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Critiques de Gabrielle Bell (6)
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Cecil et Jordan à New York

Toujours curieuse de la diversité de la B.D américaine, je me suis intéressée à Gabrielle Bell. « Cecil et Jordan à New-york » est un recueil d’histoires courtes, certaines en couleurs, d’autres en noir et blanc. Le bilan de ma lecture est mitigé. Il y a de très bonnes choses et un trait épuré agréable à l’œil mais l’ensemble n’est pas vraiment abouti et certaines histoires ne m’ont pas plu du tout.

Les histoires que j’ai préférées sont celles qui sont très ancrées dans le quotidien. Dans ces récits réalistes, je trouve que Bell évoque avec beaucoup de justesse la solitude dans les grandes villes et propose de jolis portraits de personnages. En revanche, dès qu’elle s’essaie à une forme de poésie surréaliste, je trouve que Bell rate le coche, ces histoires-là ne m’ont pas touchée et m’ont même ennuyée tant j’ai trouvé qu’il y avait un côté forcé, artificiel.



Bien que je n’ai pas été emballée, « Cecil et Jordan à New-York » porte suffisamment de promesses pour que j’ai envie de découvrir d’autres ouvrages de Gabrielle Bell.

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Les voyeurs

Ce tome comprend plusieurs histoires courtes autobiographiques de Gabrielle Bell. La période couverte commence en 2007 et va jusqu'en 2010. Cette artiste est également l'auteure de Lucky (2006, VO), Cecil et Jordan à New York (2009), ou encore Truth Is Fragmentary: Travelogues & Diaries (2014, VO). Les histoires contenues dans ce tome sont en couleurs. Il comprend une introduction d'une page écrite par Aaron Cometbus, un batteur et écrivain américain.



Introduction : un groupe d'habitants sur le toit de leur immeuble a détecté qu'un couple est en train de faire l'amour dans l'immeuble voisin, sans avoir tiré les rideaux. Ils le regardent, comme des voyeurs. 2007 - Gabrielle et son copain font un tour à vélo sur Roosevelt Island, en blaguant sur l'âge des autochtones. Gabrielle apporte son ordinateur à réparer, il faut compter 3 à 5 jours. Elle se demande comment elle va pouvoir vivre sans accès à internet. Elle se souvient du temps qu'elle a consacré à gérer son compte myspace. 5 artistes (dont Gabrielle) dans une pièce s'interrogent sur leur problème, sur ce qu'ils ont envie de faire. Les 5 copains vont pêcher sur un grand bateau, au large de New York.



2008 - Pendant une dizaine de pages, Gabrielle Bell raconte ses souvenirs de son séjour au Japon avec Michel Gondry, pour l'adaptation en court métrage de son récit Cecil dans Jordan in New York. Gabrielle et Michel passent quelques jours dans le Sud de la France, chez la tante de Michel. À l'occasion d'une promenade en forêt, Gabrielle se baigne toute nue dans une rivière. 2008/2009 - Elle est de retour à New York, dans un petit appartement. Dans un coin, elle a aménagé une zone pour pratiquer le yoga, prêt du radiateur. Un jour, elle se rend à une soirée avec un copain, où il faut apporter un livre pour pouvoir rentrer. Ils ont oublié de le faire. Ils finissent par resquiller.



Le titre annonce clairement la nature de l'ouvrage : l'auteure propose au lecteur de devenir un voyeur de sa propre vie. Elle réalise une autobiographie de moments choisis, parfois très courts, parfois sur plusieurs jours. Il ne s'agit pas d'une narration continue : deux séquences peuvent se succéder, sans qu'il n'y ait d'explication du passage de l'une à l'autre. Il n'y a pas d'intrigue à proprement parler, juste des tranches de vie, de longueur inégale. Il n'y a pas de présentation des personnages, ou alors juste une courte phrase. Chaque séquence est repérée par une date et le lecteur dispose de l'indication de l'année, en début de partie. Le lieu est également précisé, l'activité de l'auteure l'amenant à voyager régulièrement. Elle n'explique pas son mode de vie. Au fil des séquences, le lecteur comprend qu'elle a fait de l'autobiographie son métier, mais qu'elle n'en vit pas. Elle donne quelques conférences épisodiquement sur ce métier. Le lecteur comprend à demi-mots qu'elle jouit d'une relative réputation dans le milieu intellectuel des comics quand elle évoque Françoise Mouly (longtemps responsable de la direction artistique du magazine New Yorker, et épouse d'Art Spiegelman). Elle évoque sa vie amoureuse en passant, sans s'y appesantir, sans évoquer sa vie sexuelle.



Il n'y a donc pas de présentation ordonnée de sa vie, de sa position sociale, de ses revenus (visiblement assez épisodiques). Au fil des séquences, le lecteur se familiarise avec sa personnalité : un peu dépressive, un peu obsessionnelle, un peu léthargique, percluse de doute sur l'intérêt de sa vocation, sur la valeur de ce qu'elle produit. Gabrielle Bell fait un peu pitié, est un peu agaçante, mais quand même attachante. Tout le monde lui répète qu'elle a beaucoup de talent, mais elle n'a quasiment aucune confiance en elle, et éprouve chroniquement des difficultés à sortir de son appartement, à se retrouver en public. Elle est un peu gaffeuse, du genre à se tromper d'adresse pour un rendez-vous ou à oublier son invitation pour une réception donnée en son honneur.



Gabrielle Belle détoure les formes avec un trait fin et de taille uniforme. Par contre le tracé donne l'impression d'être un peu tremblé pas complètement assuré. Elle dessine des personnages normaux, avec des tenues vestimentaires variées. Les visages sont un peu simplifiés, avec un registre d'expression plutôt restreint. À de rares reprises, un visage va être déformé par une expression exagérée, mais pour un effet très ponctuel. Elle ajoute des petits traits courts sur les surfaces pour leur donner un minimum de texture. Elle ajoute également des petites taches noires aux contours déchiquetées pour donner une impression de zone d'ombre mal définie.



Au fil des séquences, Gabrielle Bell se retrouve dans des endroits divers et variés. L'artiste sait leur donner une apparence spécifique : balade en vélo sur Roosevelt Island, casiers de boîtes postales, magasin de maintenance informatique, avion, librairie papèterie, plage, petit appartement, etc. Les personnages se déplacent, font des mouvements, se regardent. Finalement les pages évitent une succession de têtes en train de parler, avec un degré de variété satisfaisant pour un medium visuel. Le lecteur évolue aux côtés de personnages réels, bien qu'un peu simplifiés visuellement, dans des lieux plausibles et concrets, eux aussi un peu simplifiés.



Gabrielle Bell invite le lecteur à regarder des moments de sa vie dans lesquelles elle est le personnage principal. Elle partage parfois le devant de la scène avec un second personnage, comme Michel Gondry ou Tony. Elle donne son point de vue au travers des phylactères, de quelques brèves didascalies. Sa vie est extraordinaire pour un lecteur lambda, mais aussi très prosaïque par le point de vue donné, par le caractère de la protagoniste. Dans ces tranches de vie, il n'y a pas de leçon morale, ou de révélations, ni même d'apprentissage ou de découverte du sens de la vie.



D'un côté, le lecteur est curieux de découvrir la vie de quelqu'un d'autre, comme un voyeur. Il est comment Michel Gondry ? Comment fait Gabrielle pour communiquer en français avec la famille de Gondry ? Quelle est la différence entre la pratique du yoga à New York et en Californie ? De temps à autre, l'auteure évoque des questions existentielles qui sont communes à chacun d'entre nous. Par exemple, elle évoque la proxémie, le fait qu'elle a un mouvement de recul quand en Californie, les gens vous étreignent pour vous dire bonjour (hug). Elle peut également faire ressentir la sensation de déception et d'inadaptation qu'elle éprouve quand elle n'a pas envie de sortir avec ses amis.



D'un autre côté, l'insécurité de Gabrielle Bell, ses atermoiements et son comportement très anodin exsudent une grande banalité. Ce n'est pas tellement passionnant ses petites histoires et elle n'est pas si extraordinaire : ce n'est pas une héroïne, c'est juste une personne normale. Dans le dernier tiers, l'auteure s'amuse un peu avec la forme, introduisant des événements qui auraient pu se passer, mais qui finalement se sont produits différemment. De cette manière gentille, elle rappelle au lecteur que tout ce qu'il lit n'est en rien la réalité. Ceci n'est pas une pipe. Par exemple, quand elle se déshabille pour se baigner dans une rivière, Michel Gondry (ou au moins son avatar de papier) lui fait observer qu'elle ne se comporte comme ça que pour avoir quelque chose à raconter dans son journal personnel, c’est-à-dire la bande dessinée que le lecteur est en train de lire.



À plusieurs reprises, Gabrielle Bell se met en scène en train de dessiner, en train de faire des croquis ou de prendre des notes. Elle applique donc le conseil qui veut qu'un auteur est d'autant plus intéressant qu'il parle de ce qu'il connaît. Il ne s'agit pas tant d'une mise en abyme, que du serpent qui se mord la queue. Pourtant elle ne va pas jusqu'au comique absurde de Joe Matt se dessinant en expliquant qu'il ne sait pas quoi dessiner (par exemple dans Strip-tease). Elle ne transforme pas non plus sa vie en un spectacle trash comme Julie Doucet dans My New York diary. Avec ce point de vue comparatif, il apparaît que Gabrielle Bell propose des bandes dessinées autobiographiques, avec un ton qui lui est propre, même si la lecture ne le révèle pas immédiatement.



Comme Joe Matt, Julie Doucet et d'autres, l'auteure n'utilise pas le langage psychanalytique. Elle préfère montrer, et raconter, mais en restant au plus près de ce qui s'est passé. Elle donne accès à son monde intérieur, sans projeter son ressenti sur les autres personnages qui sont autant d'êtres humains réels dans sa vie. Effectivement, le lecteur a l'impression d'être présent à chaque endroit et de voir des personnes en face de lui, qu'il ne connait que par ce qui lui est montré et par ce qu'en dit la narratrice. Il devient le voyeur de tranches de vie de Gabrielle Bell. Il a l'occasion extraordinaire de vivre plusieurs instants de sa vie, d'éprouver une empathie simple et honnête vis-à-vis d'elle. Elle n'assène pas ses convictions, elle ne soliloque pas sur ses émotions et pourtant elle existe sur la page.



Ce recueil de scénettes n'a rien de palpitant. Les dessins portent bien la narration visuelle, sans être spectaculaires ou particulièrement jolis. Gabrielle Bell est une femme comme les autres, un être humain banal et pourtant unique. Sa narration n'est pas intellectuelle, ni psychanalytique. Elle n'étale pas sa culture, même si elle affleure à plusieurs reprises. Pourtant le lecteur l'accepte comme elle est et la suit dans ces tranches de vie éloignées des sienne. L'histoire ne déploie pas un grand sentiment d'exotisme, mais l'honnêteté de cette démarche autobiographique transparaît à chaque page. Il en découle une expérience humaine unique et précieuse.
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Les voyeurs

Pas loin de Daniel Clowes dans l’esprit, Les Voyeurs intéresse par le ton personnel même si l’on aurait aimé un peu plus de folie ou d’humour.
Lien : http://www.bodoi.info/les-vo..
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Les voyeurs

On finit par admirer cette jeune femme qui réussit à rester créative avec autant de vague à l’âme.
Lien : http://www.actuabd.com/Les-V..
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Quand je serai vieille et autres histoires

Je pense que j'ai préféré cet album à Cecil et Jordan à New-York. Il y a moins d'histoires futiles (cf. le pigeon qui couve sur la fenêtre), les situations de chaque femme sont plus approfondies. Les éditions de l'an 2 présentaient alors cette dessinatrice comme une jeune femme prometteuse de la scène indépendante américaine, et pas de doute, elle est douée... et peut-être influencée par Art Spiegelman et sa revue Raw (l'assistante de l'artiste), que j'avais découverte à l'exposition ou plutôt dans le musée de la BD d'Angoulême transformé en 2012 en musée privé par Art Spiegelman... (ses albums Maus, un survivant raconte : tome 1 : mon père saigne l'histoire ; tome 2 : Et c'est là que mes ennuis ont commencé restent parmi ceux qui m'ont le plus marqué en bande dessinée...).
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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Cecil et Jordan à New York

Onze histoires courtes, quelques-unes colorisées, la plupart en noir et blanc. Je recommande spécialement à Monique / Bidouillette / Tibilisfil Gabrielle III... où il est question de deux pigeons nichant sur le rebord de la fenêtre ... D'autres histoires abordent des sujets moins futiles, comme un après-midi où la jeune femme pense pendant quelques heures que son mari est mort dans un accident d'avion (et se réjouit de la fin des contraintes de la vie conjugale)... mais il était chez sa maîtresse, pas dans l'avion. Pas extraordinaire, mais cet album se laisse lire agréablement...


Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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