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Citation de LeFarandoleur


- Tu sais que j'ai déjeuné ici le lendemain du jour où tu m'as viré ?, grinça Montebourg de sa voix de châtelain. J'étais avec Hamon et Aurélie, on avait juré de te faire la peau.
L'ancien promoteur de la -démondialisation- parlait comme si l'affaire était vieille de trente ans. Lui aussi avait vécu la solitude, durant trois ans. Il avait vaguement espéré retrouver le chemin du pouvoir, mais toutes ses tentatives étaient restées vaines. Il avait envoyé des cartes postales à son électorat, en gravissant le Mont-Beuvron, et perpétuant le rendez-vous des frondeurs sur ses terres de Frangy-en-Bresse, en signant des tribunes dans la presse pour appeler à une troisième gauche, mais tout échouait. Le PS aurait besoin d'une clarification idéologique, se disait-il, mais il se refusait à la provoquer.
Il n'avait pas eu besoin de chercher loin le responsable de l'atrophie intellectuelle de son camp : Hollande, et sa tambouille solférinienne. Hollande, et ses synthèses improbables. Hollande, et son cynisme destructeur.
- On a un intérêt commun, dit-il rompant le silence. Si Hollande est réélu, on est morts, toi et moi.
Si Valls avait accepté de le voir, se dit-il, c'est qu'il attendait, lui aussi, un électrochoc. Il devait entendre son discours, et marcher avec lui. L'ancien Premier ministre baissa les yeux et engloutit une fourchette de purée. Il avait l'oeil noir mais brillant. Il écoutait.
- Moi, j'ai été dégagé pour incompatibilité politique, mais toi, il t'a viré parce que tu le gênais, poursuivit l'ancien ministre.
Valls s'était redressé, avait liquidé d'un trait son verre. Montebourg insista. Hollande était dans la vengeance perpétuelle, ritualisée. Il exécutait sournoisement, un par un, les quinquagénaires socialistes. Il n'avait pas supporté, lorsqu'il était à la tête du PS, de voir cette bande d'ambitieux lui savonner la planche en espérant le voir chuter. Il avait joué au benêt mais n'avait jamais oublié. En 2012, il les avait fait ministres pour mieux les tuer. Il suffisait de faire le compte : Cahuzac, carbonisé avec son compte en Suisse. Peillon, dégagé en deux ans à cause d'une polémique sur les rythmes scolaires. Moscovici, placardisé à la Commission européenne au motif que ses résultats étaient mauvais. Batho, virée en une journée pour s'être plainte de la baisse de son budget. Hamon, Filipetti, dézingués en même temps que lui.
- Et toi, et moi... Il ne reste plus que Cazeneuve, un gros naze sans ambition. Il a réussi son coup.
(p.196)
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