De Hokusaï "Le vieux fou de dessin"
Dès l’âge de six ans je pris l’habitude de recopier des images ; arrivé à la moitié de cent, j’avais déjà réalisé de nombreux dessins, mais rien de ce que j’ai publié avant soixante-dix ne vaut vraiment d’être pris en considération. À soixante-treize ans j’ai enfin à peu près compris la quintessence des oiseaux, bêtes sauvages, insectes, poissons, et la substance des herbes et des arbres. À quatre-vingts ans je continuerai donc à progresser et à quatre-vingt-dix je pénètrerai au plus profond des choses ; à cent ans j’atteindrai l’indicible et à cent dix ans chaque point, chaque ligne, sera la vie même.
"Style" est un mot qui,tel un objet précieux, donc fragile et prompt à se briser, demande à être manipulé avec prudence et utilisé avec parcimonie. D'ailleurs sa signification s'est brouillée depuis quelque temps, en raison d'une tendance à le limiter au superficiel et à l'éphémère au détriment d'un sens plus profond. (...) La confusion est telle qu'est apparu le le vilain mot de "styliste" pour désigner un créateur de style, alors que le style est le résultat d'un processus complexe de transformations individuelles et sociales, d'une évolution qui engendre des images aptes à représenter des valeurs profondes et durables, loin de l'éphémère d'une mode contrainte à un renouvellement permanent.
Au milieu du 19ème siècle, moins de dix ans après sa mort, il était déjà une véritable légende en Occident, notamment en France, ou il avait inspiré des mouvements artistiques confirmés ou naissants. Hokusai a joué en effet un rôle fondamental dans l'évolution du japonisme, qui a pu se développer grâce à des artistes français qui se sont immergés dans l'art et la culture du Japon, son esthétique et sa philosophie.
Hokusai a influencé des artistes comme Manet, Degas, Van Gogh, Gauguin, Toulouse-Lautrec et Seurat.
La dernière éruption du vieux dieu remontait à 1706. Pour Hokusaï enfant, ce n'était donc pas tout à fait encore un monde de légende, mais une présence active, inquiétante. Ce monde sauvage, cette échelle du ciel était un repère familier, une étape visuelle et sensible. Dans le monde toujours médiéval de Edo, nulle sensibilité n'accédait encore à l'impérieuse nostalgie des grands espaces.Il eût été bien improbable alors que Hokusaï donnât du Fuji une vision romantique. Il fit davantage et moins. Il le manifesta. Il fit courir, rire, travailler, méditer les hommes à son pied. N'était-il pas, lui, immuable et constant dans le monde de la vie flottante ?