Le Mémorial de l'après midi, lui, n'avait pas manqué l'occasion, dans cette édition datée du samedi 2 mai, de donner quelques ultimes conseils à ses lecteurs-électeurs : "Quelques heures seulement nous séparent du deuxième tour de scrutin qui fixera les destinées de la France.
Nous avons dit et nous répétons que le premier devoir de tout citoyen conscient du rôle qu'il tient de la loi pour sa participation aux affaires de la France est d'accomplir ses obligations civiques et d'aller déposer son bulletin dans l'urne dimanche prochain. Son second devoir, non moins essentiel, est de donner son suffrage à un candidat qui a affirmé ses idées républicaines et nationales et sa formelle réprobation des théories révolutionnaires, collectivistes et internationalistes, en un mot un candidat partisan de l'ordre et de la légalité, contre les mesures attentatoires à la Liberté, à la Patrie, à la Famille et à la Propriété individuelle.
DONC, PAS D'ABSTENTIONS !
VIVE LA REPUBLIQUE ! "
Deux heures plus tard, il reçut la réponse par télégramme chiffré. Bonsergent aimait bien cette administration-là qui envoyait des télégrammes chiffrés à ses agents qui n'avaient pas le code pour les déchiffrer.
C'est un peu la magie du Grand Café, on sait que le patron a une étiquette collée dans le dos, mais ça n'empêche pas ses opposants de venir y boire un coup.
En passant Place Lavault, Bonsergent et Chesneau avisèrent un bistrot pour prendre un petit remontant. Si, entre police et gendarmerie, on pouvait mutualiser une enquête, on n'en était quand même pas encore à faire calva commun.
Le procureur avait été rapide dans sa décision. Comme annoncé précédemment, l'ouverture de l'enquête était confirmée. Et le commissaire Doullin, dont l'équipe était dans les starting-blocks, donna le coup d'envoi.