Citations de Gilles Baudry (100)
Ne le crains pas
le vide
ne le supprime pas
me dit la voix
- et s’il ouvrait les apparences ?
Distraitement
par habitude
les yeux cherchent en vain
la voûte
les arcades
mais c’est en nous peut-être
qu’on pourrait lire
à ciel ouvert.
Regard à jeun, (...)
Avoir un ciel à raconter.
Aller pieds nus
Dans le plus jeune
De ses jours
Et s'enivrer
de gratitude.
A cette terre qui aimanta tes pas
il te faut dire adieu
maintenant
car tout le ciel
t'attend.
Bénie
soit la lumière qui nous met
l'au-delà à deux pas.
Etre l'enfant
de son écoute.
Qui tend l'oreille entre en extase
et son visage prend
la forme d'une conque.
ULTIMA VERBA
"Ecrire
A la virgule d'un brin d'herbe près
Chercher
A mots épars
Dans la nuit de tous les possibles
Le braille des signes et intersignes
Relever partout dans sa création
Les empreintes digitales de Dieu
Respirer le poème
Dans une langue heureusement
Intraduisible
Et l'écouter frémir
Comme l'horloge prend son pouls
Sortir de soi
Par la porte des humbles
Partir dans un geste d'adieu
Irrémissible et prendre soin
De laisser au silence
Le dernier mot"
sans titre
Qui d'autre mieux que l'arbre
pourrait ancrer
vos rêves,
vous mettre de plain-pied
avec le ciel ?
sans titre
Cette façon qu'avaient les arbres de se pencher sur nous et de nous entourer de toute l'affection de leurs feuillages.
De nous parler à mots couverts et de s'étendre en confidences de toutes leurs ramures.
(sentier de Penforn)
De quelle aube suis-je l’enfant ?
De quelle voix sans âge
ai-je reçu cet appel d’air
vers le grand large ?
Quel invisible chant
ouvre en moi la clairière ?
Ce bruit d'étoffe sur la mer
et de velours
dans la voix du vent lorsque la marée
monte à l'étale,
cette séquence du plain- temps, ces chants
blessés des oiseaux migrateurs
qui sont la plus belle preuve du ciel,
cette insulaire dormition
d'un angélus qui vous étreint le coeur,
ces moments d'âme, de cristal:
tout ce qui fait le fond de l'air.
Ligne brisée de l'horizon
n'importe :
obstinément
le lierre s'entête vers le haut
le vent
épouse ses contraires.
La nuit
écrit en nous
le braille indélébile
de l'absence.
Etre là seulement
intensément
Au creux
de cet instant du monde
De l'arbre apprendre la patience des racines
aller jusqu'à la nuit
Toi qui as paré de ton visage
nos plus beaux paysages
Tu n'as voulu d'autre royaume
que le ciel intime de l'homme.
Neige
est le nom de l'absence
où la forêt se cache,
intemporelle,
derrière ses paupières.
Concert « Dixit Dominus » de Haendel
I
Si nul chant n’élude la nuit
si nul ne parle sans péril
d’où nous vient cet émoi
– ô mélodie –
à chaque secrète inflexion ?
D’où naît ce désir tendre et véhément
de serrer un violon
contre son cœur
quand il faut épauler sa douleur
jusqu’à l’accord final
qui nous emporte loin de nous ?
À LA LUEUR DES MOTS
Je parle à mon insu...
Je parle à mon insu comme on remue le feu
mais trouverai-je assez d’enfance
pour écouter les pas émiettés de mon cœur,
le feulement du vent dans le
rucher de mes poumons ? j’habite chaque mot
que je dis et reste muet
devant l’âtre où j’écorce une seule pensée.
De même relever l'empreinte d'une voix,
entendre bruire les rouages
de la voix lactée
dans cette fine horlogerie du coeur.
Cadou est une sorte de croyant en cette terre prenant au sérieux l’amour qu’il éprouve pour ce mystère qui l’étreint. Tout pour lui en porte le signe : la beauté et la fragilité du monde, la tendresse de la femme aimée, la musique du poème, la voix confiante des amis… Où chercher ailleurs les traces de cette Présence dont nul dogme, nul concept ne saurait envisager l’ardente proximité ?