Après un voyage en Italie en 1938, incluant les musées de Florence, Rome et Naples, Hitler avait conçu l’idée d’un nouveau Führermuseum dans la ville autrichienne de Linz ; la crème de la crème des violons anciens y serait exposée en même temps que les chefs-d’œuvre de toutes sortes pillés dans toute l’Europe. Le musée était essentiel dans la vision mégalomaniaque d’Hitler, qui voyait sa vieille ville natale comme le nouveau centre culturel de l’Allemagne. Linz devait aussi avoir une nouvelle université, un opéra et un conservatoire. Et, comme si tout cela ne suffisait pas, Linz aurait aussi un orchestre symphonique à la hauteur de ceux de Berlin et de Vienne, un orchestre de la radio nationale et un festival annuel de musique dédié à Bruckner, juste comme Bayreuth honorait Wagner.
… joué par un bon musicien, les vibrations des cordes qui le parcourent massent le bois et apprennent aux cellules à bouger ensemble. La manière dont vibre un violon est la clé de sa sonorité ; comme le violon n’oublie jamais ce qu’il a appris, il continue de porter dans le son qu’il produit l’empreinte de ses violonistes antérieurs et, peut-être aussi, une mémoire de leur musique. Florian Leonhard me dit que certains des instruments sont si imprégnés des héritages de musiciens extraordinaires qu’un violoniste qui essaie un instrument pour la première fois dit parfois que le violon semble vouloir un jeu particulier, comme s’il voulait retrouver les habitudes et les pratiques de son dernier propriétaire.
Dans quelques endroits – dont Venise au seizième siècle – les gens semblaient même considérer que la musique dominait toutes les autres formes d’éducation ; en effet, alors que moins d’un tiers de riches familles marchandes de la ville possédaient un livre, on disait que presque toutes avaient au moins deux instruments de musique chez elles.
Les instruments furent les armes en première ligne dans la bataille des Médicis pour être les meilleurs de toutes les cours d’Italie à distraire les dirigeants et diplomates étrangers, à éblouir leurs sujets et intimider leurs rivaux.
A la fin du dix-septième siècle , les gens riches et connus des villes musicales telles que Venise, Milan et Bologne avaient l’habitude d’assister aux offices religieux un peu comme ils allaient à l’opéra.
Dans l’histoire qu’il partageait avec ses ancêtres et ses cousins, le violon de Lev inspira les premières sonates et les premiers concertos, changea pour toujours l’expérience d’aller à l’église, nourrit de sa voix la diplomatie des cours italiennes, et révolutionna les spectacles musicaux en engendrant les orchestres.