Ce bouquin (assez mal imprimé au demeurant) cache le fil de son propos qui se dévoile vers la fin, « Boujeloud » et le « carnaval Bilmawn » (pages 178/185) dans un univers de “transgression” d'un ordre établi.
( voir : https://www.babelio.com/livres/Vincent-La-chair-et-le-diable/160971 )
L'auteur semble se livrer à une sorte d'ode à “un vrai bled” du Maroc, au sud de Tanger ; « Jajouka » où passa une nuit unique Brian Jones en 1968, qui y enregistra la musique traditionnelle du lieu, donnant en 1971 le “vinyle” « Joujouka » … en fait cela sert de trame à l'auteur, un prétexte au développement de l'idée qu'il s'en fait ; une forme “d'essai” sur Boujeloud, le culte « d'Astarté » (ou “Ashtoreth”), et du carnaval Bilmawn, à travers l'épopée de « Master Musicians of Jajouka » dirigé par Bachir Attar*, qui enregistra « Continental Driff » avec les Stones en 1989 pour les 20 ans de la disparition de Brian J.
Les Rolling Stones sont dépeint sous des travers peu ragoûtant et l'on se pose même la question des sentiments qui animent le narrateur concernant Brian Jones … Certes l'on se doute que ce n'était pas des personnages “exemplaires”, ils n'en avaient probablement cure, et pour cause c'était le fond de commerce instauré par Andrew Loog Oldham. Brian en fit sans doute les frais … et parler de lui comme d'un réel musicien (car cela lui est quand même reconnu !) ayant un comportement affectif “immature” n'est pas très élégant, on pourrait en dire autant de Wolfgang Amadeus Mozart [qui est cité], très seul en raison de son caractère difficile, (« demeuré affectivement enfant » selon sa soeur Nannerl) ; il avait une vie privée quelque peu “agitée” !
D'autres sources citent :
« Brian était le seul à avoir des manières, il était très amical, il nous donnait des billets gratuits pour le spectacle. Brian était très gentil. »** Jersey en 1964.
Certes les drogues ont opéré leurs dégradations ultérieurement quand vint la période de sa “majesté satanique” qui en général fait toujours bon ménage avec elles et les pathologies mentales qui l'accompagnent ! Pour reprendre Jean-Marie Pelt dans « Drogues et plantes magiques »(1) : « … les “drogues” viennent de la nuit des temps. Elles collent à l'homme comme la peau à sa chair. » !
Que vient faire le “portrait zodiacal” des « poissons » de Brian J. (p. 70) de la part d'un « docteur en psychologie clinique et en psychopathologie » en cette histoire … ? D'ailleurs il apparaît que sa formation professionnelle première(2) imprègne excessivement toute sa vision des choses concernant les Stones et autres, de cette période musicale qu'il semble abhorrer plus ou moins sans doute ...
Le narrateur développe une perspective assez réductrice du « Flower power »(3), autour de ce qu'il a eu de pire sans doute avec l'abus pour certains des psychotropes divers. Mais ce n'était pas le cas pour tout le monde dans cette mouvance, largement induite par une ligne de refus de la “domination” par une violence exacerbée des États divers dans leurs rapports de forces ; Joan Baez en est un exemple de grande générosité, significatif parmi bien d'autres, comme Sixto Díaz Rodríguez lui relativement peu connu ... et Stephen Hawking se positionant contre la guerre du Vietnam, en 1968/69 !
Quant à son interprétation de “l'épopée du rock” des années 60 elle est très subjective et ne correspond pas à une certaine réalité factuelle.
“Le son fondateur du rock” c'est la guitare électrique (comme il semble le reconnaître lui-même [p. 162] !)***, et ce “son fondateur” c'est Link Wray (d'origine Shawnees par sa mère) avec « Rumble » [que l'on peut traduire par “turbulence”] en janvier 1958 (“instrumental” banni pendant des années par de nombreuses stations radios américaines, alors qu'en 1960 les « Shadows » avec “Apache” sont très largement diffusés et crédités d'avoir “bouleversé la musique pop” sic. ! Ce qui nous paraît largement abusif !). Pete Townshend et Jimmy Page reconnaissent que sans Link Wray, eux-mêmes n'auraient jamais été ce qu'ils sont devenu en tant que guitaristes du “Rock 'n' Roll” !
Quant a affirmer péremptoirement que les “Stones” ont « créé le rock comme Vadim créa la femme » (!) et que le “Rock 'n' Roll” a eu « cinq ans d'âge » en 1969 (p. 204 et 206) et qu'il fallait en dresser la “nécrologie” après le lamentable festival d'Altamon, c'est quand même faire des raccourcis ! Les “spécialistes” de cette époque apprécieront !
Par contre Gaston Carré nous gratifie vers le milieu de son livre de quelques considérations qui ne sont pas du tout inintéressantes au sujet de la tradition du soufisme et de sa musique.
Puis vient Boujeloud et le carnaval Bilmawn dans un univers de “transgression” d'un ordre établi, là où en fait l'auteur semble vouloir nous mener dans son parallèle qui n'engage que lui dans la vision burlesque et sarcastique d'un “Rock” de décadance humaine.
Au demeurant ce qui y est relaté, des rites « paganiques » (du “dieu Pan”) est là aussi d'un intérêt certain !
En guise de conclusion, il nous est proposé que d'une part Brian Jones souhaitait peut-être prendre “le large” de sa vie tumultueuse et se donner un autre horizon musical que celui des Stones sous la houlette de Jagger et Richards, en allant à Jajouka, et que d'autre part Bachir Attar trouva en Brian le stimulant pour faire connaître au “monde occidental” l'ensemble traditionnel « Master Musicians of Jajouka ».
Il est à noter à ce propos que “Ginger” Baker des « Cream » dans “Toad” » de « Wheels of Fire », se livre à un solo de batterie inoubliable dont le rythme rappelle très fortement celui de « Jajouka », ce qui n'a rien d'étonnant puisque ayant joué et travaillé ensemble avec Bachir Attar des « Master Musicians of Jajouka » !
https://www.youtube.com/watch?v=4Gze0PxDKgQ
En tout état de cause j'adresse mes remerciements chaleureux à « babelio - Masses critiques », (ainsi que les éditions Erick Bonnier pour leur envoi) qui m'ont permis à travers cet ouvrage de replonger dans mon adolescence musicale et un peu “turbulée” elle aussi donc ; j'avais 15 ans en “68”, des cheveux blond et long … pas besoin d'un dessin ... ! Cela fait 76 ans aujourd'hui que Brian Jones est né, le 28 février 1942 ... ;-)
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(1)Drogues et psychotrope ; voir Jean-Marie Pelt :
https://www.babelio.com/livres/Pelt-Drogues-et-plantes-magiques/131992/critiques/1450472
(2) Gaston Carré aborda des sujets psychologiques. Il rédigea notamment des ouvrages de référence sur la toxicomanie : « Repères cliniques et théoriques pour une approche de l'héroïnomanie » (1985) et « Toxicomanie » (1991)
(3) « Flower power » : Les Beatles et leur évolution sur le plan personnel et artistique ont également joué un rôle dans la portée qu'a eu le Summer of Love. L'album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band sortit le 1er juin 1967 en Europe et un jour plus tard aux États-Unis.
Les Beatles ont alors dépassé leur image de “braves garçons” et, le 25 juin 1967, leur chanson « All You Need Is Love », écoutée dans le monde entier, mettait l'accent sur les idéaux d'amour, de paix et d'unité véhiculés par la contre-culture.
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https://www.youtube.com/watch?v=LwEoDGeNyrE
https://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=en&u=http://blues.gr/profiles/blogs/an-interview-with-bachir-attar-the-leader-of-master-musicians-of&prev=search
https://www.youtube.com/watch?v=8Z5kjqJSV1Y
https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=2016746558537255&id=1518741225004460
** « Eh bien, je les ai rencontrés quand ma famille était impliquée dans la piste de karting à Jersey en 1964 (je travaillais là-bas). Brian était le seul à avoir des manières, il était très amical, il nous donnait des billets gratuits pour le spectacle. Ma mère lui a fait cuire des oeufs et des frites au café :) le reste d'entre eux (Bill n'était pas là) vous pourriez ressentir une sorte d'animosité entre eux Mick et Keith et les pilotes Par ailleurs c'était à Jersey Channel Islands près du Royaume-Uni et non des États-Unis.
https://www.youtube.com/watch?v=MfRthNZo9J8
https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=2016746558537255&id=1518741225004460
https://www.yahoo.com/entertainment/bill-wyman-remembers-late-rolling-stones-bandmate-brian-jones-50-years-later-absolutely-brilliant-193632827.html?
http://amp.denofgeek.com/us/culture/music/281978/the-rolling-stones-and-the-mystery-of-brian-jones-death?fbclid=IwAR2icsK5bkqj_MKgdgKSLlRLYXv3aK7-nnUUa_gqk1URFBoKcsmzg3YuvnM
*** (« Le rapport de Brian à la guitare fut de nature « instrumentale » et non fétichiste — Jones ne dormait pas avec ses guitares, comme le fait Keith Richards, et ne les léchait pas à la manière de Hendrix, pour qui la guitare était appendice, prolongement corporel, bras de Shiva. Instrument ou organe divin, la guitare électrique est pour le monde entier l'étendard du rock et le maître signifiant de la modernité occidentale, que toute musique prétendant à des harmoniques européens ou américains se doit d'exhiber. » p. 162)
Link Wray est un guitariste et chanteur de rock américain né le 2 mai 1929 à Dunn, en Caroline du Nord, mort le 5 novembre 2005 à Copenhague.
Link Wray est le premier à domestiquer volontairement l'usage de l'effet Larsen. Il a également introduit dans le Rock l'utilisation des power chords, notamment grâce à l'instrumental « Rumble » interprété pour la première fois à Fredericksburg en janvier 1958.
http://tracks.arte.tv/fr/rumble
https://www.youtube.com/watch?v=Ni7fAqjA0BE
Il fut la première rock-star amérindienne, réussissant avec « Rumble » à vendre plus d'un million de copies en 1958. Ce titre fut pendant un temps banni par de nombreuses stations radios américaines qui craignaient qu'il encourage la délinquance juvénile. Un exploit remarquable pour un morceau instrumental. Une méfiance certainement due à son attitude excentrique, dérangeante dans les années 1950, comme l'était le Rock 'n' Roll1.
https://www.youtube.com/watch?v=LUHz0i8_ziA
Musicien relativement méconnu du grand public, il demeure une influence majeure pour ses contemporains et ouvrit la voie aux courants musicaux associés aux années soixante, puis durant les années 1970 (Punk, heavy metal) et 1990 (Grunge). Iggy Pop cite Wray comme influence ainsi que Neil Young. Jimmy Page dit que Link Wray avait une “vraie rebelle attitude” et le crédite dans It Might Get Loud comme une influence majeure au début de sa carrière. Pete Townshend (« The Who ») a déclaré à son propos : « Sans lui, je n'aurais jamais appris à jouer de la guitare ».
Les années Rock (63 – 69 ) ? alors que dire de : van Morrison et les « Them », Eric Burdon et les « Animals », les « Beatles », les « KINKS », Ten Years After, The Who et leur génial “opéra rock” « Tommy » [inégalé à ce jour mais certes assez iconoclaste et subversif], etc … et ultérieurement Patti Smith et ses « Glaneurs de rêves » (Woolgathering) https://www.babelio.com/livres/Smith-Glaneurs-de-reves/636126/critiques/946065
ou Neil Young : https://www.youtube.com/watch?v=pJge17kskwQ
Lien :
http://www.versautrechose.fr/