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3.33/5 (sur 3 notes)

Nationalité : Canada
Biographie :

Guillaume Lavallée est actuellement correspondant de l’Agence France-Presse à Islamabad au Pakistan. Il est notamment connu pour ses articles sur le Soudan, où il a dirigé le bureau de l’AFP à Khartoum. Ses articles sont repris dans tous les grands médias du monde.

Source : Mémoire d'encrier
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le coup d’État du socialiste Jaafar al-Nimeiri, soutenu par le parti communiste soudanais – dans le jeu politique soudanais, les communistes sont avant tout des laïcs – en mai 1969 changea la donne. Nimeiri tenta de jouer l’apaisement avec le Sud, prônant un arrêt de l’islamisation et de l’arabisation du Sud, sans toutefois céder aux appels sécessionnistes. Les Israéliens regardaient d’un très mauvais œil ce nouvel État socialiste et cherchaient à contenir le « bloc arabe » incarné par l’Égypte, pour qui le Soudan demeurait le prolongement de son bras sur le Nil, dans la foulée de la guerre des «six jours» de 1967. L’année suivant la prise de Khartoum par Nimeiri, Joseph Lagu, un des combattants de la première heure et un des plus respectés au sein des rebelles sudistes, fonda le Mouvement de libération du Sud-Soudan (SSLM). Son but : unir politiquement et militairement une rébellion lézardée. Dans le grand hippodrome de la guerre, les Israéliens cherchaient un cheval sur lequel miser. Et ils choisirent le bon, Lagu. « Nous avons commencé notre combat pour l’indépendance les mains nues », confiait à mon collègue Peter Martell peu avant le référendum, Joseph Lagu, qui avait quitté son poste dans l’armée en 1963 pour joindre la rébellion. « Nous n’avions seulement que trois fusils», se souvenait-il.

Des armes plein les poches, un chef charismatique, le SSLM réussit à fédérer les brebis égarées de la rébellion et fit des avancées importantes sur le terrain. Pendant ce temps, à Khartoum, les communistes avaient tenté en vain un putsch contre Nimeiri. Le patron du Soudan fraîchement installé au palais présidentiel, sur le bord du Nil, purgea les communistes. Leurs leaders furent assassinés. Du coup, Nimeiri perdit le soutien militaire de son grand allié de l’époque, l’URSS. Les combattants sudistes étaient à leur zénith depuis le début de la guerre; l’armée nordiste était, elle, au creux de la vague. La table était mise pour des pourparlers de paix. Khartoum mandata le sudiste Abel Alier pour établir un rapprochement avec Joseph Lagu. La première paix Nord-Sud fut signée en mars 1972 à Addis Abeba, en Éthiopie. L’accord prévoyait un compromis entre un Soudan fédéral et la sécession du Sud. Le Sud-Soudan allait devenir une région autonome avec sa propre assemblée législative élue et un conseil exécutif – l’équivalent d’un cabinet des ministres – nommé toutefois par le président soudanais. L’anglais était reconnu comme première langue du Sud-Soudan, mais l’arabe demeurait la langue officielle du Soudan uni. Un fonds était aussi prévu pour reconstruire le Sud-Soudan, région au sous-développement chronique, balafrée par cette longue guerre civile ayant fauché la vie de centaines de milliers de personnes mortes aux combats, de faim ou d’épuisement.

Entre 1955 et 2005, pendant que l’Occident se gavait la panse, profitait d’années glorieuses, s’interrogeait sur le sens de l’être dans un monde moderne désenchanté, mais ô combien jouissif, le bilad al- Assouad – pays des Noirs ou Soudan – traversait trente-huit années de guerre. Les seules années de paix furent quelque part nichées au cœur des années 1970, début 1980, où Khartoum était devenue une ville du vice, sorte de Sin City avec son jazz, ses femmes non voilées et l’alcool, un univers impensable en public sous la férule du pouvoir actuel. Quoiqu’en privé, tout devient possible dans les salons de la capitale et les grandes propriétés en campagne. C’est sur les cendres de cette première paix Nord-Sud que la mouvance islamiste s’est imposée comme la force politique incontournable des trente dernières années au Soudan. Si l’Islam politique a échoué dans plusieurs pays arabes, il a réussi une progression fulgurante au Soudan sans toutefois mener à une théocratie à l’iranienne.
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Les esclavagistes arabes ont longtemps fait des rezzous au Sud, terre jugée vierge, pour cueillir de jeunes nubiles revendus dans les royaumes du Nord et en Égypte. Maître de l’Égypte moderne, l’Albanais Mohamed Ali Pacha, lui-même vassal des Ottomans, s’empara du Soudan en 1820, mais son pouvoir se limitait à la vallée du Nil jusqu’au sudd – un réseau de marécages compliquant la progression des aventuriers vers l’Équateur, au Sud-Soudan. Salim Qapudan – son nom signifiant « capitaine » – se rendit en 1839 jusqu’à Bor, puis dans les années qui suivirent jusqu’à Gondokoro, aujourd’hui Juba, la première ville sudiste. Les Turco-Égyptiens et leurs alliés installèrent des camps militaires sur les rives du Nil Blanc, donnant lieu à une intense activité commerciale fondée sur la traite des Noirs et la quête de l’or blanc : l’ivoire. Ces Soudanais déracinés puis transplantés se retrouvaient dans les cuisines des Égyptiens, gardiens de maisons, femmes de ménage, prostituées sans salaire dans des bordels nommés harems. Les Sudistes appuyèrent timidement Mohamed Ahmed, le célèbre Mahdi, qui bouta les Anglais en 1885 hors du Soudan. Les Anglais avaient pris l’Égypte, et donc le Soudan, trois ans plus tôt et regardaient d’un très mauvais œil la progression des forces islamo-nationalistes du Mahdi vainqueur des hommes du général Gordon. Les Ansar, ou partisans en arabe, du père du nationalisme soudanais réussirent à maintenir pendant quatorze ans un État indépendant, mais sans assise au Sud hormis quelques camps militaires sur les rives du Nil.
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