« La loi de l'homme est la loi du langage. le langage, avant de signifier quelque chose, signifie pour quelqu'un » (
Jacques Lacan)
Hans Faverey (1933–1990). Hermétique ? Étrange ?
Également musicien, sa poésie laisse apparaître nuances et différences linguistiques. Peut-être est-ce en raison de ses origines Surinamais, son installation au Pays-Bas, son mariage avec une poète yougoslave ?
Peut-être ses fonctions de psychologue clinicien et chercheur à l'Université de Leiden ou peut-être l'inverse ?
Conscient de l'effet particulier du langage sur l'imagination du lecteur, sa poésie n'est pas descriptive .Elle n'exprime pas des sentiments personnels mais, malgré tout elle est plus complexe que le seul rejet de la subjectivité.
Il n'y a plus « aucune entente » entre les mots et ce qu'ils désignent : « les mots // ne touchent vraiment rien. ».
Dans le poème – homme & dauphin--un homme tente d'apprendre le mot « balle » à un dauphin. le registre de l'homme est celui du dressage :
« Tu dois dire « balle ».
Dauphin, dis juste balle.
B-a-l-l-e : balle. Hé,
Dauphin, dis juste une fois « balle ».
L'absurdité de la situation met en évidence l'inadéquation entre sens et langage, auteur et lecteur : le dauphin parle son propre langage, il est vain d'essayer de lui faire parler notre langue. Nous pouvons tout au mieux jouer à la balle avec lui. Il nous rappelle aussi qu'en tant que lecteur, nous ne devons pas chercher à comprendre le poème, à le faire parler, mais seulement à échanger quelque chose avec lui. À lire lentement pour faire oublier le temps.
« Quand j'écris par exemple un homme marche sur une montagne et que je l'écris à la machine à écrire, je ne le vois pas. Je fais un poème, bien sûr, pas une peinture. ».
« Ce n'est pas comme : eh bien, j'ai un recueil de poèmes et c'est sympa, et cela donne une bonne impression de ce qu'était la vie à Amsterdam à l'époque, de ce qu'ils faisaient et de ce qui se passait à la radio ou à la
télévision. Vous ne trouverez pas du tout cette information dans mes textes. Ce que vous y découvrez, c'est probablement que la mort était si omniprésente. Beau mot, n'est-ce pas ? »
Dans une telle vision, les mots deviennent des « matériaux », avec lesquels « travailler ». le poète prend alors les caractéristiques d'un charpentier.
Avec des thèmes qui lui tient particulièrement à coeur : le mouvement, la mort, les paradoxes, la composition musicale, parfois l'humour.
La poésie comme accès au Réel ?
Traducteurs/ Re-créateurs :
Kim Andringa. Erik Lindner. Éric Suchère.