……..ce n’est que quand quelqu’un attend
Sa mort grandeur nature
Sur une photo
Qu’il est reconnu
Tous se tiennent sur la rive,
Regardant leur propre
Petit oiseau ; rieurs, tous.
Personne ne se reconnaît sur cette photo.
Qu’appelle-t-on soudain dans un miroir ?
Les miroirs ne reconnaissent jamais personne.
Qu’appelle-t-on soudain sur une photo ?
Quand tout à l’heure, je verrai
Une main tendue, je souhaite comme moi
Que ce soit ma propre main
Ou que ce soit une main
Qui veut m’appartenir.
….. Progressivement ; ainsi
Ils s’approchent : 8 rameurs,
De plus en plus à l’intérieur des terres
Grandissant dans leur mythologie :
A chaque coup de rame s’éloigna
De chez eux, ramant de toutes leurs forces ;
Grandissant jusqu’à ce que toute l’eau ait disparu,
Et qu’ils emplissent l’ensemble du paysage
A ras bord. Huit-
Ramant de plus en plus à l’intérieur
des terres ; paysage où il n’y a déjà
Plus d’eau ; paysage,
Embroussaillé déjà. Paysage,
Ramant de plus en plus
A l’intérieur des terres ; terre
Sans rameurs ; terre em-
pagayée déjà.
D’abord le message tue
Le récepteur, ensuite
Il tue l’émetteur.
Peu importe
En quelle langue
Je me lève, pousse
Les portes du balcon
Et respire.
Les mouettes qui tournent
Au-dessus de la rue sans neige
Je ne vais pas les attirer
En faisant mine de les nourrir.
J’allume une cigarette ;
Retourne à mon poste
Et respire.
Il n’y a rien à rêver.
Tout est possible.
Peu importe.
………………………………
J’existe, donc je mens.
Dès que j’existe, je commence
A pratiquer ce qui se cache
Parce que je commence à parler.
De temps en temps,
L’une ou l’autre rive,
Chabots de mer ou de rivière,
Je me penche, ramasse quelques pierres
Et les jette dans l’eau, une
Par une : rien que pour le bruit
Déjà-chair de ma chair
Mon moi le plus complice.
Horloge, vaisseau du désert
Extrait 2
Cela commence ainsi, et doit rester
si longtemps, trop longtemps commencé.
La répétition aigrie règne ;
triomphe dans un dur fleurissement
des plus sauvages. Dans la répétition
se montre l’infructueux,
se découvre l’immobilité.
Ainsi une aubépine
faite avec amour ;
une telle amante, la main
encore sur le pied de vigne,
dégelée à mort
…
//traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Kim Andringa, Éric Suchère & Erik Lindner,
Horloge, vaisseau du désert
Extrait 6
Mir nix : dir nix
Ne rien tirer d’une chose.
Ne pas pouvoir sentir quelqu’un.
As-tu réponse à la mer ?
A-t-elle réponse à la mer ?
Presqu’aussitôt les yeux que tu trouves beaux
sont en quartz fumé, le quartz
qui t’aime bien part en fumée.
N’avoir rien tiré d’une chose.
Ne jamais avoir à aller nulle part.
Ne rien pouvoir oublier.
Faire rien de rien.
Dir nix : mir nix.
…
//traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Kim Andringa, Éric Suchère & Erik Lindner,
Horloge, vaisseau du désert
Extrait 8
Le désert, aveugle
monotone mélodieux,
habitant une île
aux oreilles de renard
Avec le cé de cité
cette même cécité est presque
ce cyprès sous lequel je me tiens,
attendant que le schubertinage
s’arrête. Souvent un désert
est encore plus dur à passer à gué
qu’une mer. Aucune abeillle
ne choisit jamais une rose séchée.
Sous la mer non plus on ne trouve
de ces poutres.
…
//traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Kim Andringa, Éric Suchère & Erik Lindner,
Horloge, vaisseau du désert
Extrait 7
Bien plus tard peut-être,
quand mot et porte-manteaux
auront depuis longtemps fané,
et que la mouche à merde,
fleurira avec vigueur –
verdâtre avec un souvenir
de bleu, et que la réalité
lentement sera remontée :
un scaphandre avec encore
quelqu’un dedans ; si toi ou moi
voulons relire ceci : pour savoir
ce que ça dit, disait ou ce qu’il y aura.
…
//traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Kim Andringa, Éric Suchère & Erik Lindner,
Horloge, vaisseau du désert
Extrait 5
En plein milieu d’un jour clair.
Sur toutes les façades rougit la rouille.
L’evergreen fleurit ;
le cactus pousse aussi.
J’entends bruire la mer.
Le temps presse.
Le temps est court.
Si demain le vendredi 13
tombe un 29 février,
un pendu accroché par les poignets,
les chevilles ou le cou peut aussi
pouvoir inviter le bourreau à danser.
…
//traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Kim Andringa, Éric Suchère & Erik Lindner,
Horloge, vaisseau du désert
Extrait 4
D’abord il n’y eut rien.
Ensuite, il y eu plus que quelque chose.
Puis il se révéla en rester trop ;
enfin, il ne me restait
plus rien. Le début
de la fin ;
c’est pas tout ça.
Ce qui aurait pu exister
de ces choses, a existé,
ou aurait pu exister.
Ou s’est étouffé dans le silence ;
ou n’a jamais existé.
…
//traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Kim Andringa, Éric Suchère & Erik Lindner,
Horloge, vaisseau du désert
Extrait 3
Comme aucune guêpe
1 dirige à présent quelque chose comme
un dard vers 2, qui n’en est pas
une non plus, bien que les deux
soient encore des points sur la même ligne,
dans le même paysage,
où l’on n’aime jamais se rendre,
quand on n’a rien à y faire
et rien à en attendre.
…
//traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Kim Andringa, Éric Suchère & Erik Lindner,
Horloge, vaisseau du désert
Extrait 1
Le vaisseau du désert :
telle est la montre.
Je préfèrerais me défaire
de la montre, et faire
naufrage sur une page
qui me ramène dans la bonne voie,
que de renoncer au désert
parce que possédais une montre.
…
//traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Kim Andringa, Éric Suchère & Erik Lindner,