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Citation de missmolko1


Dans le musée étincelant de soleil, Ariane ne fut d’abord qu’une illusion. À sa place, Gabriel imagina Véro, ses yeux tendres et ses lèvres pulpeuses. Cette femme lui ressemblait tant qu’on eût dit sa fiancée, à l’époque où il étudiait aux Beaux-Arts : sa silhouette haut perchée sur ses talons Bally, sa façon de croiser les jambes, de sourire, tout cela le percutait de plein fouet. Malgré les années, ses souvenirs le pétrifiaient encore. Et puisque l’horreur s’infiltrait toujours jusqu’à l’os, il endura un instant sa terreur, le cauchemar de tout ce qu’elle avait vécu.
Gabriel crispa les poings pour ne pas trembler comme une feuille. Il jeta un coup d’œil circulaire à la mezzanine et tâcha de se reprendre en fixant la mer par-delà le port et la capitainerie. Il releva la tête et inspira profondément. C’est ainsi qu’il repoussait les courants du passé et retrouvait son souffle. Lui parvint un parfum de femme, des effluves de fleurs blanches. Bientôt l’odeur recouvrit tout. Elle prit le pas sur ses rêveries. Véro se dilua. Ariane s’imposa dans son champ de vision.
Ils se trouvaient à moins d’un mètre l’un de l’autre, admirant le tableau d’un figuratif argentin. Chacun de leur côté, ils détaillaient avec attention les dockers à l’ouvrage, les grues, les bateaux, les sacs de blé et de charbon. Rien ne manquait à ce spectacle coloré du Nouveau Monde parti pour ravitailler l’ancien.
– Le grupo de La Boca, murmura soudain Ariane.
Intriguée, elle se pencha pour lire une notice à moitié retranscrite, accrochée au panneau mobile avec ce titre énigmatique : « Quand vous traversez le port, évitez les condamnés à mort ! »
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