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3.5/5 (sur 4 notes)

Biographie :

Grégory Salle est chercheur en sciences sociales au CNRS. Il travaille au sein du Centre lillois d'études
et de recherches sociologiques et économiques (CLERSÉ).

Source : Amsterdam
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Pour rendre la TVA moins douloureuse, on peut ainsi moyennant un montage bien rodé, se louer son yacht à soi-même ou bien le faire passer pour un paquebot de croisière ou un navire commercial.

(page 73).
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Même les inégalités, qui pourraient être invoquées comme l'une des causes profondes du développement d'activités illégales aux dépens de l'environnement, sont en tant que telles quasiment absentes des rapports. Tout juste y est-il question de «pauvreté" ,ce qui est très différent: on y perd le caractère relationnel de la notion d'inégalité, a fortiori toute inscription dans les rapports sociaux façonnés par le développement capitaliste. Du reste, c'est le capitalisme lui-même qui, dans ces rapports, est à la fois absent et omniprésent. Absent au sens où le mot n’apparaît pas, mais omniprésent parce qu'il constitue implicitement indépassable cadre général.
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Au moment de résumer les causes du désastre écologique, Edwin Zaccaï ne désigne rien d'autre que le business as usual : "énergie bon marché, recherche d'augmentation de bénéfices économiques en négligeant les externalités (impacts dont le marché ne tient pas compte), culture d'une consommation excessive, le tout dans un contexte de profonde inégalité entre les nantis et les populations plus démunies de la planète". p233
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Ce n’est pas parce que les vaisseaux de luxe s’affranchissent de la présence commune qu’ils sont un en-dehors du monde. Ici comme ailleurs, la dignité du slogan tient en un renversement : plutôt que le monde des superyachts, les superyachts et leur monde. Dérisoire, la plaisance de luxe ? À bien y regarder, elle condense des traits essentiels de ce qui fait l’époque : l’envolée des inégalités économiques, l’accélération du désastre écologique, la persistance de l’iniquité juridique. Elle vient nourrir le constat du durcissement de la ségrégation spatiale comme les débats autour de la constitution d’une classe dominante transnationale. Nous voici même à l’intersection de ces logiques, dans le nœud de leur entrelacement.
Une poignée de super-riches s’égaye en mer, et alors ? Et alors : tout.
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Il faut en quelque sorte se forcer pour prendre les superyachts au sérieux, ne serait-ce qu’au titre du pouvoir de révélation que recèlent les faits extrêmes ou les phénomènes exceptionnels.
Une manière spontanée de le faire est de pousser un cran plus loin le jugement critique formulé en termes de démesure, jusqu’à rejoindre l’idée d’anormalité. On verra alors dans cette pratique une manifestation non seulement ostentatoire mais pathologique de consumérisme et, à travers lui, d’affirmation individuelle et sociale ; on inclinera à la trouver moralement choquante et socialement indécente ; en conséquence de quoi on envisagera éventuellement d’y mettre fin, selon le degré de gêne éprouvé à l’idée d’une telle interdiction. C’est mieux sans doute que le seul embarras devant l’excès de frivolité, mais ce n’est pas suffisant. C’est raisonner sur le mode de l’excroissance et ainsi dédouaner l’ensemble dont elle procède, comme si n’était en jeu qu’une affaire de proportion. Plutôt qu’avancer, peut-être faut-il carrément renverser la perspective et prendre à contre-pied les représentations convenues – un peu comme Dubaï, à plus large échelle, peut être figurée comme un stade du capitalisme plutôt qu’un isolat extravagant. Et si, au lieu de penser en termes de caprice, d’excentricité, de dérive, nous disions plutôt reflet, expression, indice ? Nous dirons alors pierre de touche et non anomalie, échantillon fiable et non aberration. Mesure plutôt que démesure – une manière de prendre la mesure du délire général qui a pour nom ordre social.
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Parlons franchement, nous sommes entre nous.
Quoi de plus anecdotique en apparence que la plaisance de luxe alias superyachting ? Et même : ne faut-il pas être un peu tordu, voire carrément irresponsable, pour s’intéresser à pareille futilité ? A moins de nourrir une passion pour la navigation dévoyée par un intérêt suspect pour la vie des nababs, difficile a priori de l’envisager autrement que comme un phénomène insignifiant, périphérique tout au plus, ne serait-ce qu’en termes numériques. Par définition, cette pratique ne concerne qu’une fraction infinitésimale de l’humanité, dont le mode de vie a presque littéralement rompu toute attache avec le monde social ordinaire. En première approche, la plaisance de luxe, hors du commun, ne concerne pour ainsi dire personne.
En 2010, le rédacteur en chef (toujours en poste dix ans plus tard) de l’influente revue scientifique The Lancet invitait ainsi à la décontraction sur la question, au moins par comparaison avec le seul sujet qui vaille à ses yeux, celui de la santé. À la différence des inégalités sanitaires, aucunement souhaitables, arguait-il, les inégalités économiques peuvent s’avérer bénéfiques, de sorte que les yachts ne seraient pas un grand mal et même, pourquoi pas, un petit bien. Circulez, il n’y a rien à voir. Plus encore, l’ignorance favorise le préjugé selon lequel une fois dépouillée de ses atours les plus luxueux, la grande plaisance concilierait goût esthétique et souci écologique – une activité noble en tous les sens du terme, en somme.
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Les estimations chiffrées incitent à penser que l'empreinte carbone issue de l'utilisation de biens dispendieux [marchandises de luxe, bolides, jets ou yachts] dans le seul périmètre états-unien est supérieure à celle de certains pays, alors même que l'empreinte carbone n'est qu'un critère partiel, induisant une sous-estimation de la pollution engendrée. p120
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J'achète un téléphone portable en France, et ce faisant j'ai exploité des mineurs au congo, détruit des forêts primaires de Papouasie, enrichi des oligarques russes, pollué des nappes phréatiques chinoises, puis, douze à dix-huit mois plus tard, j'irai déverser mes déchets électroniques au Ghana ou ailleurs, resume Philippe Bihouix. p19
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Chaque jour 90 millions d'américains sont exposés à une atmosphère dont la qualité viole les normes légales. Il y a ainsi 3,6 fois plus de chances d'être victime d'un crime environnemental en une journée, et pour une seule infraction, que de l'être par la délinquance de rue en général. p112
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90 entreprises, parmi lesquelles la quasi totalité du secteur de l'extraction des énergies fossiles, sont responsables de près des deux tiers des émissions de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone et méthane) relâchées dans l'atmosphère depuis le milieu du XIXè siècle. p212 et 213
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