La veille encore, Lioutostanski s'esclaffait comme un vampire rassasié. Son bonheur était complet, sans nuages, car l'heure approchait où se réaliserait enfin le rêve de toute sa vie : l'extermination des juifs.
Et il tirait un orgueil légitime d'avoir apporté son obole, et pas des moindres, à l'organisation de ce nouvel Armageddon. Seulement, Lioutostanski ignorait qu'il n'était pas du pouvoir des hommes de fixer les limites de l'existence et de décider de l'heure du trépas. Il ne pouvait pas savoir que le Saint Patron s'éteindrait le lendemain, et encore moins ce que cela aurait comme conséquence pour les juifs ou pour lui-même.