Prix des collégiens - Gallimard Jeunesse - 4ème-3ème
Rencontre avec François Place, Isabelle Pandazopoulos, Claire Castillon et Charlotte Erlih. Entretien animé par Manon Fargetton.
Retrouvez les livres :
https://www.mollat.com/livres/2586613/francois-place-la-reine-sous-la-neige
https://www.mollat.com/livres/2586610/isabelle-pandazopoulos-demandez-leur-la-lune
https://www.mollat.com/livres/2563111/claire-castillon-river
https://www.mollat.com/livres/2457390/charlotte-erlih-bacha-posh
Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/
Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux :
Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/
Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts
Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat
Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/
Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat
Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/
Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
Maman a l’air d’une enfant comme moi quand elle l’écoute. Et lui, d’une plaque de marbre froid qui se fend quand il la regarde. Souvent, elle baisse les yeux le temps de se réchauffer sur une image plus douce, mes pieds, mes mains croisées ensemble comme deux lapins chauds.
(page 26)
Avant, quand on s’en allait toutes les deux, après l’avoir croisé entre l’escrime et l’art plastique, maman essayait d’être joviale mais ça se voyait qu’elle avait le corps triste à cause de leurs âmes comme des chiffons mouillés trop lourds. Il la déchirait en disparaissant, il la déchirait en oubliant d’apparaître.
(pages 20-21)
Rien ne change jamais. Depuis qu’il est là, maman essaie de l’apprivoiser mais elle n’y arrive pas. Il l’aspire. Je ne sais pas si elle est encore capable de fuir. Je me dis que ça fait des siècles que les chevaux ne sont plus chassés. Pourtant, ils ont le réflexe de courir.
(page 112)
A priori, dans un couple, on peut dire non. Au lycée, on a eu une conférence sur la sexualité. Faut y aller seulement si les deux sont d’accord et qu’aucun des deux n’a d’ascendant sur l’autre. Mon corps est à moi. Pourquoi Mondjo dit toujours que je suis à lui ?
C’est comme si maman me kidnappait. Il faut à présent le retirer de nos oreilles, de nos yeux. Sa présence est insupportable. Notre mémoire est un film d’horreur.
(page 127)
Mais il ne se tait pas. Sa voix n’est pas forte d’ailleurs, il continue à cracher des phrases, elles sortent de sa bouche comme d’une photocopieuse. C’est son cerveau qui suinte.
(page 64)
Je commence à pleurer. Ça, mes parents ne le supportent pas. Si une larme s'aventure sur mon visage, les deux yeux de ma mère sont immédiatement humides. Mon père, lui, fronce les sourcils gentiment, tellement gentiment que je redouble de sanglots. (…) Je hoquette. Le pire, c'est que ça me rend toujours infiniment triste de m'entendre pleurer. Je raconte combien Mme Ivano est méchante. À cause d'elle, les maths sont devenues ma hantise. Je précise qu'on va élire un délégué pour revendiquer nos droits et, à l'avenir, empêcher d'autres humiliations. Puis je raconte sa façon de m'interroger en boucle, moi, puis Aron, puis Dorothille, puis Ophé et Zoé et Irina et Tofer. Et Ménéhiade. Même Thomas. Même Espérance. Même Paul. Même Verdjic. Papa m'interrompt :
- Bon, ça va, on a compris.
- Ne la coupe pas, Clément, il faut que ça sorte, regarde dans quel état on nous l'a mise ! chouine maman.
- Qui ça ?
- Mais l'Éducation nationale !
Quand on rentre à la maison, il est toujours assis de dos dans la cuisine. Cubique dans le décor comme un bloc de foie gras froid. Aujourd’hui, je me dis qu’il a dû faire des selfies pour calculer l’effet qu’il nous ferait, si brutalement assis, lourd, de dos.
(page 94)
C'est ça qui est bien avec la vieillesse. Le temps est une course, certes, mais on apprécie qu'elle traîne un peu.
Je voudrais avoir un homme avec deux grands bras de koala, sans égard pour les méchants, plein d'amour pour ma tristesse. Pour lui, je deviendrais belle, je ne laisserai pas aller ce corps, ni ce cerveau. Aujourd'hui lire m'endort, écouter de l'opéra me fait pleurer, aller au cinéma me rend aigre, regarder du bonheur, acide. Je voudrais redevenir comme avant, discrète, solitaire, mais intriguée par les choses de la vie. Je voudrais ne rien perdre du recul que je croyais avoir sur les êtres.