Parfois le quotidien, la vie occidentale peut être pesante et le besoin de partir pour se retrouver, vital. C'est ce qui apparait ici pour le narrateur (Zézé) de
Ma conscience ensablée qui nous emmène avec lui dans sa traversée du Maroc au Mali mais aussi au creux de ses pensées. C'est un chemin qu'il a suivi déjà plusieurs fois, avant cet été des années 1980. Il nous dit son attachement aux gens, à la chaleur marocaine. Il partage aussi son expérience douloureuse de la guerre d'Algérie. Et puis, il y a le désert. Il s'impose, dans la solitude qu'il crée, la rudesse de ses tempêtes de sable, les rencontres potentiellement dangereuses, l'impossibilité d'échapper à soi également: à ses peurs, à sa lâcheté, à sa conscience. Quand l'ambiance parait intenable, Zézé retrouve les touaregs. Ces dernières années les ont marqués, rendant leur nomadisme bien périlleux entre les nouvelles frontières imposées et les guerres qui explosent partout.
Mon premier contact avec
Ma conscience ensablée s'est fait avec l'objet livre. L'épaisseur du papier, sa douceur, les photos et les esquisses qui viennent accompagner le texte rendent cette découverte encore plus intime et agréable. C'est pour moi un véritable coup de coeur. J'ai vraiment été sensible au soin porté à la production de ce livre.
Il y a ensuite les mots de
Gérard Navas. Pour qui a déjà eu la chance de parcourir ces lieux et d'y rencontrer ses peuples, la justesse des descriptions est palpable et nous y propulse, à nouveau, à l'instant où nos yeux se posent sur les pages. J'ai beaucoup aimé certaines phrases, relues à plusieurs reprises. Parce qu'on ne lit pas
Ma conscience ensablée en zigzag, on le savoure, ligne après ligne.
Cette traversée du désert est un véritable voyage introspectif pour le narrateur, touchant d'humanité, de contradictions. A travers un discours avec sa conscience, il nous dévoile ses plus intimes pensées. Dès lors cette question dans ma tête: à quel point suis-je honnête avec moi-même? J'ai eu parfois du mal à savoir quand nous étions dans le réel et quand nous nous perdions, avec lui, dans des rêves. Peu importe en réalité. le témoignage d'une époque est bien là. Ce qui se joue chez le narrateur pourrait tout aussi bien nous arriver. C'est alors, finalement, plus que son vécu d'étranger, la réalité d'un monde en pleine mutation, le destin des touaregs menacé ou la dureté de la vie des enfants-soldats qui nous percute. C'est une lecture dont vous ne ressortirez pas indemne.
Un grand merci aux éditions « Le laboratoire existentiel » pour leur confiance et à Babelio pour cette très belle sélection.