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Citations de Gustave Coquiot (57)


La « petite communiante » fut peinte à ce moment-là. C’est une petite église blanche, toute blanche, au bord d’une route toute blanche, sous un ciel tout blanc, -à peine de bleu. Ce chef-d’œuvre est unique, même dans l’œuvre de Maurice Utrillo. Il vaut –par l’émotion qu’il dégage, - par la science qu’il offre, en toute candeur, - par son humilité, par sa chasteté, par la force résolue de sa pauvre petite prière, - tous les tableaux du monde. Rien, dans l’œuvre de Corot, - rien chez les Primitifs, - rien ne dépasse cela ; je veux dire : rien ne l’égale ! … Vous souriez, Monsieur le premier peintre venu ? - Souriez !... Vous souriez, Madame ? Souriez !... Voici l’Archange au milieu du bestiaire !...

Hélas ! Il n’y a nul moyen d’empêcher cela ! Les chiens et les chiennes recherchent les grands murs pour pisser à leurs pieds….
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Enfin, c’en était fini des rues tristes, des maisons jaunes à toits plats, des mornes colonnes du Palais de Justice, de la solennelle porte de la Faculté de Droit, et de tout enfin ! À Paris, c’était Zola qui l’attendait, lui, Cézanne ; c’était la peinture, c’était le Musée du Louvre ; c’était son bonheur enfin épanoui, largement, complètement
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Prenons Lautrec tel qu’il est ; et considérons-le ainsi qu’un peintre doué d’une observation aiguë et penché sur un coin d’humanité, sur un milieu parisien qui fut pour lui certainement tout le bout du monde et rappelons-nous par delà le temps que toute sa noblesse, toute son intelligence et tous ses dons, rappelons-nous que tout cela fut dépensé sans compter pour Montmartre et ses filles, pour le Théâtre et le Café-Concert… Mort à 37 ans, Lautrec laisse de tout cela une œuvre magnifique. Un peintre de mœurs, bien ! mais s’il est moins haut que les plus hauts peintres, il n’y en a pas un plus imprévu et plus original !
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Paysagiste — à la campagne — Luce est moins à son aise; il peint lourd et opaque; ses figures, ses portraits sont, également, trop appuyés, trop vulgaires, parfois. Au début de sa vie de peintre — nettement néoimpressionniste — le procédé de la touche divisée — appliquée sévèrement à l’atelier — accentua encore cette vulgarité certaine ; alors que tant d'esquisses peintes « sur le motif » apparaissent presque légères, aérées et délicatement spontanées.
Au fond, c’est le violet — cette couleur si aisément affreuse! — qui contamine beaucoup de toiles de Luce. Il en est de même, du reste, chez presque tous ses amis, les néo-impressionnistes endurcis. Seul, Paul Signac sait apprivoiser cette redoutable couleur, qui, à côté des autres couleurs, fait si aisément penser — lorsqu’elle est mal dosée — à un travail de « chaussons de lisière. » Dans les paysages d’arbres et de prés, dans les figures, elle s’affiche trop, le plus souvent ; tandis que dans les paysages d’usines — fumées et flammes — elle ne choque pas, cette couleur que les autres couleurs viennent lécher et brûler sans relâche.
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Comme le père Cézanne est riche, l’enfant est placé naturellement au collège de la ville, le collège Bourbon, devenu aujourd'hui le lycée Mignet
Ainsi qu’en toutes les villes, mêmes laides et sempiternelles bâtisses, grandes cours vides, nues. Avant tout, il faut attrister les enfants. Cela se produisit non moins naturellement pour Paul Cézanne, qui rencontra là ses premiers amis : Fortuné Marion, qui deviendra professeur à la Faculté des sciences de Marseille, archéologue et géologue et dont Cézanne fera le portrait en 1865 ; Collot, qui fut professeur à la Faculté des Sciences de Dijon ; Numa Coste, publiciste ; Baille, qui deviendra un « Bourgeois» ; et enfin avec quelques autres, Emile Zola dont la mère est grecque, et dont le père, un génois, est chargé de construire près d’Aix le barrage qui portera son nom.
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Voici donc, à la Haye, Vincent, à l'âge de seize ans, obligé de « gagner sa vie » !
Gagner sa vie! Horrible nécessité, horrible expression ! Quelle vie, la vie bête et odieuse, avec les malfaiteurs des Arts, des Lettres et des Sciences — et les macrobes des Instituts et les cyniques de la Politique, qui la réclamerait cette vie-là?
Vincent Van Gogh, le premier, s'il eût pu connaître d'avance son effroyable vie, eût-il demandé à vivre?
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Les Japonais ! Théodore Duret et Cernuschi, de retour d'un féerique voyage au Japon, les avaient mis à la mode; et on commençait de collectionner les si neuves estampes du Nippon, arrivées par les bateaux de commerce. Portier, le marchand de tableaux, en avait acquis un lot; et Lautrec lui acheta certaines de ces estampes. Il se passionna, comme Van Gogh, pour ces planches qu'avaient griffé Harounobu, Kiyonaga, Toyokouni, Outamaro, Hiroschigé et Hokousaï.
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- Saviez-vous que saint Rustique et saint Eleuthère furent suppliciés au mont de Mercure, devenu Mont des Martyrs ou Montmartre ? La vigne cultivée ici produisait un vin aux qualités diurétiques. On répétait partout :
C’est du vin de Montmartre,
Qui en boit pinte en pisse quatre.
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Dans l'abondante moisson de gloire qui fut engrangée pour Rodin, et où un louable froment se mêle si souvent à l'ivraie, je vais choisir quelques gerbes, reliées entre elles par le même lyrisme un peu désordonné, qui fit s'élever, en riposte, tant de haines furieuses et tant de sottes injures. Mais, aussi bien, cette petite moisson-là, faite sur l'autre, sera précieuse : elle contiendra, à peu de chose près, tout le meilleur de ce qui fut récolté pour Rodin ; et il est utile de montrer ce meilleur-là par parties : on ne montre jamais assez les choses essentielles.
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Une seule chose compte en sculpture, exprimer la vie et on ne l'exprime que par le modelé. Une belle statue vit comme un être vivant. Elle est différente selon l'angle où on la voit, selon le jour et selon l'heure. Les expressions changent et glissent sur son visage et sur ses membres selon le jeu des lumières et des ombres. Et c'est la seule observation des volumes qui donne à ce jeu un aspect naturel et régulier. Les valeurs de volume précises donnent des ombres blondes. Les duretés ne naissent que de faux rapports. Tout consiste donc en un modelé puissant devant la nature et à situer exactement les masses.
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le Salon des Indépendants a donc toutes les raisons d’exister; et nous avancerons même qu’il est le seul, le seul, qui vaille! Nous préférons, en effet, mille fois, des efforts ratés ou que l’on juge ratés à des sempiternelles redites, à des banalités épuisées par tous les regrattiers de l'huile. Tenez, qu’est venu dire le Salon d’Automne, après les Salons officiels? A part quelques rétrospectives illustres : Cézanne, Renoir, Van Gogh, rétrospectives qui eussent pu être organisées aisément ailleurs —, il est devenu, ce Salon, un ramassis de vieux jeunes, un fonds de composts, un solde de « pannes » demi-officielles, de la liquidation de stocks invendables! Fier comme un pou sur un crâne d’évêque, il emprunte des tapis; il se fait courtier de publicité; il donne des concerts, des galas de littérature; et, de tout cela, que sort-il?
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La douce France vécut alors d'enviables heures. Ces nouveaux hôtes, déclarés peintres ou sculpteurs, en réalité espions, travaillèrent avec un soin extrême pour le roi de Prusse. Ils s'efforcèrent bien de donner le change ; ils exposèrent certes leurs basses oeuvres; et ils offrirent des « thés artistiques » à des Parlementaires et à des Français de cercles ; mais, le plus clair de leur temps, ils le passaient dans leurs ambassades respectives ; et, au sortir de ces profitables entretiens, ils pétaradaient, les bons sires ; ils multipliaient les questions et les enquêtes ; ils devenaient féroces dès qu'ils avaient avalé le mot d'ordre de leur empereur !
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Le goût extrême du pittoresque, de l'en dehors des mœurs, devait tout droit conduire aussi Lautrec dans ces bars, dits anglo-américains, où il pouvait s'amuser du décor des verreries, des petites serviettes de couleur, des garçons en veste blanche, des roast-beefs saignants, des branches de céleri dans des verres d'eau, des petits tonnelets cirés, du haut comptoir à barre de cuivre, et surtout s'intéresser si vivement à la fabrication des cocktails et à la dégustation des short drinks et des gin-wiskies!
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Puis, venaient les pleins étés, et Lautrec alors se mettait vite en route pour aller ramer et nager dans le bassin d'Arcachon.
Il adorait être nu, et il aimait les matelots qu'il rencontrait là-bas. Installé dans sa villa Denise, il prenait une vareuse, une casquette sans galon de commodore, et les pieds nus, son petit pantalon retroussé, il arpentait la plage. Il nageait bien, du reste ; et se baigner, c'était, avec les beaux jours, un des seuls moments possibles de quitter Paris, pour aller là-bas « tremper et radouber sa carcasse! »
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Et quel bon métier de peintre, dans ces aquarelles solides comme des peintures!
Puis j'ai vu des panoramas de villes, des chaos de toits et de clochers, des silhouettes dentelées de monts. L'Orient. l'Italie, l'Espagne. Enfin, la Mer ! la mer méditerranéenne avec ses eaux profondes, avec ses villages émerveillés, avec ses rochers rouges.
Puis j'ai vu des paysages de Bonnières ; la Seine — et aussi des jardins fleuris: de la neige rose et blanche encore sur les arbres. Puis des nus de femmes: puis de la sculpture.
Mme Georgette Agutte n'est pas cependant ce que l'on pourrait appeler un esprit touche-à-tout ; mais elle est enragée de travail; et il est manifeste que pour elle une oeuvre qui succède à une autre, est comme une sorte de délassement à la première.
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Lautrec dessina aussi maintes couvertures de livres. Voici les plus connus de ces livres : L’étoile rouge, par Paul Leclercq ; L’exemple de Ninon de Lenclos, amoureuse, par Jean de Tinan ; Les courtes joies, poésies de Julien Sermet ; La Tribu d’Isidore, roman de mœurs juives, par Victor Joze, ; Le fardeau de la Liberté, par Tristan Bernard ; Le chariot de terre-cuite, par Victor Barrucand ; Les jouets de Paris, par Paul Leclerq ; Babylone d’Allemagne, roman de mœurs berlinoises, par Victor Joze, etc., etc.

Le texte importe peu, quand on a le plaisir d’avoir un si personnel dessin sur la couverture ; et l’on trouve, du reste, toutes les bonnes raisons de ne pas lire le livre, pour ne pas salir, pour ne pas défraîchir le beau dessin qui le garde.
Editeurs, croyez-nous, ayez toujours de beaux dessins sur les couvertures de vos livres !
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De Bonnat, Lautrec passa aux mains de Cormon. D'un médiocre à un pire. L'homme de l'âge de plâtre, le néfaste macrobe qui commit sur des toiles à voiles les plus odieux des poncifs, avait ouvert un atelier à Montmartre, rue Constance. Lautrec alla dans cet atelier. A cet âge, on a la candeur des plus touchantes sottises. Et, Germon s'installant ensuite au n"104 du boulevard de Glichy, Lautrec le suivit. Aussi bien, ce sont les camarades qui vous attirent; et Lautrec, dans le premier atelier Gormon, s'était déjà lié avec les peintres Vincent Van Gogh, Gauzi, Glaudon, Grenier et Anquetin; et ceux- là, tout en restant chez le pion d'Institut, n'admiraient que Delacroix, Degas, Manet, Renoir et les Japonais.
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M. Lhote dessine, peint — et il écrit. Il fait tout cela avec le même entrain et avec le même bonheur. Bien entendu, on lui reproche d’écrire. On désigne ses confrères qui, bêtas, ne comprennent pas qu’écrire cela prend du temps; et moins M. Lhote peindra, mieux..., etc.
Oui, M. Lhote — et il a bien raison! — écrit de longs articles sur l’art. Il est un de ces peintres qui ont peur de ne pas assez dominer par la seule puissance de l’art de peindre; et surtout, pour lui, pas de bonne peinture, y compris la sienne, si elle ne s’étaye sur de prolixes et savantes dissertations.
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Ce milieu, le Café-Concert, avec son amas de bizarres trognes, de bohèmes, d'excentriques de tous ordres, de déchets d'humanité, gueulant ou susurrant des chansons bêtes; ces hommes et ces femmes, ces orchestres de ravageurs, ces beuglants et ces niais Eldorados; — tout ce milieu devait aussi enchanter Lautrec; et, en effet, il l'enchanta.
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M. Cézanne, en peignant, plaquait ! » m’avait dit un paysan d’Auvers. Et, en effet, la touche en carrés se différenciait singulièrement du métier épinglé, en hachures, en virgules de Pissaro, de Sisley et de Monet. Pissaro, aussi, était bien parti de Courbet, comme les autres, comme Renoir, comme Sisley; mais, inquiet dès le premier jour, instable comme il le restera sa vie durant, il affectionnait maintenant ces mille petites touches, ce travail de tapisserie au petit point, pour aider à la vibration, au poudroiement de la lumière, à l’exaltation du pigment coloré.
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