Jeunesse qui t'élances
Dans le fatras des mondes
Ne te défais pas à chaque ombre
Ne te courbe pas sous chaque fardeau
Que tes larmes irriguent
Plutôt qu'elles ne te rongent
Garde-toi des mots qui se dégradent
Garde-toi du feu qui pâlit
Ne laisse pas découdre tes songes
Ni réduire ton regard
Jeunesse entends-moi
Tu ne rêves pas en vain
(Andrée Chedid)
En trois minutes ta vie défile
comme l'éclair avant la mort
C'est le temps du tango
histoire courte
minimale
*
Les hommes traînent leur solitude
les femmes leur amour inassouvi
Dans le cœur noir du tango
trône la mélancolie
*
Fantômes des pistes
les anciennes reines du bal
tournent leur mantille sombre
sur les sanglots du bandonéon
*
On se maquille cru
on s'habille poupée
taille fine et seins pointus
Les vieilles filles de Buenos aires
serrent leur jeunesse sur le cœur
*
Les regards se cherchent en silence
es-tu ici ce soir me désires-tu
sur les pas de la piste de danse
l'amour s'emmêle ou s'évanouit
Vogue la musique à quatre temps
qui ravive le rêve d'enfant :
l'homme aimé de toutes les femmes
la femme désirée par tous les hommes
musique lointaine des aïeuls
qui s'échappe de l'électrophone
du grenier triste de Gardel
(...)
La beauté est ce qui reste quand on ne possède rien.
L'église et le cloître sont gais comme des enfants
Partout des mains
Des mains offertes des mains ouvertes
Sculptées en chêne et en noyer
Peintes sur les fresques délavées
Qui reçoivent les stigmates de François
Et notre peau au creux des mains fourmille
Devant ces stigmates que l'on voit
Et ceux qu'on ne voit pas
Qui ne se savent pas
Dans l'anonymat des villes
(p.9)
Jeunesse qui t'élances
Dans le fatras des mondes
Ne te défais pas à chaque ombre
Ne te courbe pas sous chaque fardeau
Que tes larmes irriguent
Plutôt qu'elles ne te rongent
Garde-toi des mots qui dégradent
Garde-toi du feu qui pâlit
Ne laisse pas découdre tes songes
Ni réduire ton regard
Jeunesse entends-moi
Tu ne rêves pas en vain.
Andrée Chédid, "Jeunesse"
Le pavé italien a des allures de gravure
Dans ses secrets méandres
Il se faufile se penche s'incline et se reprend
L''eau s'apprivoise au geste du pavé
(p.6)