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Critiques de Frédéric Lemercier (168)
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Le Photographe, tome 2

Suite des pérégrinations afghanes du photographe Didier Lefèvre, mises en images dessinées et scénarisées par Emmanuel Guibert, et sobrement colorées par Frédéric Lemercier.

Didier Lefèvre, jeune reporter photographe, accompagne une caravane de Moudjahidins et de Médecins Sans Frontière partie de Peshar au Pakistan, pour aller fonder un nouvel hôpital de campagne dans la zone de guerre en Afghanistan. (Voir Le photographe 1, lien vers critique en bas de page.)

Ce second opus est beaucoup plus dur que le premier. Le long périple est achevé, et l’hôpital de campagne chichement installé – un préau vaguement abrité et une cour…- les malades et blessés affluent. Lefèvre, choqué lors de la première véritable vague de blessés de guerre, majoritairement des enfants, manque de laisser tomber son travail de reporter… Mais il a un sursaut de volonté, et devant le désarroi d’une mère qui vient de perdre ses deux enfants et le supplie de témoigner de cette violence absurde, il reprend son appareil et photographie le véritable visage de la guerre : celui d’un enfant défiguré, celui des enfants morts pour « dommages collatéraux »…

Vous l’aurez compris, âmes sensibles s’abstenir pour ce second tome, il faut avoir l’estomac bien accroché, ou tout simplement faire preuve d’empathie pour pouvoir lire cette suite sans concession ni fausse pudeur.

A la fin de ce tome, la caravane formée par Juliette, la responsable de cette expédition, ne rentrera pas directement au Pakistan maintenant que sa mission est terminée, elle compte faire un grand détour de plusieurs semaines pour aller visiter un autre hôpital de campagne. Cela ne convenant pas à Didier, qui commence à fatiguer des longues marches forcées, et qui estime avoir « rempli son contrat » avec MSF, il décide de partir avec une autre caravane qui retourne « à vide » à Peshar.

Il a besoin de s’affranchir de la bienveillance des occidentaux, il a besoin de se mesurer « seul » à ce voyage…

Toujours aussi intense et prenant, ce roman graphique hors-normes mélange avec justesse photos, dessins et narration. Suite et fin dans le troisième tome.


Lien : http://www.babelio.com/livre..
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Le photographe, Intégrale

Quand l’œil du photographe, rencontre le crayon du dessinateur, cela donne un ouvrage graphique original, doublé d’un ouvrage pédagogique d’un grand intérêt.

Le travail sur le terrain des organisations humanitaires, ici MSF, est bien abordé. L’humanité, et la technicité de ces gens ressortent à chaque page, et permettent aux profanes d’appréhender leurs difficultés pour accomplir leur mission dans des contrées qui manquent de tout, et dont les traditions culturelles et cultuelles freinent considérablement l’action.

Le graphique est intiment mêlé aux photographies de l’auteur. J’ai trouvé que cela rendait encore plus vivant le récit d’une aventure ayant existé.

Si les embûches n’ont pas manqué, si le choc culturel est réel, il n’en reste pas moins que ce pays a quelque chose d’attirant, autant humainement que géographiquement.

Les textes sont de bonne tenue.

Encore une fois, cette BD, m’aura montré que le genre pouvait dépasser le cadre du ludique, et du simple divertissement.


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Le Photographe, tome 1

Fort et percutant.

Dans cette bande dessinée, illustrations et photographies se mêlent pour retracer le voyage de Didier Lefèvre, photographe parti accompagner une équipe de Médecins sans Frontières dans une traversée de l'Afghanistan, en pleine guerre, en 1986. Les photographies sont magnifiques, le message est touchant : cet album m'a appris beaucoup de choses sur les conditions actuelles des réfugiés. Le courage de certaines personnes peut en sauver d'autres... A lire !
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Le Photographe, tome 1

Cette BD est en fait un magnifique carnet de voyage.

Didier Lefèvre nous relate son voyage en Afghanistan en compagnie de MSF.

La narration est fluide et bien construite.

Le dessin de Guibert est intéressant, avec un gros trait assez caractéristique.

Les cases dessinées sont alternées avec de nombreux clichés réalisés par le personnage principal ce qui donne à cette BD son caractère unique et exceptionnel



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Le Photographe, tome 3

Cette série est remarquable car elle offre un point de vue différent du basique affrontement manichéen entre les Soviétiques et les Moudjahidins. La difficulté pour l'association humanitaire de faire correctement son boulot est d'autant plus mise en valeur que Didier Lefèvre y participe à sa façon et qu'il le paye de sa santé. L'ensemble évite les écueils traditionnels de l'humanitaire : pas de pathos, pas de voyeurisme. Tout est décrit, expliqué, raconté en sobriété. C'est intelligent, c'est passionnant, c'est puissant, c'est rare, difficile de faire mieux. Il s'agit d'une lecture indispensable car il s'agit d'un reportage complet et brillant. A noter que la série a été primée par le prix France-Info de la BD d'actualité et de reportage en 2005.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Le Photographe, tome 1

J’avais repéré cet auteur grâce à la lecture des Ignorants, et déjà lu L’enfance d’Alan illustré par Emmanuel Guibert sur le même principe du mélange de dessins et de photos. Le thème est bien plus fort ici et la réussite indéniable.

Le dessinateur se fait donc le porte-parole et illustrateur du photographe Didier Lefèvre qui raconte en détails une mission humanitaire en Afghanistan à laquelle il a participé. En 1986, en plein milieu de la guerre entre Afghans et Soviétiques, une équipe de Médecins sans Frontière traverse à pied plusieurs cols afghans pour rejoindre le lieu de leur mission. Le photographe les accompagne, et engrange pellicules sur pellicules.

Les préparatifs de départ, le voyage, la longue marche à pied avec des guides, la traversée des cols, l’accueil parfois rude, parfois plus bonhomme, le survol des avions russes, la fatigue surtout, c’est ce qui ressort du voyage. Le courage des médecins, des femmes notamment, qui doivent se faire accepter, est incroyable. Ils accomplissent leur mission avec des moyens qui vont s’amenuisant, dans un pays parmi les plus rudes. J’étais vraiment admirative à la lecture !

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Le photographe, Intégrale

En 1986, le photographe Didier Lefèvre accompagne une mission de Médecins sans frontière en Afghanistan, alors en guerre contre l’URSS.



Ce roman graphique est un reportage, des carnets de route en quelque sorte, une expérience riche en aventures racontée avec sincérité. L’alliance photos et dessins est très réussie. On découvre l’Afghanistan de cette époque à travers les yeux d’un homme qui ne connait pas du tout le pays. C’est passionnant.



Les deux premières parties retracent le voyage avec les personnes de MSF, on découvre l’absurdité de la guerre dans un paysage grandiose, on voit des adultes et des enfants mutilés, on perçoit la rigueur de la vie des habitants, on s’étonne lorsqu’ils dynamitent les rivières pour manger du poisson, on se recueille autour de la tombe d’un homme abattu là deux ans auparavant, on plonge dans la profondeur de certains regards photographiés par Didier Lefèvre.



Dans la dernière partie, le photographe choisit de rentrer seul vers le Pakistan, ce ne sera pas sans encombre. Il va subir la rudesse du climat, ne pouvant communiquer il va se faire arnaquer. Cette dernière partie est riche en rebondissements. Et ce que j’ai apprécié par-dessus tout c’est qu’il ne se met absolument pas en valeur, il se retrouve bien souvent dans des situations qui ne le grandissent pas, bien au contraire, et il le raconte malgré tout, même si le tableau qu’il dresse de lui n’est guère élogieux.



Humour, drame, situations proches du burlesque, on suit ce parcours avec un intérêt qui ne faiblit jamais. J’ai adoré !
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Le Photographe, tome 3

Fin de la trilogie.Mon enthousiasme a baissé avec la perte d'énergie de Didier Lefèvre, sa solitude et la disparition de l'humour. Mais voilà,il ne faut pas oublier qu'il ne s'agit pas d'une fiction mais du réel reportage de ce photographe en afghanistan,les conditions ne sont pas celle du touriste club med ! Ce dernier album parle de lassitude,de fatigue physique et morale, les rencontres ne sont plus celles de la solidarité mais renvoient à un rapport marchand .Il continue pour autant à nous offrir la même qualité de graphisme et photographie.Enfin,on y trouve en annexe les portraits de toute l'équipe de MSF mais aussi de ceux qu'ils ont rencontrés dans cet émouvant périple. Pour finir,surprise à laquelle je ne m'attendais pas,un dvd du film que Juliette Fournot (l'infirmière) a tourné pendant ce parcours humanitaire afin d'attirer l'attention des civils sur cette guerre.
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Le Photographe, tome 3

Didier, notre photographe, a le mal du pays. Il souhaite quitter l'Afghanistan au plus vite. Et pour cela préfère repartir seul plutôt que suivre l'équipe de Médecins Sans Frontières qui vont faire un détour pour visiter d'autres villages afghans. Le voyage est mal parti avec un départ repoussé pour cause de maladie,e t pourtant Didier s'obstine à partir seul. Les malheurs, les obstacles et les malchances vont s’enchaîner jusqu'à son retour au Pakistan.



Ce troisième tome est donc centré sur Didier, qui entreprend seul le voyage de retour. Nous en lisant cela on se dit qu'il est complètement fou. Mais quel expérience cela a du être, et quel souffrance aussi. Je trouve que la psychologie est très bien rendu, cet état d'épuisement autant physique que mentale qui s'installe et qui joue avec les nerfs. Nous avons également une autre vision du pays, plus dur, plus rude et avec des personnes qui n'hésitent pas à extorquer de l'argent, qui n'ont plus le sentiment d'entraide. Au final cela représente un tableau varié, avec ses bons et ses mauvais côtés.

Dans ce tome il y a beaucoup moins de photo. Du coup le témoignage est le plus souvent mis en image. On comprend que Didier ne soit plus dans le même état d'esprit, qu'il n'a plus l'envie de prendre des photos quand tout va mal. On le sent aussi à travers le texte, cette lassitude, voir par moment un peu de désespoir.

Heureusement cela se termine bien pour Didier, et les autres membres MSF rencontrés tout au long de ce reportage en Afghanistan. Quelques lignes leur sont consacrés à la fin de l'ouvrage pour nous donner de leurs nouvelles 10 ans après la mission.
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Le Photographe, tome 2

(Voir le début de la critique consacrée au volume 1).

Le volume 2 raconte le coeur même de la mission. L'expédition est arrivée sur place et monte son hôpital dans un village proche des combats avec les Soviétiques en bénéficiant du soutien de la population. les malades d'abord et surtout les blessés de guerre, moudjahidins ou villageois, adultes ou enfants, commencent à affluer pour recevoir des soins. On découvre comment dans un environnement bien éloigné des salles d'opération aseptisées, les médecins s'oublient dans leurs tâches humaines avec une énergie presque surhumaine. Tout au long de la BD, les dessins de Guibert côtoient les photos de Lefebvre, et les deux médias s'enrichissent mutuellement en offrant au lecteur une expérience de lecture inédite.
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Le Photographe, tome 3

Suite et fin de cette étonnante trilogie, Le Photographe 3, où l’on suit toujours le long voyage de Didier Lefèvre, jeune photographe français partit en 1986 avec une équipe de MSF - Médecins Sans Frontières -, afin de témoigner de cette guerre en vase clos qui se jouait entre les Russes et les Moudjahidines, à la frontière du Pakistan et de l'Afghanistan, de 1979 à 1989.

Après plusieurs semaines de longues marches pour se rendre de Peshawar au Pakistan jusqu’aux reculés villages afghans des montagnes, Didier est bien déterminé à retourner au Pakistan, quitte à rentrer seul.

Pour ce faire, Didier part donc juste accompagné par un Moudj’ « prêté » par le chef de guerre de la caravane MSF. (Voir Le photographe 1 et 2.) La première partie du voyage se passe bien, Didier est maintenant aguerri aux longues marches et aux restrictions. Il est même heureux d’être enfin « seul » (il n’est jamais vraiment seul, toujours un type ou plusieurs pour le suivre et l’observer…). Mais les choses ne vont pas aller comme il le souhaiterait, et son voyage de retour va s’avérer être un long calvaire tragi-comique-paranoïaque…

Tout finira bien pour lui heureusement. Cependant de retour en France, il lui faudra plusieurs mois pour se remettre physiquement de cette longue expédition de trois mois en Afghanistan: il perdra 14 dents, et aura attrapé une furonculose chronique.

Sur les quelques 6 000 clichés ramenés de cette mission, seuls 6 photos seront publiés par Libération en décembre 1986. Pour Didier, c’est déjà beaucoup. Il a accompli sa mission.

Mais il reviendra encore et encore en Afghanistan, 8 fois en tout, pour revoir les villages, les gens qu’il y avait rencontré, et voir comment ils ont évolué. Un beau livre en témoigne, parut en 2002 « Voyages en Afghanistan ».

C’est seulement 13 ans après qu’Emmanuel Guibert, dessinateur et ami de Didier, lui souffle l’idée d’un livre… Le Photographe voit le jour.

Juliette Fournot, l’instigatrice et responsable de ces missions MSF, de 1979 à 1989, a elle-même filmé 18 heures d’images vidéo. Elle attendra 19 ans pour en faire un documentaire de 40 minutes « à ciel ouvert » - dont elle fait elle-même le montage, la bande-son et le commentaire –. Ce documentaire est joint au troisième tome de ce roman graphique incroyablement humain et réaliste et le ponctue d’une manière très forte.

J’ai été très touchée et très secouée par cette trilogie. Chaque tome radicalement différent du précédent, on voyage réellement avec Didier Lefèvre, et on ne peut que respecter et rendre hommage à ses hommes et femmes entièrement dévoués aux plus démunis, et qui donnent et donnent encore, indifférents aux races, religions et autres billevesées de ce genre…

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Le Photographe, tome 1

Véritable coup de coeur pour cet album!

Didier Lefévre, photographe,quitte Paris en 1986 pour une mission en Afghanistan avec MSF. J'ai été immédiatement intégrée,tout simplement en préparant les sacs pour le départ,en allant dire aurevoir à la famille. ..Au delà des vignettes, s'insérent des morceaux de pellicules en noir et blanc , le décors est planté,aucun doute: c'est un reportage!

J'ai vraiment eu l'impression de faire partie du voyage, de découvrir les coutumes, les personnes, les lieux, la vie quotidienne en même temps que Didier L. Les"bouts de pellicule " laissent souvent la place à de très belles photographies sans voler la vedette au graphisme ni au texte très complémentaires d'Emmanuel Guibert.L'expédition se prépare, je fais connaissance avec l'équipe au Pakistan et c'est parti pour l'Afghanistan avec une caravane d'une 20ène d'ânes,de 100 chevaux et autant d'hommes armés.

C'est passionnant,on mesure la complexité de ce qui se joue dans cette région du monde,entre politique,économie,cultures,moeurs ,religions etc...Il y a beaucoup d'humour,pas de fioriture ni sensiblerie juste de beaux rapports humains. Ce premier tome ne nous plonge pas dans l'affrontement ni la violence mais nous y prépare.Je suppose que les suivants seront plus durs mais après cette lecture je n'ai aucun doute sur le fait qu'ils seront sensibles,respectueux et pudiques.
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Le Photographe, tome 3

Ce troisième tome est terrible. Après cette lecture, le récit du 1er opus de la série, semble être celui d'une randonnée organisée par MSF certes, mais un truc assez tranquille.

Le voyage retour d'un français seul, ne parlant pas un mot de la langue locale, équipé d'un petit dictionnaire au milieu des montagnes afghanes est assez prenant et inquiétant aussi parfois.

J'ai été happé par ce récit, à me demander à chaque page qu'est ce qu'il allait bien pouvoir lui arriver ensuite.

Chaque tome de cette série a une ambiance bien à lui, et je ne regrette pas d'avoir poursuivis cette lecture malgré un avis très mitigé au départ.
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Le Photographe, tome 1

J'ai toujours beaucoup de mal avec les reportages BD. Je trouve toujours que le format n'est pas adéquat pour soutenir le propos.

Même si le récit ici est très intéressant, quoique je trouve qu'il n'est pas assez remis dans son contexte (la faute au format ?), et malheureusement mes connaissances de la géopolitique afghane des années 80 sont quasi-nulles. Donc j'ai beaucoup de mal à tout comprendre.

La BD est également agrémenté de photos, et là aussi c'est une déception : leur format miniature ne permet pas d'en profiter comme il faudrait.

J'ai également emprunté les tomes 2 et 3, que je vais lire, mais sans avoir particulièrement envie de m'y plonger.

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Le photographe, Intégrale

Non, il n'y a pas d'artifice dans le graphisme, ni dans le dessin de l'auteur.



Tout réside dans l'agencement et l'alternance subtile entre dessins et photos. Les illustrations jouent le rôle de lien, d'articulation, entre chaque prise de vue. Elles s'effacent et sont ni plus ni moins au service des photographies, les stars de cet ouvrage. Et, petit à petit, ce sont bien les photos qui deviennent la clef de voûte de l'histoire, du récit, du projet tout entier.





Nous découvrons donc, tout au long de la lecture du livre, des bouts de bobines de films (car non, à l'époque le numérique n'existait pas). Les photos sont tantôt contextuelles, tantôt difficiles à regarder - car le sujet du reportage est la médecine de campagne et de guerre en milieu désertique - et les reportages photos prennent alors toute leur dimension, supportées par les images et les dialogues retranscris par l'auteur.





Il s'agit d'un livre qui m'a beaucoup touché puisqu'il fait écho à mon propre roman " Embarqué(s) ! ", dont le thème de fond consiste à faire découvrir au lecteur les coulisses du métier de photoreporter.

Pour en savoir plus : www.dopffer.fr/embarques
Lien : https://jeanmarc06.wixsite.c..
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Le Photographe, tome 2

Ce 2ème tome préserve les qualités du 1er, réussissant avec intelligence à transmettre toute l'horreur provoquée par la guerre tout en sauvegardant l'idée que personne ne peut se résumer à ce qu'il fait,et ceci est valable pour le combattant...Ce n'est pas aux combats qu'on assiste mais à ses conséquences.Les blessures physiques et morales parfois irréparables, des visions dignes des "gueules cassées" de 14/18, la poignante douleur d'une mère portant son enfant mort etc...Ce 2ème volet est clairement un hommage à MSF,mais n'est ce pas la moindre des justices? et puis,au delà de l'hommage c'est la reconnaissance de l'engagement,sa force et son pouvoir: celui d'ouvrir les yeux au monde sur l'inacceptable violence, celui d'apaiser les douleurs et de tenter de sauver des vies dans les pires conditions.Enfin,transversalement ,toujours avec le même humour ce volume mène un combat lui aussi , celui contre les clichés! On s'attendrit devant ces pères si doux avec leurs enfants, on sourit face à cette jeune épouse qui choisit une seconde femme à son mari pour avoir une amie en son absence (tiens les afghanes ne sont pas que de pauvres victimes sous leur chadri!?)...Les photos,les dessins, le texte n'ont rien perdu de leur force et leur beauté et j'ai déjà hâte de poursuivre ma lecture avec le dernier tome dans lequel D.L prend un nouveau virage puisqu'on le quitte en fin de lecture sur son désir d'"être livré à lui même et se débrouiller."
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Le Photographe, tome 1

Pendant que je rédige cette critique, confortablement installée, bien au chaud, avec mon café, il y a des gens qui traversent les montagnes d'Afghanistan dans le froid, sous la menace d'avions militaires, au péril de leur vie, pour aller ravitailler un hôpital de guerre... Ils ont des ânes, des chevaux, des lourdes charges, ils se sont intégrés à une caravane de transport d'armes, obligés de faire un détour incroyablement long (3 semaines) à travers les montagnes avec des cols à plus de 5000 mètres, alors qu'une journée aurait suffit par la route, mais les routes étaient barrées par les russes.

A vrai dire cela se passait à la fin des années 80, et je ne sais pas s'il en est toujours de même là-bas aujourd'hui, mais j'imagine aisément le même type de situation en Syrie, au Soudan ou en Tchétchénie.

Ces caravanes qui vont et viennent indéfiniment, c'est exactement le mythe de Sisyphe, ça parait tellement absurde, tellement vain, tellement risqué...et pourtant ils le fond, avec courage, détermination et même parfois par vocation.

Le photographe qui fait le reportage sur ce convoi humanitaire parvient à faire des clichés saisissants : on voit la souffrance des hommes et des animaux, la rocaille partout, l'hostilité de la nature, les relations entre les occidentaux et les Afghans, des réfugiés qui qui fond le chemin inverse, et des carcasses qui jonchent la route...

Les commentaires sont explicatifs, ils sont les plus objectifs possibles et aident bien à comprendre la situation.

Quant à la forme, j'ai trouvé très intéressant cette alternance de vignettes de BD et de photos. Les dessins sont très sobres, parfois sans décor, on voit que l'auteur a été attentif à ne pas supplanter les photos.

Deux petits regrets : certaines photos sont très petites et on ne distingue pas bien les expressions des personnes, et puis il n'y a que des photos en noir et blanc alors que j'aurais aimé découvrir les couleurs des montagnes, des ruisseaux, des regards...

Un album découvert grâce au challenge BD, et dont je ne manquerai pas de lire la suite.
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Le photographe, Intégrale

Voici une bande dessinée originale : des photographies en noir et blanc occupent des cases. Tantôt des clichés, tantôt des dessins en couleur pour nous raconter une épopée en Afghanistan en 1986, en pleine guerre entre soviétiques et Moudjahidin. Malgré la grande rudesse de la vie dans ce pays en guerre, le regard tendre de Didier Lefèvre nous donne envie de connaître davantage le peuple Afghan, les paysages et le rôle des humanitaires. Le dessin d'Emmanuel Guibert et les couleurs de Frédéric Lemercier semblent neutres afin de ne pas interférer sur le ressenti du photographe de MSF.
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Le Photographe, tome 3

Troisième et dernier tome de cette très intéressante série consacrée aux missions de médecins sans frontière en Afghanistan dans les années 80.

A la fin du livre, il y a des petits textes qui racontent ce que sont devenus les principaux personnages. J'ai épaté que Didier Lefebvre y soit retourné après ce qu'il a enduré pendant son trajet de retour. On a vraiment affaire des hommes et des femmes exceptionnels. Le DVD, filmé par une des médecins, est également édifiant ; on se rend encore mieux compte des conditions extrêmes dans lesquelles s'effectuent ces missions.
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Le photographe, Intégrale

A la croisée des genres littéraires – reportage photo, bande dessinée documentaire, récit autobiographique, couverture journalistique de l’occupation russe en Afghanistan dans les années 80 – cet ouvrage est d’une densité impressionnante tant sur la forme que sur le fond. Le lecteur part en mission avec la caravane de Médecins Sans Frontières en même temps que le photographe Didier Lefèvre qui quitte Paris pour le Pakistan d’où l’équipe MSF rejoindra à pieds l’Afghanistan. C’est un sacré voyage qu’ils réalisent, plusieurs semaines à pieds à franchir des cols enneigés accompagnés de centaines de kilos de matériels, d’ânes et de chevaux sous la menace des tirs des russes qui sillonnent l’espace aérien. Dès le départ, on se demande si ces hommes et femmes sont bien taillés pour l’aventure. En effet, on est loin du cliché du journaliste photo reporter de guerre dégourdi et baroudeur. Didier Lefèvre accompagne l’équipe de médecins et infirmiers bénévoles pour rendre compte des conditions d’une mission dans un pays en guerre. Il découvre tout – de la langue aux coutumes locales – et se veut plutôt témoin discret des événements quitte à rater parfois quelques clichés. Le lecteur fait lui aussi « ses armes » et rentre sur la pointe des pieds dans le récit mêlant photos et dessins pour peu à peu découvrir et s’acclimater à la rudesse du pays et de son peuple de paysans qui délaissent petit à petit les outils pour prendre les armes et entrer en guerre contre les russes. La fin du périple conduit Didier, Juliette, John et les autres dans un petit village près des zones de combat et là, les choses sérieuses commencent. On y découvre le quotidien de l’équipe médicale qui travaille 24 heures sur 24 à combattre l’horreur de la guerre qui fracasse tout sur son passage : les enfants, les visages mais aussi la possibilité de vivre en paix et d’instruire ses enfants. Ce type d’ouvrage est une vraie réussite dans la mesure où il sollicite tant notre intellect que nos sentiments. Il raconte des anecdotes tout en donnant à voir et sentir une réalité du bout du monde autrement que dans un petit flash info au 20H. Il invite à découvrir une culture, à percevoir autrement un peuple et à poursuivre cette découverte par d’autres lectures. A ce sujet, l’ouvrage contient également un film documentaire « A ciel ouvert », le journal filmé de la mission par Juliette Fournot, chef de l’expédition MSF en Afghanistan en 86. Un ouvrage qui nous plonge au cœur de l’humain dans ses contradictions et ses folies mais aussi son abnégation, son courage et sa grande capacité de résilience. Je termine ce petit billet par les mots d’Emmanuel Guibert expliquant dans un interview sa volonté de faire un livre à partir des reportages de Didier Lefèvre :

« Le photographe, s'il aime raconter, raconte les anecdotes à ses proches. Puis le temps passe, d'autres missions, d'autres photos et d'autres anecdotes chassent les premières, et la mémoire, elle aussi, les met en boîte. Voilà comment s'endorment les histoires. Le nombre de belles histoires au bois dormant est infini. La bande dessinée est un des moyens de les réveiller. J'ai cent raisons d'aimer Didier Lefèvre. L'une d'elles, c'est qu'il est bon photographe. Une autre, c'est qu'il raconte bien les histoires. »

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