Comme toujours dans les circonstances graves et tendues,les choses les plus banales lui venaient à l'esprit,les questions les plus matérielles affleuraient et,sans pouvoir se contrôler,Violeta songeait à passer le balai,acheter du papier hygiénique ou à éteindre le feu.
"Tu n'as aucune amie, maman, tu es toujours seule,tu vas devenir folle..Pourquoi tu n'as pas d'amies,maman...Moi,je raconte tout à Sonia,qu'est-ce que je ferais sans elle,je garderais tout,ça m'empoisonnerait.
Je n'ai pas besoin de voir Jaime pour savoir ce qu'elle peut éprouver en ce moment,c'est difficile,très difficile,quand on va perdre quelque chose on s'accroche plus fort,rien d'autre ne compte que de conserver ce que l'on va perdre.Sauf si on l'abandonne par anticipation, volontairement....
"Cela ne se fait pas,on n'a pas trois enfants avec quelqu'un qu'on n'aime pas,passe pour un,mais trois..." grommelait la secrétaire en sentant que son malaise influait sur son humeur et son jugement.
Avant de traverser,Violeta leva les yeux vers sa fenêtre vide comme qui reconnaît son territoire ou une partie de son corps,"Cette fenêtre est mon oeil."
La solitude est une fleur qui s'ouvre de plus en plus profondément en nous,en asphyxiant tout autour d'elle.
Dans ce pays,si l'on est un homme,on ne peut pas éviter de boire.On boit pour tout.Pour conclure une affaire,pour signer des contrats,pour honorer quelqu'un,surtout les militaires qui supportent n'importe quoi sans problème...
Le revers de la médaille...Tout bonheur a son prix.