sur le point de recevoir le sacerdoce doit se soumettre et qui va beaucoup coûter à l' "abbé" Monchanin, c'est le serment anti-moderniste exigé depuis 1910. "Pour mes confrères, ce sera une simple formalité : pour moi beaucoup plus (il souligne ces deux derniers mots) qu'une simple formalité." Dans quelle mesure en effet doit-il violenter sa conscience en lui demandant de mettre des limites à sa recherche de la vérité ?

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
Sacerdos in aeternum
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Le corps professoral du séminaire de Lyon apparaît mesuré et sage en cette atmosphère vite passionnée, cherchant à relativiser ces tensions et ces excès. Le supérieur, M.Pourrat, s'applique à former ses élèves dans une sainte appréciation de l'expérience et une sérieuse connaissance scripturaire : deux objectifs, somme toute, très modernes. Parmi ses maîtres, Monchanin apprécie particulièrement M. Richard qui enseigne la théologie dogmatique d'une manière personnelle sans se contenter de paraphraser le sacro-saint manuel de Tanquerey. (...)
De plus, en ces jours de polémique sur le transformisme, notre séminariste est tout heureux de surprendre chez son professeur préféré une évidente "sympathie" pour ces théories scientifiques qui pulvérisent un fondamentalisme devenu intolérable.
M. Lepin, professeur d'Ecriture sainte, construit quant à lui son cours à partir d'une réfutation systématique des thèses de Loisy : cela aurait pu être stérile si le maître ne faisait pas constamment appel aux travaux du P. Lagrange. Il revenait du reste d'un séjour de travail à l'école biblique de Jérusalem, formé aux méthodes de l'exégèse scientifique. Comme Mochanin lui exprime son désir de juger sur pièces, son professeur l'invite à lire certaines pages du savant excommunié en 1908.

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
Des maîtres à penser
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Du milieu de ces contrastes se forment heureusement, dans le silence d'études personnelles ou dans l'échange avec certains professeurs qu'il admire, de nombreux foyers d'intérêt. Plus Monchanin avance dans ses études de théologies, plus il découvre une nouvelle manière d'envisager cette science, non plus exclusivement du point de vue de la rationalité -ce qui était le propos de la scolastique- mais du point de vue de la spiritualité. Il sera comblé par la lecture du P. Rousselot, jésuite tué en 1915, qui développe dans L'intellectualisme de saint Thomas et surtout Les yeux de la foi une perception de l'acte de foi intégrant les découvertes psychologiques et les exigences de la pensée moderne. Ces ouvrages bouleversent le cadre habituel de l'étude de la théologie, invitant à dépasser le registre de la raison par celui de la vision. Le statut de la philosophie chrétienne. Le recours à une démarche immanente, basée sur l'inhabitation de Dieu en toute âme droite avait bien quelques relents de modernisme mais cela correspondait mieux à la place accordée à l'intuition par la mentalité contemporaine.

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
Des maîtres à penser
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Après cette longue période "d'école buissonnière", Monchanin a du mal à retrouver les contraintes de la vie en collectivité...Pas tellement au point de vue matériel -le régime et les horaires se sont adoucis- qu'au point de vue intellectuel où les directives se sont plutôt durcies. Elles demandent "de rester près du manuel et de se rappeler que l'enseignement doit être scolastique et thomiste", de ne tenir compte du modernisme que "pour en réfuter les thèses".

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
§ Non à la tuerie
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Pour échapper à ces pénibles constatations, il va se ressourcer à la bibliothèque municipale, bien mieux fournie que celle de Charlieu. Il s'enivre littéralement de poésie et de philosophie, se plonge dans l'étude de Nietzsche avec frénésie. Sa théorie du surhomme l'exalte. (...) Il se sent en complète affinité avec l'auteur; et sa formule : : "Deviens ce que tu es", l'enthousiasme si profondément qu'il en fera sa devise. Sans doute est-ce à cette époque qu'il s'initie à Marx et à Jung. Il alterne la lecture de ces maîtres du soupçon avec celle des penseurs indiens qui sont à l'opposé et qui le fascinent. Le rayon "Bouddhisme et Hindouisme " n'est pas négligeable à Roanne.

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
§ Non à la tuerie
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Préposé à la surveillance du dortoir, son manque total d'autorité lui joue quelques tours pénibles. heureusement, l' "abbé" sait se sauvegarder de bons moments de liberté. Il les consacre bien entendu à la lecture et se délecte en la compagnie d'auteurs à peine entrevus durant ses études antérieures et qu'il s'était bien promis de retrouver. Ainsi L'Idée de Dieu de E.Caro, en son analyse des "doctrines récentes", le convie à approfondir l'étude des philosophies néo-kantiennes dont Jules Lachelier, Octave Hamelin, Emile Boutroux, Victor Delboss et le débutant Léon Brunschvicg étaient les représentants les plus intéressants.

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
§ La guerre
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En cette campagne désertée par tant d'hommes, la jeune fille se sent maintenant soutenue par son cadet. Elle guette impatiemment les congés du séminariste, se consolant de son absence par la lecture d'ouvrages de piété, préparant les commentaires qu'elle lui en fera et devinant les siens. L'histoire d'une âme écrite par elle-même de Thérèse de Lisieux la marque profondément. Les Souvenirs d'Elizabeth de la Trinité, cette jeune carmélite de Dijon, décédée il y a dix ans à peine et qui a voué sa courte vie à l'adoration de la sainte trinité, aussi. De même le Journal spirituel de Lucie-Christine l'enchante parce qu'il témoigne des voies de la contemplation la plus haute au sein d'une vie laique. Monchanin se laisse avec bonheur introduire par sa soeur en ces spiritualités de l'intériorité. Il trouvera chez ces femmes une telle transparence, l'écho d'une telle vérité qu'il en recommandera la lecture, quelque trente ans plus tard, à ses amis brahmanes comme étant la meilleure initiation à la vie chrétienne.

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
§ La guerre
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" Ne t'afflige pas trop (...) ensemble nous avons souvent goûté les charmes des crépuscules d'été...moments par excellence du calme, du recueillement et de paix ! Ton âme incertaine de sa vie et de son avenir est aussi un crépuscule...qu'elle soit un crépuscule plein de discrètes lueurs, de parfums, de chauds effluves, de sérénité et de paix dans la confiante espérance des futurs aurores."

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
§ La guerre
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" Je bénis Dieu de m'avoir donné dans mon enfance de longues années à savourer la joie de la solitude et de la pensée avec moi-même : j'en ai retiré un penchant très grand pour la vie contemplative et retirée et j'attache un aussi grand prix, un plus grand même parfois à ce qui est pratiquement inutile qu'aux actes les plus indispensables à la vie matérielle ou tout au moins pratique. C'est alors que j'ai appris à vivre dans un nuage idéaliste, au-dessus des misérables et plates réalités de ce monde, dans ce lieu éthéré où l'on contemple pour ainsi dire sans voiles les profondes vérités philosophiques et scientifiques, les grandes idées, les sentiments élevés, la contemplation de la nature, de l'art, de la bonté..."

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
§ La guerre
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La "douce mère", frustrée par l'éloignement de son mari, va se complaire en l''intimité de ses deux chers petits. Elle leur communique son amour pour la poésie, spécialement pour le grand homme de la région, Lamartine. Ils iront plus d'une fois tous les trois en pèlerinage à Saint-Point, goûter l'ombre des arbres sous laquelle le poète a longtemps vécu. Bonne musicienne, Mme Monchanin tient à ce que les enfants étudient un instrument : Nina jouera du piano et Julot, du violon. (...)

Toutefois, plus que ces "célestes mélodies" (ainsi qualifiées ironiquement par le jeune violoniste) la lumière de ces journées apparemment sans éclat, c'est la grande soeur chérie, "de la tendresse la plus exquise". Son "admirable facilité à épuiser rapidement un sujet, sautant pour ainsi dire de branche en branche dans le délicieux jardin de son imagination juvénile" remplit le petit frère d'émerveillement : "Je ne saurais assez remercier le Bon Maître de me l'avoir donnée, je lui dois tant !"

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
§ un mercredi saint
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A la charnière du siècle, les récits de toutes les découvertes géographiques, ethnographiques, physiques ne manquent pas de pittoresque et leur illustration photographique les authentifie de manière saisissante. Les desseins de l'abbé Moreaux figurant planètes et galaxies frappent aussi les esprits. "j'étais alors et je le suis encore un partisan passionné de la pluralité des mondes habités. Je me représentais les martiens comme des créatures bien supérieurs à nous, à moitié humaines, à moitié angéliques."

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
§ un mercredi saint
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Avec Nina, ils font de grandes promenades, goûtant les vastes horizons, l'harmonie de l'étagement des coteaux de vignes aux teintes changeantes. Tantôt ils montent vers les crêtes, couronnées de sombres forêts, d'où ils peuvent apercevoir la chaîne des Alpes par temps clair. Tantôt ils descendent vers la plaine et, aux beaux jours, poussent jusqu'aux verdoyants bords de Saône. (...); ils vont à la découverte des plantes et des bêtes, ils surprennent l'oeuvre des saisons et suivent avec compétence les travaux de la vigne. Durant leurs haltes, baignés par la grandeur de ces paysages paisibles, l'aieul dévoile pudiquement sa conception du monde. Toute la création lui apparaissait comme "une échelle sublime dont nous sommes les derniers échelons, et l'être monte toujours plus beau, toujours plus grand, toujours plus haut". Fidèle à cet esprit, le petit-fils affirmera plus tard ne pas douter que le grand-père agnostique "soit très heureux à la pensée que je serai prêtre et qu'ainsi je vivrai de la vie de l'âme dans toute son élévation".

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
§ un mercredi saint
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Parmi les grandes personnes qui ne cessent d'accabler le petit "malade" de pesantes recommandations, une seul se montre vraiment compréhensive : c'est le grand-père Jules Janin. Son petit-fils gardera un merveilleux souvenir de cet homme qui le sortira de l'atmosphère confinée où l'on croit nécessaire de le garder.

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
§ un mercredi saint
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La même année, confirmant ainsi sa nouvelle aisance, la famille part en villégiature à Aix-les-Bains. Il s'agissait de faire suivre une cure au petit Jules. Le choc de la haute montagne et de sa beauté frappera durablement les enfants qui en évoqueront longtemps après toutes les merveilles.

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
§ un mercredi saint
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Malheureusement, le négoce des vins entraîne fréquemment le jeune mari loin du domicile conjugal, notamment en Belgique et en Angleterre où la maison avait de gros intérêts. La jeune madame Monchanin ne mit pas longtemps à se rendre à l'affreuse évidence qu'elle n'était pas la seule bénéficiaire des ardeurs de son époux. Ainsi, peu après la naissance d'une fille, le 29 mai 1892, qui reçut le prénom féminisé de son père, Antonia, la décision de quitter Charenton s'imposa. La vie y devenait trop ingrate et le voisinage des beaux-parents ne simplifiait guère la situation. L'appartement des Chaffangeons se paraît maintenant de tous les avantages; Antoine Monchanin était d'ailleurs périodiquement amené à revenir pour y gérer ses vignobles. ce retour au pays symbolisa aux yeux de tous un certain échec, mais la naissance d'un fils vint peu de temps après effacer cette amertume.

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
§ un mercredi saint
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L'abbé Monchanin aimait rappeler la date liturgique de sa naissance : il se reconnaissait volontiers en cette atmosphère de vigile, y savourait la préparation de grandes choses. Son entourage n'avait pas oublié cette fameuse semaine sainte de 1895 qui vit naître, le mercredi 10 avril, aux Chaffangeons, petit hameau de la commune de Fleurie en Beaujolais, un enfant chétif dont les premiers jours furent en danger. (...)
La jeune accouchée, Marie-Ursule Janin, s'était mariée le 18 mai 1891. Ancienne élève des ursulines de Villefranche, elle avait cultivé les arts d'agrément dans l'isolement de son village, rêvant au prince charmant. Il se présenta, peu après ses vingt ans, sous l'uniforme d'un beau capitaine de vingt-cinq ans, Antoine Monchanin, officier de réserve, fils d'un riche négociant en vins de Charenton et propriétaire de nombreux clos dans la région.

Chapitre premier
De l'enfance à l'ordination ( 1895-1922)
§ un mercredi saint
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