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Critiques de Gérard Coste (4)
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Le Bonheur est dans Longpré



Longpré , où se trouve donc ce village où Gérard Coste a passé une enfance heureuse ?

Sis dans l’Aube. Longpré qu’il fait rimer avec « insouciance et ignorance ».





Le livre débute par une réflexion sur l’écriture, c’est donc un défi que l’auteur s’est lancé. Puis il s’adresse directement à ce village natal, qui lui a offert une vie loin du tumulte.

Et en plus a fait germer sa vocation d’enseignant. Avec le recul, il réalise combien il fut chanceux de vivre dans cette « nature paisible » et n’hésite pas à qualifier cet endroit de paradis.



Les souvenirs photographiques qui ponctuent le récit autobiographique sont en black and white, à commencer par la carte d’identité datant de 1962, quand l’auteur est âgé de 10 ans. Celui-ci nous ouvre son album familial.



Tel un biographe, le narrateur brosse un portrait intime de lui-même et dépeint en même temps cette douceur de vivre dans ce village champenois. Il débute en 52, l’année de sa naissance, également celle des Jeux Olympiques d’été à Helsinski, rappelle-t-il. C’est en traction Citroën que la jeune future mère ( tout juste 17 ans) est conduite à la maternité de Bar sur Aube. Une mère peu expérimentée (placée à 14 ans comme bonne dans la ferme voisine) qui sera secondée par une des sœurs du Patron.



Cinq ans plus tard, débarque la petite sœur, Francine, surnommée La Puce. Avec humour il évoque sa surprise, n’ayant pas été préparé à cette venue, lui qui croyait que les filles naissaient dans les roses. Perplexe devant « cet être de chair et dos », il fantasme sur leur futur ensemble : leurs jeux à venir.



L’auteur brosse un portrait des campagnes avec ses traditions : « la fête du blé », des objets marquent l’époque comme : la toile cirée, les verres en pyrex, le réveil jaz.

On roule en 4CV, en Dauphine, on utilise le vieux tube Citroën.

Il décline une visite détaillée du corps de ferme. Dans la maison , on note l’existence d’un grenier où le narrateur aimait à s’isoler pour évacuer un chagrin, le couloir géant, au carrelage glacé, qui servait de « galerie des glisses », mais alimentait les peurs à cause de la porte du cachot. Très tôt, il s’intéresse à la flore du pré, des bois, véritable,« océan de verdure » où l’herbe qui ondule ressemble à des vagues. Les odeurs de foin coupé traversent le récit.

Parmi les dépendances, la grange à fourrage, dont la porte colossale, suspendue à son rail, impressionne. A côté le puits. En enfilade la bergerie et l’écurie où les chevaux ont des prénoms.



Chez les Lutrat, on labourait encore avec les chevaux, « l’unique force tractive », alors qu’au village le tracteur est installé. Perché sur le siège métallique de la râteleuse, le jeune Gérard se prenait pour John Wayne, fier de maîtriser la jument de trait.

Cette famille fait penser au père Crayssac, personnage du dernier roman de Serge Joncour, qui lui refuse le progrès. (1) Toutefois, un pas vers la modernité est souligné avec cette stabulation libre pour répondre dans l’urgence à un cas sanitaire.



Il se remémore sa scolarité, débutée à 5 ans avec une jeune institutrice dont « la blouse à carreaux inspire le respect ». Ses années porte-plume, pupitres en bois avec les encriers mythiques et odeur de cire, les ardoises pour le calcul mental, le Bled, le stress avant les compos, la caisse en bois du bibliobus toilettes à la turque, le préau, « témoin de ses difficultés à la corde », le « no man’s land ». Et la morale du jour en haut du tableau noir. Les sorties nature qui ont dû déclencher chez le jeune écolier le goût de l’observation lors de la constitution de planches d’herbier.Epoque où on distribuait des bons points et des Prix au 14 juillet ! L’excitation est à son comble quand la fête foraine s’installe avec sa rotonde pour le bal du soir. Les vacances d’été sont occupées à garder les vaches, aux moissons ou à partager un temps la vraie vie des scouts : la veillée,le feu de camp, le jeu de piste. Clin d’oeil à Rimbaud avec «  les dormeurs du Val » Roblot.



Le garçonnet nous dépeint la maison-dortoir, sans âme », qui n’avait pas l’eau courante. Le broc, le seau d’aisance étaient utilisés. Le jeudi est un jour favori avec le passage du facteur et la livraison du Fripounet. Les ados lisent Salut les copains. La radio, les jeux (nain jaune) occupent les soirées.

Il ne manque pas d’humour pour décrire l’arrivée de la machine à laver et son cadeau en bonus ( « un vulgaire volatile »)!

Les dimanches, regarder la télé chez les voisins, était l’ultime récompense.



Dès 9 ans, il lui arrive ( au printemps) d’accompagner ses parents pour une journée d’affouage, le vocabulaire relatif au travail du bois n’a plus de secret (« rins, chevalet, bique, ces auxiliaires du bûcheron »). Il se souvient de déjeuners champêtres troublés par un pigeon ramier.

Il nous fait redécouvrir les métiers d’antan, comme le maréchal-ferrant dans sa forge, utilisant «  tricoise, dégorgeoir, mailloche... ». Quel «  spectacle féerique » d’assister à tous ces gestes pour ferrer leur canasson dans l’atelier où résonne «  une symphonie ferrique » et où somnolent des outils obsolètes. Autre profession évoquée : « le puisatier sourcier » et sa baguette de noisetier.

En relatant le destin de Coco, la corneille apprivoisée, le narrateur souligne l’intelligence de ces corvidés et dénonce les chasseurs en pastichant La Fontaine !

Côté distraction, il y avait les spectacles de la troupe d’amateurs, à l’initiative d’un instituteur,Michel Moyne, caricaturiste reconnu qui avait comme objectif de fédérer les jeunes.



L’entrée en sixième, ce saut dans l’inconnu lui sera source d’angoisse. La visite du nouveau collège en fin d’année de primaire n’était pas encore instituée. Une première journée qui se solde par la disparition de son cartable, le bus raté, le retour à vélo et qu’il veut « enkyster » !



Il retrace aussi son parcours religieux depuis son baptême, les cours de catéchisme, la retraite jusqu’à sa profession de foi avec ce moment solennel, tous en aube et le traditionnel cadeau.

Le presbytère leur réservait des surprises quand il devenait « le salon télé ».



Dans son hymne à Longpré, il relate la métamorphose du village, avec l’arrivée de l’eau sur les éviers calcaires, la construction d’une nouvelle école, d’une nouvelle mairie. Bayel est encore «  un pays de verriers », La cristallerie a encore des beaux jours.



Les précisions météorologiques sont intéressantes à l’heure du dérèglement climatique, comme ce septembre 52, avec des vents violents et 5 degrés.





« Nul ne guérit de son enfance », ainsi s’achève le premier tome qui couvre les quatorze premières années de Gérard Coste. Des souvenirs empreints de nostalgie, teintés de poésie, ponctués de références littéraires ainsi que le portrait de quelques familles paysannes. L’humour s’invite pour le bonheur du lecteur ! Comme Mario Rigoni Stern l’affirme : « L’endroit où l’on a passé une période sereine demeure dans la mémoire et dans le coeur toute la vie ». Les adieux sont difficiles, mais le narrateur y reviendra souvent et pourra recueillir les témoignages du passé.

Qu’en a-t-il été pour la suite, une fois ado ? La réponse est dans le deuxième volet qui a vu le jour cet été 2021, intitulé : « Le village au coeur rouge ».



(1) NATURE HUMAINE de Serge Joncour, Flammarion
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Le Bonheur est dans Longpré

Petit village,perché à mi côte d'une colline,là où commencent les près et les chènevières et finissent les vergers et les terres,où chaque saison y laisse ses empreintes de couleurs, d'odeurs et de sons.

Quand je retourne là bas et que j’aperçois du plus loin son fin clocher d'ardoises grises, son coq et sa croix,tant de musiques me grisent ...............

Merci cher Gérard pour votre livre et tout ce qui s'y cache.

Je vous reconnais quelque part pour frère d'armes.



G.G.B
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Le Bonheur est dans Longpré

Le bonheur est dans Longpré.



Un récit entre témoignage historique, ethnographie, tableaux poétiques, recueil de

saynètes… Au début, on ne sait pas. On avance pas à pas. L’auteur est timide. Il n’ose

pas encore imposer son style. Il joue avec les jeux de mots, les références littéraires,

les adages populaires, emprunte aux autres poètes. On le regrette un peu, parce que

c’est trop modeste, trop en retrait, trop convenu (peut-être trop facile)… Et puis, il

y a ces photos qui imposent un style : celui de l’ethnographie. L’auteur se cache

encore : « Ce que je vous dis est vrai, la preuve, regardez la photo. » Il plaque le vrai

sur son réel à lui, comme s’il voulait se maintenir à distance, nous maintenir à

distance.

Pourtant ! Pourtant !

Pourtant, il ne va pas y parvenir. Ou plutôt, il va parfaitement parvenir à nous

toucher, nous prendre par la main, nous émouvoir. Plus il progresse dans son récit,

plus il nous fait oublier les photos et les jeux de mots trop convenus. Non. Tel un

perce-neige, il jaillit de dessous la neige. C’est un jaillissement poétique, un rythme,

une peinture. Le trait du pinceau est de plus en plus sûr. Par touches, il nous touche

au plus profond. Il creuse dans la terre riche de son souvenir, pour révéler l’humanité

universelle. C’est là, c’est puissant, vibrant, du vivant charnel, de l’émotion

magnifique.

Enfin, on est pris dans la danse, on tourne les pages avec un appétit qui ne se dément

plus. On aime ce gosse. On aime ces gens. Ces personnages à la Maupassant. Ce pays,

ces duretés et ses drôleries. Sa poésie infinie. On aime surtout ce gosse sincère,

curieux, si merveilleusement observateur, sensible, poète déjà. Et quand on connait

par avance le métier qu’il se choisira, on comprend tout son amour pour la vie et la

terre, pour ces petits miracles de la vie de la plante, de l’animal, et même de la pierre

et son récit de vie. Par les yeux et tous les sens, l’enfant a capté le monde : le geste

ancestral, les odeurs du monde depuis toujours, la lumière et la nuit, le froid et le

chaud de la nuit des temps. Il est dans le monde, en son centre. Longpré-le-Sec est

au centre du monde : théâtre des rapports humains, mi-comédie, mi-tragédie ; lieu

des transformations qu’apporte le progrès technique, lieu de l’évolution des

mentalités ; lieu de l’enfance en souffrance, en espoirs, en émerveillements, en

promesse d’amour et de liberté ; lieu de vie, creuset de la vie.

Alors on tourne la page, vite, pour ne pas perdre le fil de l’écriture, pour ne rien

perdre de l’émotion, du battement de cœur que procure à la fois la poésie du style,

de plus en plus assuré, et l’humanité mise à nue. On zappe les photos. Surtout qu’elles

ne viennent plus perturber l’imaginaire, le récit du conteur ! (Peut-être aurait-il été

préférable de toutes les regrouper au centre ou à la fin du livre, afin de nous laisser

le choix d’aller les voir ou non, au moment où nous l’aurions voulu, pour laisser le

texte, tous ces petits chapitres à la fois théâtraux et poétiques, intactes et pleinement

assumés comme œuvres littéraires.)

Ce récit d’enfance est une parfaite réussite. C’est-à-dire qu’il laisse des traces,

imprègne son lecteur qui poursuit, bien après avoir refermé le livre, le chemin doux-

amer, tendre et émerveillé, bercé encore par la poésie d’un enfant que l’adulte a su

retrouver et transcender.

On n’espère qu’une chose : qu’il poursuive son œuvre, sans plus de retenue ou de

réserve, en toute confiance dans l’éveil d’un style, dans la beauté d’une plume, dans

la naissance d’un auteur. On veut encore fréquenter cette âme sensible, cet être en

devenir qui vient de déployer devant nous ses premières branches aux feuilles

tendres, fragiles encore, que le vent agite cruellement ou doucement. On a senti déjà

combien la sève donnera de force à cet arbre-là.

La suite, s’il vous plait, monsieur Coste ! Les notes sont belles, d’autres mélodies

encore, je vous prie !



21 juillet 2018,



Sandrine Le Mével Hussenet
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Mon village au cœur rouge

Le 11 septembre dernier, dans l’ancienne salle de classe, Gérard Coste dédicaçait son deuxième livre « Mon village au cœur rouge », ouvrage dans lequel il évoque, à travers des souvenirs personnels, son village d’adoption.

Pour le Petit Amançois, il a apporté quelques précisions.



Quel est donc ce cœur rouge, objet de votre titre ?

En 1965, alors que je franchissais le seuil de l’adolescence, « ce passage entre le monde donné de l'enfance et l'existence d'homme à fonder » comme l’écrivait Simone de Beauvoir en 1948, nous dûmes quitter Longpré, village paisible et discret de mon enfance.

En arrivant ici, j’ai découvert une commune au présent et au passé indissociables de son sous-sol. Son cœur rouge, c’est l’argile et le feu ! Tuiliers, potiers, bûcherons ont longtemps façonné ce pays de l’or rouge lui bâtissant ainsi une belle réputation.

Si ces activités ont sérieusement périclité, de battre son cœur rouge n’aura jamais cessé et quelques « résistants » s’efforcent aujourd’hui de le maintenir en vie.

Pourquoi un livre sur Amance ?

Quitter Longpré-le-Sec fut, de mémoire, assez douloureux. C’était un adieu à l’enfance et un grand pas vers l’inconnu.

Amance m’a ouvert grand ses bras et guidé patiemment dans la sphère des adultes. Amance m’a adopté et, progressivement, je me suis investi dans différentes associations : Pompiers, Syndicat d’initiatives et, bien évidemment, l’Entente Sportive d’Amance pendant plus de 15 ans.

« Mon village au cœur rouge » n’est pas un livre sur l’histoire d’Amance et pas un inventaire de son passé potier et briquetier mais un recueil d’historiettes personnelles, de scènes qui ont marqué mon adolescence et dont Amance a été le décor.

J’ai voulu à travers des souvenirs choisis, comme je le fis pour Longpré-le-Sec (Le bonheur est dans Longpré paru en 2018), mettre en exergue le village, ses habitants, ses « personnages » témoins, et parfois même acteurs de mon évolution. Le tuilier Piétremont, le MOF Adrien Selm et le potier Drouilly font partie de ceux-là.



Longpré-le-Sec et Amance, à jamais resteront les villages de mon cœur.

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