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Citation de Alzie


[...] L'homme s' était improvisé écrivain à l'âge de soixante ans pour meubler ses loisirs de bibliothécaire dans un château de Bohême, les soirées et les nuits d'hiver étant plus longues que les mille et une nuits de Shéhérazade dans le château désert du comte de Wallenstein (sic) de Dux, malgré les vingt-cinq mille volumes de la bibliothèque, le viveur se sentant devenir vieux, dans la solitude, il revivait sa vie crépitante, noircissant des cahiers tout en ajoutant des bûches au feu de la cheminée, et je trouve prodigieux le sort de ses écrits qui sont devenus un des grands livres du monde alors que le vieillard n'était en rien gens de lettres ni ne maîtrisait sa langue et que la version que l'on connaît des Mémoires n'est ni le texte original ni même une traduction fidèle ou un arrangement moralisateur ou un choix des meilleurs morceaux ou une adaptation piquante, érotique, ce qui est un cas unique dans l'histoire de la littérature mondiale pour un écrit devenu un livre de chevet et prouve bien que malgré l'avis des psychologues, des moralisateurs, des historiens, des hommes de plume professionnels nul n'est besoin d'avoir du style, de la grammaire, de l'orthographe, de la science, des idées, de la religion, ni même une conviction quelconque pour écrire un livre immortel, et que le tempérament et l'amour de la vie y suffisent, ainsi que l'amusement d'écrire sans prétention et pour son seul plaisir des histoires vraies.
(Blaise Cendrars, 27 janvier 1949, in "Pro Domo", p. 509)

Chapitre IV - L'artiste vu par ses pairs
De mémoire d'écrivains, p. 86.
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