Günter Eich

Latrine

Au-dessus de la fosse putride,
des papiers pleins de sang et d'urine,
dans un essaim de mouches
étincelantes, je suis accroupi,

Les yeux perdus sur la rive boisée,
sur les jardins, un bateau échoué.
Dans la boue des pourrissures,
la crotte pétrifiée fait floc.

Follement à mes oreilles résonnent
des vers de Hölderlin.
Des nuages de neige pure
se mirent dans l'urine.

"Mais pars maintenant et salue
la belle Garonne."
Sous mes pieds qui chancellent
les nuages s'enfuient.

Quand on pense à une exception, une autre vous vient en tête. Les hippocampes sont un mythe, Pierrot Trompe-de-Poste est un mythe. Pierrot Trompe-de-Poste a dû être comme des boules de vif-argent. On connaît encore le vif-argent, le souvenir de Pierrot Trompe-de-Poste a disparu. Il n'a pas existé, mais quels temps furent donc ceux où il n'exista pas. Un confrère, il vivait entre les lignes.

Dans mes souvenirs, toutes les portes sont ouvertes. Mes explications y voguent sans obstacles, ce qu'elles feraient tout autant par les trous de serrures. Elles sont la plupart du temps non rimées et en vers libres, ce que certains n'apprécient pas. Les rimes se retiennent mieux, mais dans mes chambres, c'est ainsi que ça se passe. Ma femme le comprend.

Qui doit changer, le monde doit. Nous changeons avec, ça passe ou ça casse, pas d'excuses. Programmé à la prussienne, le chant vous traverse le gosier comme un travail et tout loisir est maigre. Prime de talent pour qui déprime. L'ici-bas se racornit sur des sandales de bois et l'au-delà n'existe pas. Ta dip. Ca vaut le coup d'attendre.