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Citations de Gil Jouanard (77)


La poésie est le mouvement respiratoire de la pensée.
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Le noyau porte en germe des vergers à l'infini.

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ce n'est pas le monde qu'il faut changer
mais la nature de nos rapports avec lui
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à conquérir la lune
ils ne feront qu’allonger
la portée du rêve
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Hautes chaumes, I - extraits
     
Cascade
posément articulée
par le versant ensoleillé.
     
Sa litanie se perd
dans le tutti continu des prairies
- et la vallée en porte-voix
s’ouvre en plein oxygène
pour faire éclater
les voix simultanées
de la polyphonie.
     
J’écoute, donc
je suis
pas
à
pas.
     
     
Le cri bref du corbeau,
le craquement sur le chemin
d’une branche morte de hêtre ;
     
peut-être, en écoutant un peu plus loin,
dans les hauts bois une cascade grégorienne :
     
et puis, mais en tendant vraiment l’oreille,
l’appel, ou la plainte,
qui monte au fond de nous,
comme un torrent de lave.
     
     
L’odeur d’humus,
celle de champignon,
toujours jeunes réminiscences
des couches enfouies
de la géologie verbale.
     
Cinq notes sous la pluie
dessinent la présence de l’oiseau.
     
     
Racines,
n’apparaissent que de mort d’arbre ;
ombilic
entre les fruits, les fleurs
et le magma
qui donne à naître
sans dessein.
     
Dans le terreau inconscient du chant,
racines,
qui accouchez de trois milliards de feux,
trois milliards de regards,
trois milliards de milliards
de désirs.
     
De la surface de ce jour,
ô vous, subtiles conductrices de la nuit,
je vous entends,
racines.
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Premier janvier. Le soleil, qui efface la vitre, a réveillé
quelques lézards. Dans l'enclos, l'amandier chante une
joie prématurée. Les violettes, qui ne risquent aucun ave-
nir, parfument les coins d'ombre. Hier soir, la Combe de
Mège rêvait aux harmoniques très lointaines de son nom.
Le puits gracile, les bourgeons crispés, les chênes, les
murets : tout attend. De chaque odeur part un sentier.
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Le causse n'est rien d'autre que le négatif de l'Atlantide. A u lieu de proposer un monde englouti, il offre un monde exhaussé. Au lieu d'une Ys digérée par les flots, il présente au regard ignorant l'authentique fond d'une mer disparue. C'est "la mer allée au soleil", mais par évaporation (en fait on sait que l'ancienne locataire reste tenue au loin captive des banquises)


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Le monde rétrécit



extrait 1

Ma vie entière aura été celle d’un nomade casanier.
« Enfant déjà », je ne décollais pas du dessus de lit vert
pomme où me clouait la lecture de récits de « voyages
lointains. » Puis j’ai fini par voyager moi-même, poussé
hors de mon trou par les hasards bien prévisibles de la
vie. Mes rêvasseries tellement sédentaires m’ayant écarté
de tout souci du lendemain, je fus imparablement pris
au dépourvu quand la bise fut venue, c’est-à-dire très
tôt, au moment du décès de mon père, lequel fut de son
vivant si bon mais si peu attentif à l’égard du vagabond
qui perçait sous le paresseux. Ainsi, j’échouai sur le quai
d’une gare en beaucoup moins de temps qu’il ne faut
pour le dire. Et longtemps le quai des gares fut, pour
simplifier, ma demeure principale. Et moi, le casanier, je
n’eux d’autre recours que de voyager.
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Le chaudron de cuivre de Chardin (II)



extrait 4

Eclatée, la forêt ne laisse plus
qu’un chant
au creux tiède des mains,
un grenat au milieu de la pierre rétive,
ne laisse plus
que le trou vide,
éblouissant
du poème ;

ne laisse plus que,
défaillante,
une trace luisante
dans la voix ;

ne laisse plus qu’un mot
au bord des lèvres,
et qui n’a pas de forme
prononçable :

ne laisse plus qu’un goût
qui désormais sera
sur tous nos aliments.
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Gil Jouanard
Sonnailles …


Sonnailles. Ce qui monte la rude pente de l’hiver. Buée,
fossés raidis. La main au chaud garde l’énigme. Le clair
des yeux se perd dans le brun délavé. Quelque sentier
aussi, aperçu sur la gauche – ou bien cet homme, fruit de
ses instruments. Le monde entier comme étiré au cœur du
cristal de nos prédictions. Nous marchons à travers les
niveaux mélangés du langage. Tout se résout dans le givre
sonore du ciel. Sauf que parfois, d’un glissement de terrain,
surgit, fossilisée, l’énigme. À quoi – de guttural, de bistre,
d’excentré - ce mot, sonnaille, nous fait-il toucher ?


//Revue « Poésie 1, N° 41, Mai- Aôut 1975
//Editions Saint-Germain-des-Prés, 1975

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On a l’âge de son regard.
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C'est à croire qu'il ne s'est jamais rien passé ici, durant les temps historiques qui ont fait suite à l'interminable période légendaire, durant laquelle les géants et les magiciens se partageaient ce territoire transformé en champ de bataille permanent et en foire aux prodiges.
La pluie et le brouillard ont effacé jusqu'au souvenir de ces guerriers valeureux et de ces enchanteurs retors. Ils semblent en avoir fait de même des Saxons, des Vikings, des Normands, des Jacobites, des Orangistes et des sbires de l'infâme Cromwell.
C'est donc un pays sans histoire crédible, tout entier soumis à la loi intemporelle de la légende.
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Le chaudron de cuivre de Chardin (II)



extrait 8

Dans l’arbre où la Lune s’éveille,
les regards de l’enfant sont restés cachés.

Au fond du puits la vérité croupit verdâtre.

Et de mon verre monte le raga,
rouge soleil du sang qui emplit le matin.

Et de mon verre monte le soleil,
à travers les frissons de l’air.

De la couleur intime de ce coin du soir
s’élève doucement la musique des choses.

Pas de révolution sans tout d’abord
cet accord profond avec le cœur vibrant
de la réalité.
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Non, le contraire absolu, c'est Atlanta, la ville sans mémoire, sans passé, sans souvenirs, sans traces, sans âme, qui a décidé de n'être même plus l'ancienne résidence urbaine de Scarlet O'Hara. Si Venise croupit et se délite et s'effrite, c'est qu'elle a beaucoup de peau morte à offrir à la râpe du temps, et beaucoup de remords et de rêves perdus à proposer au rêveur d'eau saumâtre. Atlanta ne se pourrait enorgueillir que de Coca Cola, des images truquées ou pour le moins manipulées de CNN, de la hauteur périlleuse et abstraite de ses immeubles, du vide de ses avenues dont les noms sont des numéros et les chalands des automobilistes obèses.
Notre sensibilité est tout acquise à la saleté nauséabonde de Venise ; elle tourne le dos résolument à l'avenir qui se profile à Atlanta, et qui cependant finira par l'emporter, à la veille de la fin du monde.
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Il n'y a donc : pas plus de "culture populaire" que de "culture élitaire" : il y a des oeuvres qui exhaussent, élèvent, transcendent, embellissent, agrandissent, augmentent, d'autres qui diminuent, rabaissent, avilissent, condamnent à la stagnation.
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Et les humains dans tout ça? Les humains justement sont transpirés par chacun des pores du plateau. Ils sont depuis longtemps gens de surface; leur sang circule dans les veines de chaque rocher, dans la mémoire de chaque ruine. Ils règnent sur l'absolu par leur absence même, par leur impressionante présence en creux.
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La maison de demain
extrait 6
  
  
  
  
Et puis, n’oublions pas :
le plus fort du regard
se vit les yeux fermés,
dans l’immobile mouvement
où se consume notre ici.



Pourtant, voici le cuivre
d’un ustensile de cuisine,
le bois du lit, et, même mortes,
les anémones dans le vase ;
voici la justesse d’un pas
dans l’autre monde d’à-côté,
et puis les mots, qui nous entraînent
comme si tout allait de soi.

Et puis enfin, à côté de la langue,
échappant à la langue,
voici le poème,
qui parle d’autre chose,
qui vient frapper en plein cœur de la cible,
et nous fait vibrer jusqu’aux racines.

Jusqu’à ce que,
de la mémoire,
s’envolent
d’un coup d’aile,
d’un coup sec,
les oiseaux bariolés
qui inondent d’enfance
la forêt de nos yeux.
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La maison de demain
extrait 4
  
  
  
  
L’escalier aussi, la poignée d’étain,
et la fonte, le grès,
l’odeur alcaline des coins d’obscurité ;
de quoi tomber tout droit
sur ce chant qui n’attend
que notre mélodie.

À pic, la chambre noire
où le rêve projette ses lueurs
sur un mur transparent ;
et puis aussi la pluie sur les carreaux,
qui n’a rien oublié
des fleuves et des lacs,
même des simples mares
où nous irons, enfants,
pousser des cris de joie
parmi les animaux, les saules,
parmi les vieux instruments musiciens.
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La poésie n'est pas dans la vie, elle est dans l'homme. Ou plus exactement , elle est le rapport de la filiation de l'homme à la vie. Elle est ce qui donne au langage, signe de distinction de l'humain, sa vraie raison d'être, qui ne saurait s'arrêter au très pauvre soucis de communiquer.
C'est aussi pourquoi la poésie la plus fidèle à sa fonction secrète et sacrée n'est peut-être pas celle qui déclame, ni celle qui psalmodie, ni celle qui invoque, ni celle qui proclame. Elle est celle qui traduit l'évidence, totalement inexplicable et incompréhensible, en termes qui font "reconnaître l'inexplicable et incompréhensible évidence".
Elle était déjà cela sur la steppe où elle est née. La ville et le dogme l'ont détournée en l'asservissant au religieux, au social, au psychologique, ces altérations et ces dégradations e la pure merveille incontrôlée qu'était d'abord l'humain.
La meilleur des poésies est celle qui, plus que d'autres, attire l'attention sur la qualité du silence.
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- Juliette, c'est trop distingué pour quelqu'un de votre condition... On vous appellera Marie, prénom qui convient parfaitement à une bonne. D'ailleurs, j'ai vu sur votre extrait d'acte de naissance que c'était votre vrai prénom, puisque le premier. Pourquoi vous appelle-t-on Juliette ? Cela ne vous va pas du tout ; c'est beaucoup trop chic ; c'est bon pour une héroïne de roman ou pour une femme de qualité.
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