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EAN : 9782960199499
672 pages
Vies parallèles (01/11/2019)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Chaque poème d’Hans Faverey instaure un mystère. Mais un mystère dont, peu à peu, il donne des clés, et dont le dernier poème de chaque cycle peut être vu comme une sorte de résolution possible. Aux antipodes de l’hermétisme auquel elle fut d’abord cantonnée, la poésie de Hans Faverey s’affirmera comme une poésie généreuse, souvent drôle, au lecteur qui la lira lentement, en se ménageant des pauses, des silences, comme l’y invite sa disposition parcimonieuse sur la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« La loi de l'homme est la loi du langage. le langage, avant de signifier quelque chose, signifie pour quelqu'un » (Jacques Lacan)

Hans Faverey (1933–1990). Hermétique ? Étrange ?
Également musicien, sa poésie laisse apparaître nuances et différences linguistiques. Peut-être est-ce en raison de ses origines Surinamais, son installation au Pays-Bas, son mariage avec une poète yougoslave ?
Peut-être ses fonctions de psychologue clinicien et chercheur à l'Université de Leiden ou peut-être l'inverse ?

Conscient de l'effet particulier du langage sur l'imagination du lecteur, sa poésie n'est pas descriptive .Elle n'exprime pas des sentiments personnels mais, malgré tout elle est plus complexe que le seul rejet de la subjectivité.
Il n'y a plus « aucune entente » entre les mots et ce qu'ils désignent : « les mots // ne touchent vraiment rien. ».

Dans le poème – homme & dauphin--un homme tente d'apprendre le mot « balle » à un dauphin. le registre de l'homme est celui du dressage :
« Tu dois dire « balle ».
Dauphin, dis juste balle.
B-a-l-l-e : balle. Hé,
Dauphin, dis juste une fois « balle ».
L'absurdité de la situation met en évidence l'inadéquation entre sens et langage, auteur et lecteur : le dauphin parle son propre langage, il est vain d'essayer de lui faire parler notre langue. Nous pouvons tout au mieux jouer à la balle avec lui. Il nous rappelle aussi qu'en tant que lecteur, nous ne devons pas chercher à comprendre le poème, à le faire parler, mais seulement à échanger quelque chose avec lui. À lire lentement pour faire oublier le temps.
« Quand j'écris par exemple un homme marche sur une montagne et que je l'écris à la machine à écrire, je ne le vois pas. Je fais un poème, bien sûr, pas une peinture. ».
« Ce n'est pas comme : eh bien, j'ai un recueil de poèmes et c'est sympa, et cela donne une bonne impression de ce qu'était la vie à Amsterdam à l'époque, de ce qu'ils faisaient et de ce qui se passait à la radio ou à la télévision. Vous ne trouverez pas du tout cette information dans mes textes. Ce que vous y découvrez, c'est probablement que la mort était si omniprésente. Beau mot, n'est-ce pas ? »

Dans une telle vision, les mots deviennent des « matériaux », avec lesquels « travailler ». le poète prend alors les caractéristiques d'un charpentier.

Avec des thèmes qui lui tient particulièrement à coeur : le mouvement, la mort, les paradoxes, la composition musicale, parfois l'humour.
La poésie comme accès au Réel ?
Traducteurs/ Re-créateurs : Kim Andringa. Erik Lindner. Éric Suchère.

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
……..ce n’est que quand quelqu’un attend
Sa mort grandeur nature
Sur une photo
Qu’il est reconnu

Tous se tiennent sur la rive,
Regardant leur propre
Petit oiseau ; rieurs, tous.

Personne ne se reconnaît sur cette photo.
Qu’appelle-t-on soudain dans un miroir ?
Les miroirs ne reconnaissent jamais personne.
Qu’appelle-t-on soudain sur une photo ?

Quand tout à l’heure, je verrai
Une main tendue, je souhaite comme moi
Que ce soit ma propre main
Ou que ce soit une main
Qui veut m’appartenir.

….. Progressivement ; ainsi
Ils s’approchent : 8 rameurs,
De plus en plus à l’intérieur des terres

Grandissant dans leur mythologie :
A chaque coup de rame s’éloigna
De chez eux, ramant de toutes leurs forces ;
Grandissant jusqu’à ce que toute l’eau ait disparu,
Et qu’ils emplissent l’ensemble du paysage

A ras bord. Huit-
Ramant de plus en plus à l’intérieur
des terres ; paysage où il n’y a déjà
Plus d’eau ; paysage,
Embroussaillé déjà. Paysage,
Ramant de plus en plus

A l’intérieur des terres ; terre
Sans rameurs ; terre em-
pagayée déjà.
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D’abord le message tue
Le récepteur, ensuite
Il tue l’émetteur.
Peu importe
En quelle langue

Je me lève, pousse
Les portes du balcon
Et respire.

Les mouettes qui tournent
Au-dessus de la rue sans neige
Je ne vais pas les attirer
En faisant mine de les nourrir.

J’allume une cigarette ;
Retourne à mon poste
Et respire.
Il n’y a rien à rêver.
Tout est possible.
Peu importe.
………………………………

J’existe, donc je mens.
Dès que j’existe, je commence
A pratiquer ce qui se cache
Parce que je commence à parler.

De temps en temps,

L’une ou l’autre rive,
Chabots de mer ou de rivière,

Je me penche, ramasse quelques pierres
Et les jette dans l’eau, une
Par une : rien que pour le bruit
Déjà-chair de ma chair

Mon moi le plus complice.
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Horloge, vaisseau du désert


Extrait 2

Cela commence ainsi, et doit rester
si longtemps, trop longtemps commencé.
La répétition aigrie règne ;
triomphe dans un dur fleurissement
des plus sauvages. Dans la répétition

se montre l’infructueux,
se découvre l’immobilité.
Ainsi une aubépine

faite avec amour ;
une telle amante, la main
encore sur le pied de vigne,
dégelée à mort


//traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Kim Andringa, Éric Suchère & Erik Lindner,
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Horloge, vaisseau du désert


Extrait 6

Mir nix : dir nix

Ne rien tirer d’une chose.
Ne pas pouvoir sentir quelqu’un.
As-tu réponse à la mer ?
A-t-elle réponse à la mer ?

Presqu’aussitôt les yeux que tu trouves beaux
sont en quartz fumé, le quartz
qui t’aime bien part en fumée.

N’avoir rien tiré d’une chose.

Ne jamais avoir à aller nulle part.
Ne rien pouvoir oublier.
Faire rien de rien.

Dir nix : mir nix.


//traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Kim Andringa, Éric Suchère & Erik Lindner,
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Horloge, vaisseau du désert


Extrait 8

Le désert, aveugle
monotone mélodieux,
habitant une île
aux oreilles de renard

Avec le cé de cité
cette même cécité est presque
ce cyprès sous lequel je me tiens,

attendant que le schubertinage
s’arrête. Souvent un désert
est encore plus dur à passer à gué
qu’une mer. Aucune abeillle

ne choisit jamais une rose séchée.
Sous la mer non plus on ne trouve
de ces poutres.


//traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Kim Andringa, Éric Suchère & Erik Lindner,
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