Dans la verdure d'un cyprès
le soleil verse
ses rayons
Un colibri rame sur une feuille de géranium
minuscule comme
pour se poser
sur la paume
d'un
enfant
Un colibri
enflamme les ombres bleues en secret
ne siffle qu'une fois
et sombre
à la renverse
devant moi
En chaque oiseau chante un oiseau
Le premier n'a pas de nom
Dans une gouttière remplie d'eau de pluie
des moineaux blessent
la broderie
de la lumière
Arrachée d'un coup
au giron
du matin
une lune se vide
de son rêve
Des visages se fondent dans une paire d'ailes
La voix elle aussi s'amoncelle déjà
comme une plume
contre le vent
Un oiseau ne volera jamais deux fois dans le même ciel
Jamais une même lumière ne l'atteindra
Moi aussi je veux - peindre, tresser des morceaux de vert, asperger de rouge, bouger à l'intérieur des ailes laiteuses, agiter et fermer une plume, et une autre encore par à-coups. Je ne peux pas. J'ai six ans. Je dois encore m'opposer - le contraire de la toile blanche qui se donne, ne pèse pas, qui attend.
*
Cela a demandé une vie entière.
Si quelq'un entrait par hasard dans la pièce, il penserait qu'elle est vide. Deux surfaces blanches et la main qui dessine. C'est l'écriture intérieure. De là je suis née.
Un oiseau ne volera jamais deux fois dans le même ciel
Jamais une même lumière n l'atteindra
Solitaire
une heure transparante
creuse
la barque
du temps
Quelqu'un écoute
Arrachée d'un coup
au giron
du matin
une lune se vide
de son rêve