— Ne soyez pas naïf, Mozart. Ici, pour réussir, il faut être entreprenant, audacieux, retors, même... Il faut courir aux quatre coins de Paris et s'épuiser à parler, à se montrer.
— Monsieur Grimm, je suis musicien et compositeur. Pas homme du monde.
— Eh bien, Mozart, ici on ne connaît pas la musique. On donne tout au nom, la notoriété fait tout ! Et le mérite de l'ouvrage ne peut être jugé que par un petit nombre. Le public est en ce moment ridiculement partagé entre Piccinni et Gluck, et tous les raisonnements que l'on entend sur la musique font pitié. Vous voyez, mon cher Mozart, dans un pays où tant de musiciens médiocres et détestables ont fait fortune, je crains fort que vous ne vous tiriez pas d'affaire. De l'entregent, Mozart, là est la clef de la réussite. Soyez mon secrétaire et nous reparlerons de cela.
— Encore une fois, monsieur Grimm, je suis un musicien...
— Bien. Je m'occuperai de votre cas le mieux que je peux. Maintenant, je dois prendre congé de vous, jeune homme.