DIRE ET REDIRE
« Dans le dire, rien n’est jamais assez dit
qui n’aspire à être redit, mais autrement ». E. Jabès
Extrait 2
L’espace fendu
s’ouvre au visage de l’absence
Infirmité d’amour
retenu à cette vie tenace
nommée euphorbe et térébinthe
Je dis
la roche friable et grise
dissoute par la brûlure acide d’une larme
Je dis
l’écriture glissée sous la peau
la peau égratignée de ronces
Je recopie le paysage
mot à mot
jusqu’à l’enfouir dans mes cellules
Écrire comme une transfusion d’âme
À l'orient de la marche cette terre
Consanguine
Racinaire
Elle me contient
Sous mes pas son empreinte
Son reflet sous mes paupières
Lieu sacré échappé à toute géographie
Nid d'aigle en un repli Cévenol
La Combe
À l'ombre du tilleul ancestral
ma vie
Elle est cheminement confié à l'ange
devenu
feuillage
X
Traversée de l’herbe nue
J’ai marché ce matin sur un rayon de soleil
J’ai su que j’étais là où je devais être
à cet instant sans impatience
Oubli oublieux de toute mémoire
dans la rature de l’instant présent
en coïncidence avec le multiple
Porte battante de l’écriture
Rester à l’envers du mot
là où le sang bat, la vie ne se ride pas, le doute n’a pas prise
Glissée entre deux organes devenus feuillages
la Part du Souffle
DIRE ET REDIRE
« Dans le dire, rien n’est jamais assez dit
qui n’aspire à être redit, mais autrement ». E. Jabès
Extrait 1
Je dis
la falaise déchirée
son visage ridé
pierres éboulées
laissant le roc à la nue-verticale
Falaise engendrée du vide
secrète abrupte sauvage
Je dis
sa cicatrice toujours à vif à l’ouest du jour
Scarification
Traces infimes Traces infirmes
Roulement de pierres
Éboulis de mémoire
…