Je désirais me perdre, mais j’avoue que c’est quand même bien absurde de vouloir me perdre un peu seulement, quand ces lieux me propulsent vers des sensations qui me retournent les viscères. Plus de réflexion, plus de mémoire, un univers abstrait fait de souffle, de bruits et de fureur. Rien n’y est humainement normal, ni la vue qui trahit, ni l’ouïe qui s’affûte, ni le décor déroutant, ni cette musique. Quand je pense que je voulais abandonner l’itinéraire tracé pour me plonger dans le vide humain, à l’aventure!
Un sourire qui s’installe, sans bruit, simplement libre. C’est peut-être tout simplement ça, le bonheur. Libre sans folie, sans décrocher, simplement pour défouler mon esprit, m’éloigner du social, me perdre pour mieux me retrouver, me sortir de l’impasse, de l’insolente sécurité prétendument absolue de celui qui se croit à l’abri de tous les dangers et qui ose dormir tranquille.
Et là, en penchant la théière, je sais qu’au plus profond de son intimité, de Rabat au plateau des lacs, des gorges du Todra à Manger, du Royal Golf de Ouarzazate à la plus petite casbah lavée par le vent du Haut Atlas, dans un tout indissolublement lié, le plateau d’argent posé là, devant moi, aura partout la même saveur et le même goût de l’hospitalité. Une certaine ambiance.