Je replace sur mon corsage le médaillon qu'il m'a offert, un médaillon en or rehaussé de mon prénom, comme dans les publicités à la dernière page des magazines. Marc, au fond, n'est pas un si mauvais mari. Il a juste des colères. quand il a bu, il cogne. Après il pleure, il me demande pardon et le lendemain, il m'achète des fleurs, en pot de préférence pour qu'elles durent longtemps.
Je me réveille en sursaut, la gorge sèche, le coeur battant à tout rompre. Combien de temps ai-je dormi ? Michelle a mis les scorsonères à cuire. J'entends le bouillonnement de l'eau sur le feu. Et le tic-tac de la minuterie. la sonnerie va bientôt retentir, familière, effrayante. Samedi, je n'irai pas porter les paniers de pommes chez belle-maman. non je n'irai pas.
Plutôt crever.
J'ignore où je vais dormir cette nuit. J'ai quelques billets en poche, de quoi tenir deux ou trois jours. Il pleut. Je relève ma vitre et mets le chauffage; je suis parti sans prendre de veste, dans une absolue précipitation. Tout est resté en plan, mes cours sur mon bureau, mes livres. Je n'ai même pas éteint ma lampe ni fermé la porte de ma chambre. Ma mère m'a appelé pour manger, et moi, au lieu d'avaler ma soupe poireaux-pommes de terre, de beurrer des petits morceaux de pain pour accompagner les radis croque-au-sel du samedi soir, je me suis rué dans la voiture et j'ai appuyé sur l'accélérateur. Prochaine aire de repos : mille mètres. (début du texte)
En sept lettres ( horizontal )
Chat dans le ventilateur d'un moteur : CHARPIE.
Toute la misère du monde tombant dans nos assiettes en même temps que la compote de pommes qu'accompagnait invariablement la tarte maison.
"-J'irai cracher sur tes timbres, Annick ! Cette nuit ! Sur tes plus beaux. Cuba ! San Marino !"